Les pires des pollutions sont toujours celles qui ne se voient pas...
Mais les macro déchets dus au trafic maritime et aux activités de plaisance, restent malgré tout autant d'agressions sur le milieu aquatique, sa faune et sa flore.
Sans compter l'intoxication des nappes phréatiques dans lesquelles nous allons puiser nos réserves en eau potable.
Sur l'eau, et autour de l'eau, il est donc important que chacun soit conscient des conséquences de ses actes ou de sa négligence.
Car nous n'avons pas le choix de la qualité de l'eau, dépend la qualité de notre vie.
Les macro déchets
Pour le néophyte, la gêne de la pollution est surtout visuelle, tant en eaux intérieures que sur le littoral ; peu esthétique, elle porte préjudice à l'image des sites.
Ces déchets sont constitués de :
- plastiques (de 60 à 95 %) : emballages (sacs plastiques, bouteilles, emballages divers).
- verres (bouteilles, flacons),
- métaux (canettes de boissons...),
- papiers, tissus, caoutchouc,
- hydrocarbures (gazoil, essence, huiles),
- eaux noires...
Et sont issus :
- d'abandon de la part de plaisanciers ou touristes irresponsables,
- de rejets dans les ports (eaux usées, huiles...),
- de résidus de matériel de pêche (filets et lignes...)
- d'origine naturelle (algues invasives, bois...)
Rappel de la durée de "digestion" par l'élément aquatique de ces déchets :
- mouchoir en papier : 2 mois,
- mégot de cigarette : 6 mois,
- huile de vidange : de 5 à 10 ans,
- canette en aluminium : 100 ans,
- sac et bouteille plastique : de 100 à 500 ans.
Ils se concentrent ensuite au niveau des écluses, des barrages, des rives ou aux embouchures des estuaires des fleuves et des rivières, sur les littoraux et quelquefois au large, au gré des courants, avant d'être ramenés sur les plages à l'occasion de fortes houles ou de tempêtes.
Le reste des déchets, déplacés par les courants océaniques s'amassent dans des zones où ils constituent de véritables décharges sous-marines.
Ces zones d'accumulation (quelquefois jusqu'à 2000 m de fond), ont pu être observées à plusieurs reprises par des équipes de chercheurs à l'occasion de campagnes en eaux profondes (CYATOX, OBSERVHAL, CYLICE / IFREMER).
Quelques conséquences sur la faune et la flore
Les nuisances sur les écosystèmes sont terribles :
- les grands organismes marins sont victimes d'étouffement à cause de résidus de matériel de pêche (filets et lignes), ou d'ingestion d'emballages plastiques (qui peuvent être confondus avec des méduses notamment par les tortues marines), occasionnant la mort par occlusion intestinale.
- d'autres déchets organiques en se décomposant apportent une toxicité chimique aux micro-organismes tant végétaux qu'animaux, créant une empoisonnement concentré à chaque maillon de la chaîne trophique.
- sans compter les risques de blessures pour les baigneurs (tessons de verre, seringues, morceaux de ferraille...).
La prise de conscience de la filière nautique
La construction des ports et des bateaux, les rejets quotidiens des eaux usées et des déchets, les matériaux polluants employés, le démantêlement des navires en fin de vie... autant d'éléments pointant les responsabilités de la filière.
Les acteurs de cette industrie sont heureusement conscients aujourd'hui de cet impact et se mettent à construire des bateaux avec des matériaux plus "propres", font appel à de nouvelles alternatives (bateaux électriques, moteurs consommant et polluant moins, panneaux photovoltaïques, traitement des eaux usées in-bord ou cantonés dans des réservoirs avant traitement à terre dans des stations adaptées...).
L'évolution du comportement des plaisanciers
Mais qu'importent ces efforts en amont, si les plaisanciers ne les prolongent pas ensuite par un usage éco-responsable des bateaux.
Pourquoi ne pas mettre en pratique le tri sélectif des déchets à bord.pour les plaisanciers au même titre que pour la marine marchande (où c'est une obligation) ?
Quelques loueurs sont très en avance et ont mis en place des chartes environnementales auprès de leurs clients.
De même, l'association "Surfrider Foundation Europe" s'est donnée pour objectif de défendre une certaine qualité de la mer et des plages, par l'éducation, la recherche et l'action locale.
Forte de plus de 3 500 adhérents et 17 antennes locales, elle développe ses programmes dans plusieurs pays d'Europe.
C'est tous ensemble que nous pourrons préserver une qualité des eaux, compatible avec le développement durable de notre passion de naviguer.