Quel est l'impact des écluses sur l'environnement, en étude théorique puis en relatif par rapport aux autres modes de transport ?
Sans nier les nombreux avantages environnementaux du transport par voie d'eau, il n'est pas inintéressant d'évaluer le bilan de l'usage de ces ouvrages.
C'est l'objet de cette réflexion.
Modification des cours d'eau
Ce tronçonnement en biefs des cours d'eau naturels (sur rivière et fleuve) augmente localement leur oxygénation, tout en brassant et en remettant en suspension les sédiments souvent pollués, par les PCB notamment.

Pollutions de fonctionnement
Pour limiter l'oxydation et l'usure de pièces essentielles des portes d'écluses, elles ont longtemps fonctionné noyées dans un bain de mercure (jusqu'à plus d'1 kg de mercure par porte), avec des pertes minimes en temps normal mais pouvant se révéler très importantes en cas d'accident.
Le mercure ainsi perdu dans la voie d'eau risque d'être transformé par les bactéries en méthyl-mercure, rendant les sédiments en aval, très toxiques; ce produit étant fortement bioaccumulable par les organismes animaux et humains.
Mais si la plupart du temps les écluses modernes automatiques ne sont plus conçues ainsi, leur vérins hydrauliques sont une nouvelle source de pollutions par les hydrocarbures (graisse, huile...) pour les voies d'eau.
Impact halieutique
Qui dit écluse, dit barrage empêchant la remontée des cours d'eau par les poissons.
La plupart des poissons effectuent dans nos rivières des migrations à certaines époques de leur existence, et en particulier à l'époque de la fraie.
Les migrations les plus importantes sont le fait de poissons dits « grands migrateurs ».
Parmi ceux-là : le saumon, l’alose et la lamproie marine, viennent de la mer pour remonter certains de nos fleuves pour se reproduire.
Par exemple, le saumon au bout de 2 à 5 ans de vie marine, remonte très haut dans les gravières des parties les plus en amont et les plus oxygénées de nos rivières à truites.
La prise de conscience de l'importance de maintenir ces flux halieutiques ne date pas d'hier.
L’article 1er de la loi du 31 mai 1865 prévoyait déjà en effet : « Des décrets du Conseil d’État, après avis des conseils généraux du département, détermineront les parties des fleuves, rivières, canaux et cours d’eau dans les barrages desquelles il pourra être établi, après enquête, un passage appelé échelle destiné à assurer la libre circulation du poisson. »
C’est sur cet article que se basent les diverses prescriptions relatives aux règlements d’eaux et aux concessions d’énergie hydraulique, et notamment l’article 7 du cahier des charges des usines hydrauliques concédées, rédigé comme suit :
« Le concessionnaire sera tenu, si l’Administration le reconnaît nécessaire, d’établir et d’entretenir dans le barrage une échelle à poisson. En ce cas, les fournitures d’alevins imposées au concessionnaire pour réempoissonnement de la rivière en amont du barrage cesseront d’être dues à partir de la mise en service de l’échelle. »
Il s'agit généralement d'un dispositif en escalier constitué d'une succession de petits bassins où le poisson trouve une zone de repos après chaque passage (ou montée) ayant nécessité un effort important.
Plusieurs modèles sont adaptés à différents contextes ou certaines espèces en tenant compte de leur stade de croissance (tapis à civelles par exemple pour l'anguille).
S'ils sont obligatoire dans de nombreux pays pour les nouveaux ouvrages, ce dispositif n'a pas toujours été installé sur les ouvrages d'art les plus anciens, car ils sont coûteux.
Progressivement, ce problème est résolu par l'installation généralisée d'échelles à poissons.
Passage des bateaux
Ces échelles à bateaux que sont les écluses obligent ces derniers à ralentir avant, stopper dedans (par une inversion du sens de rotation de l'hélice), puis re-démarrer et / ou accélérer en sortie.
Le fuel brûlé par les moteurs produisent à cette occasion des imbrûlés sous forme de gaz et de suies, créant une pollution de l'air, de l'eau et des sols... concentrée autour de l'écluse.
A la décharge de la voie d'eau, cette pollution reste faible si on la ramène au tonnage transporté (250 tonnes pour un automoteur Freycinet de canal, propulsé par un moteur de 200 CV environ) ; cela reste très inférieur aux émissions globales sur route d'un semi-remorque (développant une puissance de 450 CV pour transporter seulement 25 tonnes).
La pollution lumineuse
Très éclairées la nuit, pour des raisons de sécurité, sur les grands axes de navigation qui fonctionnent en continu (Rhône, Rhin, Seine...), ces grosses écluses contribuent au phénomène de pollution lumineuse, qui pourrait être réduit avec un asservissement de l'éclairage aux besoins (détection préalable des bateaux) aux saisons et aux conditions météorologiques, comme cela est déjà mis en place dans certaines villes.
Consulter un dossier plus complet sur les pollutions lumineuses
Autres liens connexes
- Apprendre le fonctionnement d'une écluse grâce à cette animation interactive.
- Comment passer en sécurité les écluses.
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