Cette rivière au doux nom est affluente de la Saône, qu'elle rejoint au niveau de Verdun sur le Doubs. Combien sont passés au large, sans prendre le temps d'emprunter cette voie en impasse ? On peut pourtant la naviguer sur une vingtaine de kilomètres, dont les 7 derniers sont déclarés "à vos risques et périls". Une belle occasion de mouiller dans une tranquillité absolue et de visiter la charmante bourgade de Verdun/ Doubs.
La Saône - Pontoux
Nous quittons la Saône et nous engageons sur l'embranchement du Doubs.
La cité de Verdun /Doubs ne tarde pas à nous apparaître à tribord, avec ses remparts qui dominent la rivière et son pont à 3 arches enjambant le petit Doubs, non navigable.
Juste après, se présentent les catways du ponton plaisance, où quelques résidents sont entourés en cette période estivale par des bateaux de propriétaires et des locations en escale.
Nous tentons d'accoster un peu plus loin (pas très client de l'amarrage perpendiculaire par l'arrière) sur un quai droit pour une petite reconnaissance des lieux, mais une "vieille" en train de repeindre des ferronneries au dessus du haut mur, nous indique chaleureusement qu'il y a un port et que "c'est elle qui paye l'entretien" de son grand quai vide...
Après avoir vérifié, de toute façon, le fond n'était pas assuré à cause de pas mal de grosses pierres mal placées, alors... c'est sans regrets.
Tant de gaieté et de cordialité nous touche et il n'est pas tard, nous décidons alors de fuir ces mauvaises vibrations en remontant vers l'amont.
Nous passons le pont, puis les silos à céréales en rive gauche et nous nous retrouvons vite entre des frondaisons bouchant toute perspective sur les berges.
Nous remontons ainsi le cours du Doubs sur près de 13 kilomètres, avec la même absence de paysage visible ; à la longue, c'est lassant.
De temps à autre, quelques vaches se désaltèrent les pieds dans l'onde raffraîchissante.
Certains pêcheurs sont installés dans de véritables camps de base visiblement prêts à soutenir un siège.
Le courant est faible, mais la navigation mérite attention car de nombreux troncs d'arbres se prélassent dans l'eau, et pire, des pieux sont fichés quelquefois en plein milieu du chenal ; sans doute les stigmates des dernières crues printannières.
Au bout d'une heure de navigation, un premier pont au niveau de Saunières et Sermesse, mais toujours aucun bollard de visible, contrairement à ce qu'il est annoncé sur le guide Chagnon.
Encore une petite heure et c'est Pontoux, après lequel il est précisé que poursuivre se fait "aux risques et périls du navigateur".
La femme du capitaine, met un veto ferme et catégorique sur toute velléité de continuer.
Mouillage sur le Doubs
Nous rebroussons alors chemin, pour établir un mouillage en rive droite, à la hauteur d'un grand chêne un peu dégagé, ce qui nous permet de distinguer un minimum de paysage.
Il y a 3,5 mètres de fond, nous lâchons l'ancre, la testons et stoppons le moteur.
Un léger vent de travers combiné au courant nous met à la cape dans une position médiane de 45° par rapport à la berge.
Installé sur notre terrasse, nous profiterons d'un magnifique coucher de soleil sur le Doubs.
Dans la nuit, le vent s'est levé, mais l'ancrage tient bon ; le bateau est juste maintenant presque perpendiculaire à la berge.
Fin de nuit sans histoire.
Pontoux - Verdun/Doubs
Le lendemain matin, après les habituels opérations de vérification du bateau, le petit déjeuner au soleil est apprécié de l'équipage.
L'ancre est levée selon les règles et nous voilà en train de redescendre le cours du Doubs, cette fois-ci avec un petit courant porteur et un vent plutôt pousseur (je remonte mon pare-brise pour en profiter), ce qui fait qu'avec le compte tours calé sur 1100 tours, nous dévalons la rivière à plus de 8,5 km/h.
Si bien qu'au bout de seulement 1h30, nous sommes devant le port de Verdun/ Doubs.
Escale à Verdun-sur-le-Doubs
La capitainerie domine les installations du port, dont le débarcadère est très bas en cette mi-juillet.
Dès notre approche, un escogriffe nous indique fermement de nous amarrer en arrière et perpendiculaire au ponton ; en fait, nous l'apprendrons plus tard, il n'est que le mari de la capitaine en titre.
Et l'animal ne perd pas de temps ; nous ne sommes pas encore installés qu'il note le nom du bateau et nous fait savoir lui être redevable de 5 €.
Pour la nuit, ce sera 12,5 € compte tenu de notre longueur ; pour ce prix, nous avons droit à de l'eau, l'électricité et le Wifi.
Bon, malgré l'accueil un peu musclé, je cite :
"nous on est privé, on ne fait pas payer aux villageois le coût du port..."
Malgré tout, nous décidons de rester car l'endroit est plutôt chouette, et la proximité d'une brocante villageoise et du feu d'artifice républicain le soir même nous appâte.
La cité
Petite brocante
Pour agrémenter ce dimanche, une petite brocante est installée sur la place de la Mairie, sans prétention mais fructueuse pour nous ; nous sommes revenus à bord avec plusieurs acquisitions qui ont encombré un peu plus nos coffres et cales.
A proximité, de la mairie, la Maison du blé et du pain (rue de l'Egalité) est hébergée par une belle demeure du XVIIIéme ; elle retrace l'histoire de 7000 ans de moisson et 4000 ans de panification.
On y organise également des ateliers de boulange avec cuisson au four à bois.
La ville est également connue pour sa recette de "pôchouse" (à base de poisson d'eau douce), mais nous avons zappé cette aventure gustative.
Balade sur l'île du Château
ll fait encore très chaud, lorsque nous décidons de suivre les petits poissons verts qui balisent la chaussée du circuit menant à l'île du Château.
Nous empruntons le pont sur lequel les artificiers sont en train de régler les derniers détails du feu de ce soir, résistons courageusement aux effluves du camion pizza, planté là en embuscade, reprenons la berge droite du Doubs, passons devant une fête où nous découvrons un barbecue à mouton d'une taille jamais vue, pour nous... bifurquons à gauche attirés par l'élégante passerelle enjambant la Petite Saône, et arrivons sur "le Château" à l'appellation un peu pompeuse pour une petite gentilhommière désaffectée.
Un sentier, longeant le Doubs, nous fait apprécier la cité de l'autre rive, serpentant sous l'ombrage bienfaisant de différentes espèces d'arbres.
Régulièrement recouverte par les crues, la terre est souple sous les pas, et le sentier nous mène jusqu'à la confluence avec la Saône, en face du grand pont traversant.
Nous revenons en suivant la rive gauche de la Saône pour cette agréable balade.
Feu d'artifice
Ce soir c'est la fête nationale, et nous sommes aux premières loges pour profiter du traditionnel feu d'artifice à bord, puisque ce dernier est tiré sur le pont, 150 mètres en amont.
Une assez jolie prestation pour une petite bourgade de 1200 âmes.
Comme d'habitude, des groupes de jeunes poursuivent cette animation bruyante avec des tirs assez approximatifs guidés par une vision alcolisée, qui fait toujours craindre au plaisancier pour son bateau.
D'aucuns diront que pour une fois il tirent des pétards plutôt que les fumer...
De toute façon cela finit toujours en fumée.
La tranquilité nocturne reprend petit à petit ses quartiers, nous offrant une belle nuit de sommeil tandis qu'imperturbable, le Doubs continue d'alimenter la Saône en eau et divers bois qui dérivent lentement.
Autres liens connexes
- Croisière "Nevers - Les Saintes-Maries de la Mer"
- Croisière "Chalon-sur-Saône - Nevers"
- Croisière "Le Grau du Roi - Chalon-sur-Saône"
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