Après une belle saison de navigation, sauf à faire partie des chanceux évoluant sous des conditions météo clémentes... il faut bien songer à hiverner proprement son bateau au seuil de l'hiver, avec ses risques de mauvais temps, de gel, de moisissures, etc.
Voici un petit rappel de quelques règles pouvant servir de base à cette préparation, que chacun adaptera selon son cas.

Protection générale
Aération
Tout fermer en ne laissant que la ventilation naturelle des aérateurs.
L'idéal restant une prise d'air basse et une évacuation haute pour assurer une ventilation naturelle (thermodynamique) minimum de l'habitacle au mouillage mais aussi en navigation.
Ce dispositif évitera la condensation, les odeurs et les moisissures.

Attention :
Isolation ne veut pas dire confinement, en gardant à l'esprit que les coques ne permettent pas une migration lente des gaz et de l'humidité...

La boîte dorade
L’aération passive de son bateau (fourgon ou camping-car) fait appel à l'utilisation de deux aérateurs, le premier placé sur l’avant du bateau ou du véhicule, joue le rôle d’entrée d’air, le second le rôle d’extracteur d’air.
Mais il y a plus simple :
L'installation d'une prise d'air basse dans le bateau (si possible vers la proue) et un aérateur sur la partie la plus haute du rouf, et vers l'arrière.
Reste à choisir le modèle de l'extracteur.
- La solution la plus économique (environ 65 €) et la plus sûre consiste dans le choix d'une boîte dorade (type Plastimo), puisqu'il y a aucune pièce mécanique en mouvement permanent ; l’ouverture et la fermeture de la boite dorade profilée PLASTIMO permet de réguler le débit d’air et d’empêcher l’entrée d’eau dans le bateau ou le véhicule aménagé.
- L'alternative plus onéreuse (entre 85 et 200 € selon modèles) est l'aérateur solaire à hélice avec ou sans batterie, soumise à usure, un peu de bruit, et dans le dernier cas de batteries à changer.

note :
Ne pas oublier, si ce n'est déjà prévu sur le modèle choisi, d'installer un tamis fin qui freinera les velléités d'entrée des moustiques et araignées..., ces dernières étant particulièrement adeptes de la colonisation des bateaux.

Caractéristique technique de la boite dorade profilée aérateur de pont PLASTIMO :
- Hauteur totale : 85 mm,
- Dimensions : H 85 x l 130 mm x L 263 mm,
- manchon pour toit d’épaisseur 10 à 120 mm + contre cadre,
- en option : arceau de protection en inox PLASTIMO, conseillé pour une installation sur pont.


Le bâchage
Certains bâchent entièrement leur bateau quitte à laisser ouverts les descentes, les planchers, les coffres et les placards.
- d'autres estiment qu'au contraire, le fait de multiplier les zones ou l'air est emmagasiné constitue une bonne protection des organes sensibles au gel.
- pour notre part, bâcher ne nous semble pas une bonne solution (sauf à avoir des infiltrations notoires non encore traitées) ; en effet, cela empêche la structure de respirer, la lumière d'avoir son action bactéricide, et favorise la condensation sans lui laisser la possibilité de s'évaporer facilement sous l'action du vent et du soleil...

Habitacle
Certains vident complètement leur bateau : matelas, vaisselle, armement...
Autant il n'est pas inutile de mettre à l'abri des convoitises l'ensemble des appareils électroniques d'un prix élevé lorsqu'ils ne sont pas intégrés, autant vider complètement son bateau n'a que peu d'intérêt à partir du moment où l'on a pris les mesures d'hivernage et de ventilation adaptées.
- vider les placards des victuailles sensibles, c'est à dire contenant suffisamment d'humidité pour geler ou moisir (conserves, bocaux, bouteilles d'eau, et autres boissons de type soda...).faire de même pour toutes celles pouvant attirer les insectes et/ou rongeurs.
- pour le pinard et les apéros, ils contiennent par essence de l'alcool qui est un antigel naturel ; ils ne devraient donc pas trinquer en cas de grand froid. Il vaut mieux malgré tout les remiser dans des cales le plus bas possible en dessous de la ligne d'eau. Par contre si vos vins sont plutôt de belles bouteilles, le fait de leur faire subir des descentes de température très en dessous de 10°C n'est pas compatible avec leur mûrissement harmonieux et pourrait les altérer sous un aspect oenologique.

Fenêtres et hublots
- éviter de les occulter avec des isolants minces réfléchissants ; cela risque de favoriser une humidité résiduelle par condensation et le développement de moisissures (*) dont vous aurez le plus grand mal à vous débarasser. La lumière solaire étant bactéricide, il est dommage de se priver de son action ainsi qu'en hiver de l'accumulation de chaleur par effet de serre produite par les rayons rasants du soleil.

(*) Les moisissures ne sont pas à prendre à la légère ; non seulement elles dégradent (souvent de manière irréversible) bois, tissus et vaigrage mais ces parasites végétaux sont toxiques pour la santé.
Pour en savoir plus sur l'impact sanitaire des moisissures.

Les circuits d'eau
Avertissement
- Ne pensez surtout pas qu'en maintenant un chauffage (en hors-gel, par exemple) vous protégerez efficacement vos installations du gel ; en effet, il arrive souvent que la continuité de l'alimention électrique de votre bateau soit rompue (incident, erreur humaine, surcharge, panne, incivilité...) et là, bonjour les dégâts !
- Votre bateau est hors d'eau (sur bers) ; vous le croyez plus en sécurité par rapport à ceux restés sur l'eau, alors que celle-ci est recouverte d'une épaisse couche de glace ?
C'est faux ! l'inertie thermique de l'eau (même sous la couche de glace) protégera beaucoup plus vos cales et leur contenu qu'une coque en plein air qui subira complètement les descentes de température accentuées encore par l'effet du vent...

L'eau sanitaire
Les réservoirs
- réservoirs vidangés complètement d'abord avec la pompe de service, puis en ouvrant la purge située en point bas (si votre installation est conforme) ; à la nouvelle saison, vous en profiterez pour les rincer par exemple avec de l'eau vinaigrée pour éliminer d'éventuelles moisissures.
- une autre pratique consiste à ne les vider qu'à moitié pour permettre l'extension d'une éventuelle couche de glace, mais l'eau qui stagne dans les canalisation d'amenée vers la ou les pompes (et bien entendu les vannes d'arrêt) a de grandes chances de geler, avec les conséquences que l'on connaît....
- les vaches à eau sont vidées complètement ; il est conseillé de les rincer à l'eau vinaigrée avant leur remise en service.

Le circuit sanitaire
- Le circuit sanitaire est bien évidemment vidé et purgé, soit par gravitation, soit avec l'aide d'un compresseur qui chassera l'eau du haut vers le bas (robinet vers pompe) ; profitez-en pour vérifier qu'il y a toujours une pente minimum dans toutes les parties du circcuit pour empêcher la création éventuelle d'une poche d'eau (notamment dans les coudes).
- Les robinets de soutirage sont laissés ouverts (col de cygne et douche comprise, cette dernière étant posée en position basse sur le récepteur).
- Le réservoir tampon situé sous le(s) récepteur(s) de douches est additionné de liquide antigel en concentration suffisante, sauf à le vidanger et à sortir la pompe de refoulement.
- Les vannes situées au dessus de la ligne d'eau sont fermées et graissées).

La pompe
Qu'elle soit directe ou couplée à une hydrophore, il faut absolument la purger totalement, le mieux étant de la démonter afin de ne laisser aucune trace d'eau entre les membranes intérieures (les derniers modèles sortis sont équipés d'un système de raccordement rapide qui facilite bien les choses...).
Chaque année, en début de saison, de nombreux plaisanciers sont amenés à changer leur pompe faute d'avoir respecté ces précautions.

Les filtres
Si vous avez intercalé des filtres (filtres bocaux par exemple) pour purifier l'eau de service, il convient de les vider complètement ; ceux qui sont équipés d'une purge basse facilitent cette opération.

Les toilettes
Vider au maximum en ayant fermé préablement la vanne d'admission, puis vidanger complètement (ce qui n'est pas facile) ; remplir avec du liquide antigel (alcool pur de préférence ou antigel de plomberie, l'antigel automobile est toxique pour l'environnement) et fermer la vanne du circuit de refoulement.

Le chauffe-eau
- vidanger, mais il existe des risques d'oxydation importants,
- ou remplir avec un mélange eau + alcool, suffisamment titré (concentration en alcool),
- ou utiliser les nouveaux produits de type Probeol LR MPG, qui sont sensés protéger ses parois intérieures de la corrosion (voir, plus bas).

Le moteur
le circuit de refroidissement
- antigel de plomberie dans le circuit de refroidissement du moteur, si circuit fermé, sinon vidange complète (en profiter pour vérifier l'état de la turbine et la protéger avec de la graisse blanche),
- certains le font tourner de temps en temps, mais cela oblige à le reprotéger tout de suite après,
- d'autres ne font rien, ou se contentent de mettre un dispositif hors-gel électrique, avec les risques déjà évoqués en tête de rubrique.

Carburant
gazoil :
- vidanger ou remplir à ras bord le(s) réservoir(s) pour limiter le volume d'air, ce qui évitera la condensation,
- boucher à l'adhésif toilé les évents de(s) réservoir(s), cela limitera l'entrée d'air humide et donc la condensation (autre avantage : cela évitera aux insectes (guèpes...) de les boucher avec leurs sécrétions).
- ajouter en plus l'additif biocide qui va bien pour éviter la contamination microbienne qui a du mal à se développer sans présence d'eau (cette contamination se traduit par la création de dépôts en fond de réservoir, une émulsification du carburant par effet tensio-actif qui perturbe le fonctionnement des filtres de séparation d'eau à coalescence - type RACOR -, les risques de corrosion des éléments du circuit carburant (le pH devient acide) et surtout un risque de saturation des filtres par les impuretés créées).

essence :
mieux vaut tout vidanger.

Précaution utile
Placer sur le tableau de bord une affichette « bateau hiverné ».
Si jamais quelqu'un d'autre que vous doit le mettre en route (situation qui peut arriver), il pensera ainsi à le déshiverner avant de le mettre en route, ce qui risque d'éviter une grosse catastrophe...


Une alternative au glycol
La toxicité du glycol, couramment employé à bord comme anti-gel, n'est pas parfaitement connue, mais n'étant pas présent à l'état naturel dans l'eau, on peut considérer que cet apport n'est pas neutre pour l'environnement.
Mais par quoi le remplacer ?
Igol a développé une alternative à base d'esters synthétiques sous le nom de "Probeol LR MPG " qui semble être à cet égard un mieux disant écologique.
En plus de ses propriétés antigel jusqu'à - 25°C, il serait biodégradable à plus de 80 % sans dilution, tout en étant également lubrifiant et éviterait l'oxydation des circuits d'échange.
Malheureusement :
- le Probeol LR MPG coûte environ 5 fois plus cher que le glycol !
- il semblerait, qu'au moment de la rédaction de cet article, il ne soit vendu qu'en gros conditionnement (100 l), ce qui ne le rend pas accessible au plaisancier, mais seulement aux professionnels.
Par contre, il est réutilisable d'une saison sur l'autre tout en restant stable à condition de le stocker à l'abri de la lumière.


Hiverner un moteur hors-bord
Cette opération vise non seulement à faire durer son HB en évitant notamment l'oxydation du groupe cylindres-piston-culasse, mais surtout d'éviter le blocage du moteur, à cause de l'humidité qui risque immancablement de s'installer pendant l'hiver.
L'opération est des plus simple :
- Commencer par démonter la bougie,
- pulvériser par son orifice 2 ou 3 giclée d’huile "3 en 1" dans le cylindre,
- tirer sur le lanceur (ou le démarreur) 2 ou 3 fois pour graisser cylindre et piston,
- remettre la bougie.


Divers...
Batteries
Le bon hivernage d'un parc de batterie dépend avant tout de leur technologie, mais d'une façon générale les batteries sont à contrôler et recharger pour maintenir une charge minimum.
- Les batteries au plomb classiques ont une auto-décharge pouvant atteindre 10 % par mois ; un hivernage de 6 mois suffit donc à trop les décharger et à les endommager (se rappeler qu'une plomb classique déchargée à plus de 60 % de façon durable ne retrouvera jamais sa capacité !).
Avec ce type de batterie, il faut donc prévoir une recharge au moins tous les 2 mois.
A noter aussi qu'une batterie déchargée gélera plus facilement...
- Les batteries type plomb/calcium, gel ou AGM ont une auto-décharge d'environ 2 à 3 % par mois, ce qui leur permet de passer plus facilement la période d'hivernage sans avoir à les recharger au cours de l'hiver.
- Les batteries Lithium-ion, ont un taux d'auto-décharge négligeable, mais il est conseillé de les laisser avec une charge de 40 à 70 %, pendant cette période.

A savoir : Contrairement à ce que propage "Radio-ponton", l'auto décharge est plus faible quand il fait froid et si vous les débarquer (pour mieux les surveiller), il vaut mieux les remiser à température pendant l'hiver.

Reste une question : "faut-il laisser ses batteries à bord ou les débarquer pendant l'hiver ?", pour faciliter leur contrôle et leur recharge.
Lorsqu'il s'agit d'une petite batterie, c'est envisageable, mais bon, débarquer une ou plusieurs 200 Ah de 65 kg, on se calme vite !

Enfin, il faut débrancher les batteries :
- via le coupe-circuit (l'idéal étant un coupe-circuit bipolaire qui isole à la fois le positif (+) et le négatif (-) de la batterie.
- en débranchant les cosses, ce qui permettra de les graisser facilement, à cette occasion.
- par contre, ne pas débrancher la batterie alimentant la pompe de cale, et lui prévoir un petit panneau solaire pour la recharger.

Frigo
- Vider, débrancher avant de nettoyer soigneusement à l'eau vinaigrée ; coincer la porte en position ouverte.
- A la remise en service, profitez-en pour vérifier la mise à niveau de votre réfrigérateur.

Gréements
- drisses : à envoyer en tête de mat, avec la cordelette qui va bien pour les faire redescendre.
- ce qui sort au pied de mat est roulé et plaqué contre le mat sous une toile étanche ou dans un sac étanche.
- voiles : certains les ramènent chez eux, mais un hivernage dans leurs sacs après les avoir bien rincées, séchées et pliées... suffit largement.

Bôme
- en bas, avec une bâche sur le roof pour protéger les bois.

Electronique
Tous les appareils embarqués valent une petite fortune, qu'il vaut mieux enlever pour ne pas tenter les pirates ; de plus ils seront mieux chez vous qu'à l'humidité de l'hiver sur votre bateau.

Si vous pensez que nous avons oublié quelque-chose d'intéressant sur ce sujet, merci de nous le communiquer pour le partager ensuite sur cette page...

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Forum
Je viens de faire la triste expérience sur mon bateau qui a passé l'hiver dernier sur bers dans un couloir venteux.
Je l'avais pourtant hiverné et vidangé comme depuis des années, mais ce que vous décrivez dans votre article est malheureusement exact, et j'ai du refaire les circuits eau chaude et eau froide sanitaire qui avaient éclaté à cause du gel.
Si en effet, il reste un peu d'eau dans une partie du circuit, sur un bateau avec une assiette qui n'est pas la même que dans l'eau (ce qui est souvent le cas), la même mésaventure peut vous arriver.
R.S

Je possède un bateau équipé d’un moteur refroidi par keel-cooling et je voudrais savoir si je dois vidanger ce système pour l’hiver ou mettre de l’antigel. Je suis un tout nouveau plaisancier ! Alors j’ai beaucoup de choses à apprendre !
L. V-R

Réponse
Si votre installation est conforme, il n'y a pas de vidange à effectuer.
Première étape, vérifier quel est le fluide qui circule dans votre circuit Keel-cooling.
Normalement, c'est en grande partie du liquide antigel. Il est facile de s'en assurer à travers le vase d'expansion. Profitez-en pour en refaire le niveau (moteur froid, évidemment).

Question à propos des vannes de coque sous le niveau d eau : dois-je les fermer et les laisser fermées durant tout l'hiver ?
Certains m'ont affirmé que si le gel touche l'intérieur de la vanne, il y a risque de rupture et le bateau va couler !
Qu'il valait mieux les laisser ouvertes, après les avoir remplies avec de l'antigel.
Q'en penser ?
B.P

Réponse
Les vannes sont logiquement protégées par l'antigel versé au dessus du mécanisme et il suffit de les ouvrir puis de la refermer pour les baigner dans l'antigel.
Pour ce qui est de les maintenir ouvertes, ou fermées, les deux options ont leurs adeptes ; pour nous et après avoir consulté un expert maritime, il n'a jamais constaté de bris de vannes par le gel, les ruptures concernant plutôt les tuyaux !
La seule précaution serait de les vérifier, de les graisser et de les remplacer éventuellement, le risque étant plutôt une casse au niveau du filetage par corrosion sur le passe-coque (après de nombreuses années d'électrolyse des métaux), et encore cela concerne plutôt les bateaux de mer.


Autres liens connexes
- Conseils d'entretien du moteur
- Astuces techniques pour bateaux