Avant, mais c'était avant... on curait en toute insouciance les voies d'eau, les ports et les estuaires.
Les sédiments étaient mis en lagunage et puis c'était tout.
Depuis le Grenelle de l'environnement et les nouvelles lois sur l'eau, il n'est plus question de draguer les fonds sans l'observance de règles de plus en plus contraignantes...
Etudes bathymétriques
Autrefois la bathymétrie était essentiellement utilisée pour établir une cartographie permettant une navigation plus sûre, autant en mer qu'en rivière par la connaissance exacte de la hauteur d'eau sous la quille.
Elle est aujourd'hui très employée pour acquérir la connaissance globale des fonds qui va permettre d'évaluer les travaux et précautions / techniques autorisant le dragage, le suivi portuaire, l'étude de l'envasement et l'estimation des couches sédimentaires.
Parmi les solutions d'acquisition bathymétrique, aujourd'hui deux types de techniques se côtoient et fournissent des résultats parfois éloignés en fonction du but recherché, bathymétrie pure ou modélisation des fonds, mais présentent chacune des avantages différents : les sondeurs mono faisceaux et multifaisceaux.
Les analyses chimiques et toxiques
Si les prélèvements d'eau aux fins d'analyse sont une pratique déjà ancienne, ceux des sédiments ou vases sont plus récents.
Au niveau qualitatif, les études bathymétriques sont donc maintenant systématiquement complètées par des prélèvements et carotages suivis d'analyses pour déterminer la composition chimique et toxique des sédiments, ce qui va forcément avoir une incidence sur la façon dont il faudra les traiter.
Les principales recherches portent sur :
- le PH,
- les résidus de pesticides,
- les résidus fécaux,
- les résidus pharmaceutiques,
- les résidus hydrocarbures,
- les métaux lourds...
- la diversité et le nombre de micro-organismes vivants.
Des voies d'eau asphyxiées...
Combien de voies d'eau, naturelles ou canalisées, qui étaient navigables et qui ne le sont plus trop ou plus du tout ?
Envahies par la vase ou par les herbes, certains refusent de s'y aventurer ayant peur pour l'intégrité de leur bateau.
Déjà que les péniches qui servaient de cureuses ne les fréquentent plus, mais si les plaisanciers ne s'y risquent plus non plus...
Comme ce type d'entretien coûte une fortune, elles sont vouées à une mort certaine.
Vous voulez des noms ?
Le canal de Bourgogne (notamment la section St-Jean de Losne - Dijon), par exemple, et qui pourtant mérite vraiment le déplacement... mais il y en a tant d'autres :
- des tronçons du canal des Vosges,
- Le canal Latéral à la Garonne, notamment dans sa partie terminale,
- des tronçons du Canal Champagne - Bourgogne,
- le début du canal du Nivernais,
- une partie du canalLatéral à la Loire,
- plusieurs parties du canal de Nantes à Brest,
- La Vilaine au dessus de Pont-Réhan,
- Le Canal d'Ille et Rance...
Les envahisseuses
Elles ne sont pas là par hasard, mais à cause de l'Homme qui les a introduites dans le milieu naturel après les avoir utilisées pour orner les bassins d'agrément ou comme filtre "naturel" pour les aquariums.
La Jussie
Provient d'Amérique du Sud ou du sud des États-Unis et fut introduite en France entre 1820 et 1830.
La jussie se plait dans les miieux humides et aux eaux calmes.
Elle se développe dans les eaux peu profondes ou en bordure des voies d'eaux ou étangs.
La plante est caractérisée par de jolies fleurs jaunes à cinq ou six pétales.
Elle peut doubler sa masse toutes les 2 semaines si les conditions sont bonnes et finir par former des herbiers très denses, inextricables, qui asphyxient les autres plantes.
Le Myriophylle Hétérophylle
Une plante aquatique aux longues tiges flottant entre deux eaux, qui ressemblent à des guirlandes de Noël.
Elle aussi fut Importée des États-Unis pour décorer nos aquariums...
Depuis 2017, le myriophylle asphyxie toutes les autres formes de végétation qui se situent à sa portée, s’emmêle dans les hélices des bateaux et endommage même les moteurs en neutralisant leur refroidissement ; elle est présente dans maintenant plus d'un quart du réseau des voies navigables françaises.
Elle aime les eaux claires.
Impossible de s’en débarrasser : plus on la coupe, plus elle pousse, ses tiges s’allongeant de 30 cm par semaine.
L'Elodée du Canada
Introduite en 1836 en Irlande, en 1845 en France et en 1959 en Allemagne, cette plante ornementale s’est certainement échappée des aquariums et des étangs.
Ses fleurs sont petites et blanches.
Surnommée la "Peste d'eau", elle a colonisé rapidement les réseaux hydrographiques d’une grande partie de l’Europe.
Ces élodées peuvent se répandre rapidement et former des peuplements denses sur de grandes surfaces entrainant la disparition d’espèces locales.
Elles aussi sont un problème pour la navigation.
Le draguage d'entretien
Une réflexion globale sur ces dragages a abouti à formaliser méthodes et techniques dans un schéma directeur.
Aux études bathymétriques et de qualité des sédiments qui étaient déjà réalisées pour tout dragage, s’ajoute désormais une meilleure prise en compte de la sensibilité environnementale des sites :
- proximité d’un captage d’eau potable,
- présence d’une frayère,
- choix des périodes de dragage.
Une nouvelle attention est portée à l’incidence de la remise en suspension des sédiments sur le milieu aval.
Côté sédiments, les filières en place permettent déjà de valoriser 97 % des matériaux extraits. La part inerte étant utilisée en remblaiement de carrières tandis que la part non-inerte, triée et traitée, finit souvent en sous-couche routière ou en couverture de centre d’enfouissement (CSDU).
De nouvelles pistes font l’objet d’opérations pilote :
- la remise en circulation des sédiments dans le cours d’eau,
- la redistribution des sédiments par le nivellement des fonds, ce qui n'est pas toujours possible en cas de hauteur d'eau limitée.
Deux solutions qui, si leur mise en œuvre est concluante, permettraient de redistribuer les sédiments sans les sortir de l'eau.
Mais des expériences ont également été tentées avec des barges suceuses équipées de presses, créant des galettes de sédiments pouvant être ensuite traités dans de meilleures conditions.
Le faucardage
Suite à l'eutrophysation des eaux, les algues sont de plus en plus envahissantes et aboutissent à une asphyxie de la vie subaquatique tant animale que végétale.
Elles sont également un réel problème pour les hélices et les moteurs des bateaux de plaisance.
Mais comment s'en débarrasser ?
Des essais chimiques ont été tentés, mais par essence l'application est impossible à mettre en place de façon sélective ; cela équivaut à un empoisonnement général de l'eau !
La solution utilisée actuellement est le faucardage (fauchage sous-marin) ; mais cette technique ne va pas sans poser des problèmes :
- cela coûte fort cher,
- il faut ensuite ramasser les coupes qui flottent entre 2 eaux.
- cette coupe stimule la pousse et renforce les plants...
Des essais sont également menés en ajoutant un colorant dans l'eau, pour limiter la photo-synthèse, mais...
Notre suggestion
Déjà testée avec succès, le recours à des plongeurs arrachant manuellement chaque plant d'herbes ou d'algues un à un et les collectant dans un filet, a donné de bons résultats, notamment dans les ports où il est de toute façon impossible de faucarder aux alentours proches des bateaux.
L'emploi de cette technique est la plus à même d'obtenir un résultat durable.
Du mauvais entretien des berges
Tout ce qui est ajouté à la voie d'eau et qui favorise la création (par décomposition) de vase supplémentaire est évidemment à bannir.
Malgré cela, le fauchage des berges exécuté par les services de VNF ou des personnels délégués se fait systématiquement avec éviction de la coupe vers la voie d'eau ?!
Il ne serait pourtant pas si compliqué dans la plupart des cas de faire la passe dans l'autre sens.
Ces projections d'herbes finissent d'ailleurs dans le bocal des circuits de refroidissement d'eau des moteurs de nos bateaux, grillant les turbines des pompes, mais cela ne semble émouvoir personne ?
Dans le temps, l'entretien des berges était confié aux dents expertes des ovidés...
Sans être passéiste, peut-être que ce pastoralisme itinérant mériterait d'être restauré.
Autres liens connexes
- Plaisance éconologique
- Tourisme fluvial écologique
- Transports maritimes écologiques
|