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ENERGIES du PETROLE : réalités et dangers
Les limites de l'énergie issue du pétrole |
Les transports représentent 1/4 des émissions des gaz à effet de serre.
Une voiture consomme et produit en moyenne (exemple sur 30.000 km parcourus) :
- véhicule essence consommant 8 l/ 100 km dépense 2400 litres de carburant et produit 5,76 tonnes de CO².
- véhicule diesel consommant 6 l/ 100 km dépense 1800 litres de gasoil et produit 4,86 tonnes de CO².
Analyse de Pierre RADANNE
(responsable de la commission énergie des Verts, expert des questions énergétiques, ancien président de l'ADEME de 1998 à 2003)
Petit historique
Depuis le début de son exploitation, le pétrole a rencontré deux crises correspondant à deux guerres : 1973 et 1980.
A chaque fois, on a réagi en cherchant du pétrole ailleurs, en trouvant d'autres énergies et en faisant des économies. Aujourd'hui, la situation est la suivante : la demande mondiale a rattrapé l'offre : les prix augmentent il y a eu des erreurs industrielles :
- les entreprises pétrolières n'ont pas assez investi (production, transport et raffinage),
- l'exploitation est devenue politique et financière.
C'est ainsi que trop de pays dépendent économiquement du pétrole, soit en tant que pays producteurs, soit en tant que pays utilisateurs (40 % des recettes de la Russie proviennent du pétrole et du gaz).
Certains pays ont renationalisé leur production.
En 2020, il n'y aura plus que 5 producteurs de pétrole : Russie, Vénézuela, Arabie Saoudite, Irak et Canada.
Les actionnaires sont très gourmands et la production est en déclin : aux USA, elle est en baisse depuis 1970.
En Algérie, il reste seulement 17 années d'exploitation pétrolière.
Le maximum de découverte a été atteint en 1962.
Malgré cela il reste encore la moitié du pétrole en terre (on en aura jusqu'en 2050) mais on a pris le plus facile à exploiter :reste donc le plus difficile, donc le plus coûteux, à extraire.
Il y a nécessité de se désengager de la consommation d'énergies fossiles pour limiter la production de CO².
En France, depuis 1973, la croissance économique cumulée a atteint 72 %.
En revanche, la consommation énergétique par habitant n'a augmenté que de 5 %.
Le bon exemple de consommation énergétique : le bâtiment
Avant 1974, il fallait 200 kiloWatts/h par m² pour faire face aux besoins énergétiques.
Aujourd'hui, avec les différentes réglementations thermiques, il est possible de couvrir nos besoins avec 75 kWh/m² et le surcoût à la construction n'a été que de 5 %.
La plus écologique des maisons actuelles (en Allemagne) consomme 8 kWh/m².
L'objectif pour 2020 est d'atteindre 30 kWh/m².
En 2040 on fabriquera des maisons à énergie positive : elles seront très bien isolées et tireront toute leur énergie de leur environnement : soleil, géothermie...
Le mauvais exemple : les transports.
La vitesse moyenne d'un véhicule est de 50 km/h.
Un véhicule dont la vitesse de pointe est limitée à 120 km/h consomme deux fois moins en ville qu'un véhicule dont la vitesse de pointe est de 200 km/h.
En Europe, il y a 600 voitures pour 1000 habitants. En Chine, 18.
Au cours de sa vie (pour 200.000 km)1 voiture consomme 14 tonnes de pétrole et rejette 44 tonnes de CO², ce qui représente le volume de 6 Arcs de Triomphe.
Avec 2 Milliards de voitures sur la planète, il ne resterait plus de CO² disponible à produire pour d'autres usages si l'on ne donne pas un coup d'arrêt à cette expension.
Pour que le reste de l'humanité puisse avoir une voiture, il faudra que nos véhicules consomment moins de 2 litres au 100 km.
Bilan énergétique en France en 2000
On a besoin chaque année de 269 Millions de Tep (tonnes équivalent pétrole).
On en utilise réellement que 86. Le rendement global est donc de 35 %.
Il n'y a pas de prospective énergétique en France depuis le milieu des années 90.
Les importations de pétrole et de gaz en 2006 ont atteint 50 Milliards d'euros (soit 4 fois plus qu'en 1990.)
Cela correspond à un an de salaire pour 1 millions de personnes.
Nous devons garder cet argent pour créer avec de nombreux emplois.
Pour faire évoluer cette situation, il faut 5 niveaux d'implication personnelle (de la sensibilisation à l'action) :
- prise de conscience de la menace,
- dimensionnement du problème,
- accès à un ensemble de solutions,
- inscription dans un calendrier clair,
- une équité dans le passage à l'action : « je fais si tu fais, si nous faisons ».
Les 2 dernières solutions sont clairement du rôle du politique.
Délais
Mais ces implications ont des délais de réponse temporels : de l'ordre de l'année pour nos comportements individuels (et encore) à 5 ans pour les petits investissements à 10 ans pour la modification des véhicules, la réhabilitation de logements... à une génération pour la mise en place de filières nouvelles, d'infrastructures lourdes de transports...
Priorités de politique énergétique
- desserrer les contraintes en accroissant l'efficacité énergétique,
- développer les comportements plus sobres,
- valoriser les Energies renouvelables,
- dégager les transports du pétrole.
Mais répondre à tous nos besoins avec ces choix n'est pas réalisable avant longtemps.
L'autre approche consiste à répartir les besoins restants de production d'énergie entre :
- hydrocarbures (avec les problèmes de dépendance extérieure, épuisement, effet de serre),
- charbon (pollutions et effet de serre),
- nucléaire (risques technologiques et politiques)
Ces trois domaines impliquent des contraintes environnementales et éthiques fortes, il faut donc minimiser au maximum le recours à ces énergies sales.
le 31 octobre 2006 à Lucenay-les-Aix.
Les progrès technologiques
Citroen, ne voulant pas rester en arrière des constructeurs Honda et Toyota sur les véhicules respectueux de l'environnement ont offert en 2007 de nouvelles techniques innovantes :
Stop and Start
Conçue pour la ville, ce système disponible sur les nouvelles C2 et C3 permet la mise en "veille" du moteur, quand le véhicule s'immobilise (embouteillages, feux tricolores...) dès que l'on relâche la pédale de frein, il est remis en fonction normale.
Résultats : une économie d'environ 10 % de la consommation de carburants en cycle urbain et une réduction des émissions de CO² de 10 %. Cerise sur le capot : une réduction du bruit.
Filtre à particules (FAP)
Piège et détruit les particules imbrûlées avant qu'elles ne soient rejetées dans l'atmosphère.
Associé aux moteurs HDI de dernière génération, ce filtre peut réduire jusqu'à 30 % la consommation par rapport aux moteurs diesels d'ancienne génération pou les moteurs à essence.
Dernier avantage environnemental, ce dispositif supprime de façon presque totale les résidus de particules et les fumées. (bien au delà des normes environnementales imposées par l'Union Européenne.
Compatibilité biocarburants
Biodiesel
Possibilité d'utiliser un mélange contenant jusqu'à 30 % de Biodiesel.
Bioflex
Début d'équipement des modèles de la gamme avec des moteurs "flex", permettant l'utilisation de l'éthanol d'origine végétale.
Les chiffres sont têtus !
Après avoir augmenté en 2017 et stagné en 2016, les émissions de CO2 en Europe ont diminué de 2,5 % en 2018 selon une étude d'Eurostat. Ce léger progrès, est encore plus flagrant si l'on prend en compte l'évolution depuis 1990. En effet, les rejets y ont baissé de plus de 20 %.
Malgré l'amélioration des performances des moteurs thermiques et l'électrification progressive des transports, ce secteur n'y est pourtant pas pour grand chose puisque ses émissions continuent encore d'augmenter chaque année.
La diminution des rejets de dioxyde de carbone en Europe s'explique principalement par l'utilisation plus massive des énergies renouvelables. Alors que le charbon et le gaz sont de moins en moins employés pour générer de l'électricité, hydraulique, éolien et solaire les remplacent de plus en plus.
Ainsi, parmi les 28 pays membres de l'UE : le Portugal (- 9 %), la Bulgarie (- 8,1 %), l'Irlande (- 6,8 %) et l'Allemagne (- 5,4 %) affichent les plus fortes baisses.
La France occupe la dixième place avec une diminution de 3,5 % (mais en hausse de 0,3 % par rapport à 2017). Les plus mauvais élèves sont la Lettonie (+ 8,5 %), Malte (+ 6,7 %), l'Estonie (+ 4,5 %), le Luxembourg (+ 3,7 %) et la Pologne (+ 3,5 %).
Forum
Pour faire simple et en schématisant beaucoup (car en vérité c'est un tout petit peu plus complexe) voici comment sont élaborés les carburants :
1) On verse du pétrole brut dans une immense cuve et on allume le feu dessous, très doucement au début à 20°C,
2) La cuve commence alors à « dégazer », et on récupère les gaz : propane, butane et GPL,
3) On augmente la température vers 150 à 200°C, sortent les vapeurs qui, une fois condensées donnent les essences de pétrole. D'abord les naphtes, pour la pétrochimie, puis l'essence pour nos voitures,
4) On augmente encore la température jusque vers 300°C et on obtient les huiles : kérosène pour les avions, gazole pour nos moteurs diesel, et fioul domestique,
... et ainsi de suite.
Il ne reste à la fin plus que les résidus : Les bitumes avec lesquels sont réalisés les enrobés de nos routes.
Rien ne se perd dans le pétrole.
CONCLUSION : on ne fabrique pas du gazole à la demande !
Qu'on le veuille ou pas, qu'on le consomme ou pas, il sort des cuves au cours du process et ce gazole représente 21 % de la masse du pétrole brut, ce qui est loin d'être négligeable (45 % pour l'essence).
P.C
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