Nos bateaux ont besoin d'une couche de protection, tant pour les oeuvres vives que les mortes.
Ne raisonnez jamais en terriens pour effectuer cet entretien car les produits ne sont pas les mêmes ; tous ceux qui ont pensé pouvoir s'en affranchir, en ont été pour leurs frais.
Apprêt, peintures, gelcoat... ont leurs propres paramètres de mise en oeuvre et l'exigence qu'ils soient parfaitement compatibles entre eux.
Sachez faire la différence entre "le coup de barbouille" et une "belle peinture".
Quelques généralités
Pour les peintures, les règles de base restent :
- une bonne préparation du support,
- pas de bi-composant sur du mono,
- faire se recouvrir des produits de la même gamme chimique.
- Se référer scrupuleusement aux préconisations des fabricants (compatibilités, température et hygrométrie au moment de l'application, temps de séchage avant recouvrement...)
Par contre les apprêts sont des produits particuliers.
Pourquoi une peinture d'apprêt ou primaire d'accroche
Contrairement à ce que laisse entendre son nom, c'est une peinture "d'avant peinture", ou sous-couche !
Intérêts :
- stabiliser le support que l'on doit peindre (blocage de la porosité, et reétanchification),
- isolement des matériaux ou des peintures non compatibles entre eux,
- création d'une couche étanche autour d'un support (lest en fonte ou d'une coque, par exemple) avec un primaire epoxy.
Les 2 types de sous-couche
- monocomposant
On peut l'appliquer comme couche d'isolement entre deux antifouling, par exemle si le précédent antifouling est inconnu et qu'on ne met pas la carène à nu. Il va améliorer l'accroche du futur antifouling sur le précédent.
- bi-composant époxy
Assure une couche dure que l'on peut poncer et ou gratter lors des carénages suivants, et intervient favorablement sur l'étanchéité de la coque (en épaisseur suffisante).
Comment le choisir :
Il doit impérativement être parfaitement compatible avec le matériau de la coque ou la formule chimique de la couche sur laquelle on l'applique.
Une peinture écologique ?
Autant les peintures bio-sourcées sont maintenant bien adaptées en déco du bâtiment, autant les formulations dites "bio" ne tiennent pas encore leurs promesses en usage marine extérieur.
Les quelques essais que nous avons eu l'occasion de suivre ont plutôt été décevant en terme de tenue, obligeant à un nouveau surfaçage du support, sa bonne préparation et le recours à une nouvelle application de peinture ; où est l'intérêt - tant financier qu'écologique - en ce cas ?
En attendant, la meilleure façon de préserver notre environnement est donc d'utiliser des peintures (et leurs sous-produits) possédant la meilleure longévité.
L'aspect économique ?
La peinture du pont d'un bateau revient à environ 500 € du m2 lorsqu'elle est réalisée par un chantier.
Si vous le faites vous-même, ce prix peut facilement être divisé par 7.
Par contre ne pensez pas que ce sera facile et rapide, sauf se contenter de planquer la honte !
Combien de bateaux achetés rutilants (c'est quand même un peu la spécialité des hollandais et des belges) se mettent à peler en moins d'une paire d'années et l'on découvre alors de la rouille, voire du vert de moisissure sous la couche de laque...
Les bonnes questions à se poser :
- aurez-vous ou prendrez-vous le temps ?
- serez-vous capable d'être suffisamment scrupuleux et méthodique ?
- maîtriserez-vous tous les paramètres (milieu abrité, choix des produits, température, hugrométrie...) ?
Si la réponse est "non" ou "peut-être", laissez tomber et confiez la mission à un professionnel.
Quel type de produit choisir ?
La laque monocomposant
Pour viser un rendu brillant et de qualité sans pour autant jouer la sophistication de la polyuréthane bi-composant vous choisirez une laque monocomposant type alkyde uréthane.
mise en oeuvre
- Préparer la surface en dégraissant bien et en ponçant au papier 180/300.
- Appliquer 1 à 2 couches de primaire adapté au support à peindre pour une bonne accroche de la couche de finition et qui masqueront les imperfections (effectuer un léger ponçage entre les couches).
- Appliquez deux couches de finition en croisant les couches (usage de brosses ou rouleaux laqueurs de qualité, s'entend !) Le recours au pistolet de peinture n’est pas à la portée de tout le monde.
Enfin, réaliser ces opération à l’abri et au bon moment pour éviter les points de rosée…
La peinture bi-composant
Dans ce cas il s'agit le plus souvent d'une peinture polyuréthane avec un durcisseur.
- Respecter la même phase préliminaires de ponçage,
- Appliquer deux couches de primaire bi-composant époxy ou polyuréthane pour assurer l'accroche des couches de finition et masquer les imperfections par un léger ponçage entre celles-ci,
- Appliquer deux couches de finition en respectant à la lettre les préconisations du fabricant (température, hygrométrie, diluant et temps de recouvrements entre chaque couche).
Des goûts et des couleurs
Autant tout ce qui concerne la déco intérieure d'un bateau (peinture, vaigrage, revêtement de sol, rideaux...) est affaire de goût et de couleur, autant à l'extérieur le manque de respect de régles élémentaires risquent d'aboutir pour le moins à un sérieux manque de confort :
Les insectes sont nos amis !
C'est un fait établi par la chanson enfantine, qui par contre exige d'éviter la couleur jaune, qui les attire immanquablement, sur un bateau sauf à s'en voir envahi.
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les papiers "tue-mouches" enduits de glue, et autres pièges à insectes sont de cette couleur...
Pour l'anecdote, des amis - nouveaux plaisanciers - s'étant appliqués à tout décliner en jaune sur leur vedette américaine ne cessent de s'étonner de voir leur bord envahi par tous les insectes volants du port.
Couleurs foncées et mates
Pour des raisons complètement différentes et même si Madame insiste (nos femmes sont généralement très déco), évitez les couleurs foncées et mates, ou alors en liserets très fins.
En effet plus la couleur est foncée et peu réfléchissante, plus elle va absorber la chaleur dissipée par le soleil.
Des tests réalisés dans un air ambiant à 37°C font ressortir qu'un stratifié blanc exposé au soleil monte à 52°C, un noir à plus de 80°C, un bleu ou vert se situant vers 65°C.
conséquences :
- une augmentation très importante de la chaleur à l'intérieur de l'habitacle aboutissant à un inconfort difficile à supporter en été.
- une dilatation significative des métaux et plastiques aboutissant à des prises de rouille ou des fissurations.
- en alternance avec des nuits froides, ces montées en température répétées finissent par engendrer des microfissures de surface.
Pour les incrédules
- Que ceux qui n'y croient pas, et il y en a, prennent la peine d'utiliser un simple thermomètre laser électronique pour mesurer la différence de température entre un blanc brillant et le gris anti-dérapant couramment utilisé (exposés sur le même plan par rapport au soleil), ils comprendront vite !
- Le pont des gros méthaniers est systématiquement peint en blanc car leurs armateurs ont mesuré que cela permettait de diminuer la température de 20° par rapport à une peinture rouge.
Forum
Pour passer à l'action, quelles marques de peinture préconisez-vous pour les coques acier ?
H.V
Réponse
Si vous avez compris le positionnement de ce site, nous ne préconisons d'une façon générale, aucune marque !
Il existe plusieurs enseignes qui distribuent des produits conformes à l'usage marine.
Certains produits sont plus utilisés par les professionnels, qui ne peuvent pas se permettre de se rater...
Une constante : une bonne peinture ne s'achète pas au rabais et la préparation du support ainsi que le respect absolu des conditions d'application sont les clés pour être tranquille, un certain temps.
Vous pouvez consulter utilement, la solution du chouppage à froid, présentée sur ce site (protection des coques), une excellente solution pour protéger durablement les aciers.
Il y a tellement de lectures intéressantes sur votre site que je ne me souviens plus bien où vous avez écrit que vous mettiez une peinture bicomposant sur un apprêt mono. J'ai toujours entendu dire que du bi sur du mono n'était pas possible. Mais c'est un apprêt et non d'une peinture, peut-être est-ce différent ; mais quel apprêt ?
J.C B
Réponse
Sur le principe, vous avez raison : pas de bi sur mono...
Nous ajoutons que sauf à vous lancer dans l'expérimentation, qui au niveau de la réfection d'une coque, peut être hasardeuse... il est généralement conseillé d'utiliser la même gamme une fois que vous avez choisi une marque ; en effet il est indispensable que la résine, la sous-couche et le gel-coat soit chimiquement parfaitement compatibles.
J'ai vu conseillé sur un forum nautique de passer la tôle des coques immergées par du Rustol CIP, avant de la recouvrir avec une peinture bitumineuse mono-composant en phase solvant. Qu'en pensez-vous ?
J.B
Réponse
Pour avoir constaté le résultat d'un tel mix sur 2 bateaux différents, avec un délaminage en règle peu de temps après, nous ne pouvons que vous le déconseiller.
Autres liens connexes
- Protection carènes et Antifoulings écologiques
- Electrolyse des coques
- Chouppage des coques
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