Comme chacun sait, le transport de marchandises par voie d'eau consomme au minimum dix fois moins de carburant que par voie terrestre ; un tableau comparatif met en évidence son intérêt économique...
Les navires de commerce que vous rencontrez sur nos canaux et fleuves sont classés selon plusieurs critères : leur longueur et leur largeur, leur tirant d'eau ainsi que leur tonnage ; leur description vous permettra de mieux les distinguer.
Comparatif du coût des différents moyens de transport de marchandises
Mieux que de longs discours, ce petit graphique (Source VNF) indique les coûts comparés des différents modes de transport disponibles pour acheminer les marchandises.
La première colonne (en bleu) indique le coût moyen d'une tonne transportée sur 350 km y compris pré et post acheminement pour le rail et la navigation.
La dernière colonne (en vert) indique le coût moyen d'une tonne transportée sur 350 km sans tenir compte des embouteillages, des accidents et des pollutions sonores et de l'air.
Classification des navires par VNF et le CNBA
Caractéristiques des bateaux de transport de marchandises qui peuvent naviguer sur les réseaux Vb (comme le canal Seine-Nord Europe).
Péniche Freycinet (classe I)
C'est le seul type pouvant naviguer sur l'actuel canal du Nord ; elle est fréquemment exploitée en convoi double)
- Dimensions : 38,50 m x 5,05 m
- Tirant d'eau : 2,20 m
- Tonnage : 250 à 400 tonnes
- Equivalence charge transportée : 14 camions.
Campinois (classe II)
- Dimensions : 50-63 m x 6,60 m
- Tirant d'eau : 2,50 m
- Tonnage : 400 à 600 tonnes
- Equivalence charge transportée : 22 camions.
Dortmund-EMS-Kanaal (DEK) (classe III)
- Dimensions : 67 à 80 m x 8,20 m
- Tirant d'eau : 2,50 m
- Tonnage : 650 à 1 000 tonnes
- Equivalence charge transportée : 36 camions.
Rheine Herne Kanaal (RHK) (classe IV)
- Dimensions : 80-85 m x 9,50 m
- Tirant d'eau : 2,50 m
- Tonnage : 1 000 à 1 500 tonnes
- Equivalence charge transportée : 60 camions.
Grand Rhénan (classe Va)
- Dimensions : 95 à 135 m x 11,40 m
- Tirant d'eau : 2,50 à 3 m
- Tonnage : 1 500 à 3 000 tonnes
- Equivalence charge transportée : 120 camions.
Convoi d'une barge (classe Va)
- Dimensions : 95 à 110 m x 11,40 m
- Tirant d'eau : 2,50 à 3 m
- Tonnage : 1 500 à 3 000 tonnes
- Equivalence charge transportée : 120 camions.
Bateau-citerne
- Dimensions : 50 à 100 m x 11,40 m
- Tirant d'eau : 2,20 à 3 m
- Tonnage : 500 à 3 000 tonnes
- Equivalence charge transportée : 60 à 120 camions.
Porte-conteneurs
- Dimensions : 140 m x 11,40 m
- Tirant d'eau : 3 m
- Capacité : 140 à 210 EVP (conteneurs normalisés).
Car carrier (classe Va)
- Dimensions : 95 à 110 m x 11,40 m
- Tirant d'eau : 2,50 m
- Capacité : 300 voitures.
Convoi poussé de 2 barges (classe Vb)
- Dimensions : 185 m x 11,40 m
- Tirant d'eau : 3 m
- Tonnage : 4 400 tonnes
- Equivalence charge transportée : 180 camions.
Le porte-contener Verna
Nous suivons toujours avec intérêt les inventions de Christophe Verna en rapport avec la navigation.
Celle-ci concerne un aménagement naval qui a pour but de changer le mode de transport des conteneurs maritimes, qui peuvent maintenant desservir les eaux intérieures et les ports à faible tirant d'eau.
Argumentaire
Afin de diminuer le coût de transport de marchandises, la tendance actuelle consiste à regrouper dans des ports maritimes un maximum de conteneurs sur d'immenses surfaces dédiées à cet usage, puis à charger les-dits conteneurs dans des porte-conteneurs géants qui
consomment des quantités colossales de carburant d'origine fossile.
Ce genre de transport cumule les désavantages suivants :
- le collationnement des conteneurs par camions vers de grands ports maritimes, seuls capables de recevoir des porte-conteneurs géants.
- la monopolisation d'une surface de stockage énorme.
- l'utilisation de grues géantes pour charger rapidement les conteneurs dans les porte-conteneurs.
- le transport des conteneurs par des bateaux porte-conteneurs qui, de par leurs tailles et tirants d'eau, ne peuvent circuler que sur mer.
- ces porte-conteneurs sont propulsés par d'énormes moteurs thermiques pesant jusqu'à 2300 tonnes, gros consommateurs de produits pétroliers.
- la redistribution par camions des conteneurs vers leurs différents lieux de destinations souvent éloignés des ports d'arrivée.
Tous ces transports et manipulations, tant terrestres que maritimes, impliquent de fortes consommations de carburants.
L'on voit, pour des raisons économiques et écologiques, le retour du transport de marchandises par bateaux à voiles ; le problème, avec ce type de navires, réside en ce que la manipulation des caisses et objets, tant au chargement qu'au déchargement, ne peut se faire que manuellement, ce qui est un retour en arrière au temps des dockers.
Proposition
L’objectif de la présente invention est de remédier à toutes ces imperfections en construisant de petits navires à voile dont la conception est réalisée autour d'au moins un volume, métallique ou autre matière, ayant des dimensions intérieures permettant de recevoir spécifiquement quelques conteneurs.
Pour faire simple, selon la présente invention, les coques des bateaux sont construites autour d'au moins un espace destiné à recevoir au moins un conteneur.
L'intérêt de ce nouveau type de transport réside en ce qu'il est possible d'embarquer ou débarquer, de n'importe quel port, quai ou appontement, fluvial ou maritime, y compris de faible profondeur, un conteneur à l’aide d’un mât de charge, d'une grue ou d'un matériel relativement léger, fixe ou mobile tel qu'un camion grue.
Autre avantage à l'international, le plombage douanier des conteneurs.
Cette invention est protégée par un brevet.
Contact :
tel : 05.56.29.06.97 / 06.14.04.94.14
mail : inventions.a.verna@free.fr
site : inventions.a.verna.free.fr/porte-conteneur.htm
De la théorie à la pratique...
La chaîne de magasins Franprix appartenant au groupe Casino livre ses 80 magasins parisiens par voie fluviale depuis septembre 2012.
Après deux années d'organisation logistique, ce mode de livraison multi modal routier-fluvial-routier utilise une barge pour transporter 26 conteneurs normalisés (acheminés par route) sur 20 km entre le port de Bonneuil-sur-Marne et celui de La Bourdonnais (Paris VIIéme) ; dans ce dernier, leur contenu est pris en charge par de petits camions qui le dispatche sur les magasins parisiens limitrophes.
Faire entrer par voie d'eau en centre ville des livraisons de denrées alimentaires est une grande première à cette échelle.
Le mieux disant écologique est estimé à environ 234 tonnes de CO² par an en économisant à 450.000 km anciennement parcourus en camion ; cela soulage les routes de 3874 camions tout en économisant 88.500 litres de fioul...
A savoir
"Pour le transport public ou privé de marchandises effectué à l'intérieur des limites du domaine confié à Voies navigables de France par l'article 124 de la loi de finances pour 1991 (n°90-1168 du 29/12/90), le transporteur acquitte un péage pour tout parcours réalisé en utilisant le réseau fluvial. Les tarifs du péage sont fonction des caractéristiques du bateau, du trajet, de la nature des marchandises transportées, du chargement du bateau, que ce bateau relève du régime de la navigation intérieure ou de celui de la navigation maritime."
Ce péage se compose d'un droit d'accès au réseau, calculé en fonction du port en lourd du bateau, et d'une partie variable calculée à la tonne kilomètrique selon le réseau emprunté. Ces différents tarifs sont consultables ci-après.
Ce péage constitue une redevance pour service rendu, les recettes qu'il génère (8 millions d'euros, soit 2,6 % du budget de VNF) sont sensées être intégralement utilisées pour l'entretien et l'amélioration du réseau.
Depuis 2014, ils sont maintenant révisés selon un indice composite indexé pour moitié sur le TP01 des travaux publics et pour l'autre sur l'indice des prix à la consommation.
Tarifs appliqués (2014)
- droit d'accès au réseau fluvial de 20,91 à 78,36 €.
- prix tonne/ kilomètre : 0,0008 € pour le petit gabarit et le réseau grand gabarit du bassin Rhône-Saône.
- prix tonne/ kilomètre : 0,001014 € pour le grand gabarit et le canal du Nord.
Livraison de bateaux outre-Atlantique
Neoline va ouvrir une ligne de transport transatlantique sur des cargos à voiles entre Saint-Nazaire, la côte est américaine et Saint-Pierre et Miquelon.
Les navires rouliers dotés, de gréements tandem, embarqueront sur leurs ponts de chargement les bateaux de plaisance à voile et à moteur de la marque Bénéteau déstinés au marché américain.
Le début d'exploitation de la ligne par Neoline est prévu pour 2021.
Forum
La vie sur les canaux n'est pas toujours de tout repos !
Cette histoire, pour instructive qu'elle soit, n'en révèle pas moins un regrettable aspect des ravages que fit la course au fret lors du déclin du transport fluvial. Les héros de cette triste aventure étant peut-être encore vivants, nous en cacherons les noms pour ne pas ajouter l'humiliation à la honte. C'est un éclusier, témoin de l'algarade et gazette de la rivière, qui voulut bien me la confier…
Nous sommes en 1979 ; la route est en train de porter un coup mortel aux bateliers. Sur l'eau, c'est à qui arrivera le premier pour emporter le prochain marché, se montrer le plus rapide pour gagner la confiance de commanditaires de plus en plus exigeants. C'est la fin de la batellerie familiale ; bien des mariniers sont acculés à la faillite et doivent, la mort dans l'âme faire déchirer leurs péniches (automoteurs).
Pouvez-vous imaginer le drame pour des familles qui sont nées , ont vécu sur ce lieu de vie et de travail, qui s'usaient plus de 18 heures par jour pour un labeur qui ne rapportait pas grand-chose ? La destruction d'une péniche, c'est la perte de l'identité, du passé et du travail, c'est le saut dans l'inconnu du monde des terriens, c'est l'effacement de toute une vie sur l'eau à travers l'Europe.
Alors, quand deux péniches se présentent ce jour-là devant l'écluse, il y a une compétition sans merci pour savoir qui passera le premier. À ma droite, un chaland canadien de 65 mètres piloté par un Belge et chargé de sable et de gravier. À ma gauche, une péniche Hollandaise de 85 mètres, pilotée par un Batave irascible. Le Belge a quelques mètres d'avance, ce qui déplaît forcément à son rival.
À bord du chaland, un jeune mousse. Le garçon a abandonné l'école en cinquième pour se consacrer à une vie d'errance et de rencontres. Plus tard, il réalisera son rêve de gosse en devenant artiste, chantre de la marine, barde des canaux et souffleur de vent. Il est ce jour-là, aux premières loges de la rixe, acteur obéissant et inconscient.
Le plus gros accélère à l'approche de l'écluse. Griller la politesse au bateau prioritaire, c'est gagner de précieuses minutes. La réalité économique transforme les hommes en loups. Tous les coups sont permis et le Hollandais l'entend bien ainsi. Il veut doubler son collègue et se lance pour cela dans une manœuvre hardie.
Le Belge qui ne l'entend pas de cette oreille, demande à son mousse de s'amarrer au navire pressé. Le garçon, avec l'inconscience de l'âge, attrape un énorme filin d'acier et accroche l'embarcation félonne par une bite d'amarrage. La stratégie est osée et le capitaine du chaland n'a pas pris en compte les masses qui vont agir sur le filin.
La tension est telle qu'en quelques secondes, le filin explose sur les tractions contradictoires. Le câble, pourtant gros comme mon bras, se sectionne. C'est un vrai coup de tonnerre qui claque. Le câble libéré passe à quelques centimètres de la tête du jeune garçon. Il a manqué de perdre la tête dans l'aventure.
Fou de colère et sans doute prenant conscience du risque qu'il a fait courir à son équipier, le capitaine belge prend un fusil à deux coups et tire sur l'arrière de la cabine hollandaise. Celle-ci explose sous l'effet des plombs qui fort heureusement ne touchent personne. Les deux bateaux s'arrêtent et le constat fort peu amiable va se dérouler à terre.
Devant l'éclusier médusé et le mousse qui reprend ses esprits, les deux capitaines sanguins en viennent immédiatement aux mains. Je dois à la vérité de dire que ce sont les poings qui entrent en action et qui touchent leurs cibles. L'éclusier vient faire barrage et reçoit sa dose de coups ! Il ne faut jamais se mêler des algarades navales à moins de sombrer dans le ridicule.
Les quatre fers en l'air, l'éclusier constate alors que le calme est revenu sur la berge. Le Hollandais est retourné à sa cabine et le Belge pareillement. Les deux gaillards cependant reviennent avec de nouvelles armes. Inévitablement la querelle va tourner au carnage, car les capitaines ont les bras lourdement chargés. L'éclusier ferme les yeux, il ne veut pas assister à la mise à mort de l'un des belligérants.
Il a bien tort ! Nos deux lascars sont revenus avec des packs de bière. Fierté nationale mal placée ou défense de la tradition : ce sera un combat sans merci entre bières : la belge contre la hollandaise. Les deux capitaines, le mousse et l'éclusier finiront l'aventure avec la gueule de bois et le mal au crâne. Voilà comme s'achève cette lamentable histoire, il n'y a pas lieu d'en être fier !
Bataillenavalement vôtre.
G.H
Autres liens connexes
- Transport maritime écologique.
- Catégories des bateaux de plaisance. |