Compte-tenu des prix de l'immobilier et de l'éventuelle mobilité liée à un changement d'activité professionnelle que permet une péniche habitation en ordre de marche, l'opportunité de s'installer dans ce type de logement flottant, au fil de l'eau en fait rêver plus d'un.
C'est ainsi que les prix s'envolent notamment en Ile-de-France, dans la vallée du Rhône et à proximité de Toulouse.
Mais la réalité est-elle si proche du projet, et cette installation ne cache-t-elle pas de singuliers inconvénients ?
Sur les quais de Seine, en bord de Saône ou sur les canaux qui traversent les grandes métropoles, les péniches habitation font des envieux.
Pour mémoire, près de 2.500 péniches sont habitées en France, dont 1.500 en région parisienne, abritant près de 5.000 personnes.
Mais l’habitat fluvial n’est pas financièrement accessible à tous, et ne va pas sans présenter des difficultés que l'on a souvent tendance à minimiser avant de passer à l'acte.
Bien entendu, une péniche de type Freycinet avec ses 38,5 mètres de long sur 5,05 mètres de large, offre de quoi aménager de magnifiques appartements flottants de l'ordre de 130 à 150 m2 de surface habitable, auxquels on peut rajouter une belle terrasse sur le pont quelquefois avec piscine et mini jardin qui en fait un bien unique.
Si en plus l'amarrage de votre loft nautique est à proximité d'endroits à la mode an cadre de vie agréable, vous vous sentez assez vite comme un privilégié.
Mais ce type de privilège ne va pas de soi :
du fait de la réglementation
- les places disponibles, notamment en région Ile-de-France, sont très rares (puisque plus de 200 personnes sont régulièrement sur liste d’attente ; si 10 emplacements se libérent chaque année, les derniers arrivés ne peuvent guère espérer une place avant une vingtaine d'années.
- la réglementation qui régit le stationnement des péniches s’est considérablement durcie ces dernières années et n'imaginez pas vous dispenser de l'autorisation (payante) délivrée par VNF (Voies navigables de France) pour vous amarrer à un quai ; il pourrait vous en coûter une amende de 150 euros par jour.
- mais, une fois leur autorisation obtenue (COT ou Convention d'Occupation Temporaire), les "pénichards" ne sont pas au bout de leur peine puisque ce droit de stationnement doit être renouvelée tous les 5 ans.
A savoir :
En cas de vente cette autorisation tant convoitée n'est pas cessible et l’acheteur d’une péniche doit impérativement faire une nouvelle demande.
Par contre, une péniche n'étant pas un bien immobilier en France, vous l'achéterez ou la revendrez de gré à gré sans avoir à supporter de frais de notaire".
A cause de la spécificité des lieux d'amarrage
Même si la vie au bord de l'eau semble idylique, il peut cependant y avoir des nuisances, dont les moindres ne sont pas le passage à toutes heures du jour et de la nuit de convois de marchandises ou de vedettes à passagers et bateau de croisière fluviaux, qui ne manquent pas de secouer votre logement flottant.
Enfin, les quais sont le plus souvent des endroits publics, et à ce titre, il est difficile de maintenir un minimum d'intimité à bord, lorsque les 3/4 du temps, une nuée de badauds déambulent à quelques mètres de votre bateau, l'oeil aux aguets.
et peut se payer cher :
à l'achat
Hélas, sur l’eau aussi, les prix des logements s’envolent.
En Ile-de-France, et plus particulièrement dans le centre de Paris, vous ne trouverez difficilement en-dessous de 900.000 euros ; mais en face de la Tour Eiffel, il vous faudra débourser 1,5 million d’euros minimum pour devenir propriétaire d’une péniche Freycinet, de plus de 150 mètres carrés de surface habitable.
Heureusement, en région toulousaine et dans la vallée du Rhône, les prix restent plus "abordables" puisqu'ils oscillent entre 200.000 et 300.000 euros.
pour la COT
C'est l'autorisation d'amarrage de façon fixe ; la COT (ou AOT avant 2019 pour certaines zones encore sous concession Métropole) revient entre 4 500 à 5000 €/an selon les zones, pour un bateau de type Freycinet (38,5m x 5,05), puisqu'une partie du calcul est proportionnel à la surface du bateau.
précisions sur la COT
Tout propriétaire d'un bateau logement stationnant de façon permanente même discontinue dans une zone "autorisable", doit demander à signer une convention d'occupation temporaire (COT) avec le gestionnaire du domaine dont dépend l'endroit où il stationne ; cette convention précise le lieu et les conditions générales de stationnement.
La COT ou Convention d’Occupation Temporaire du domaine public fluvial ne donne aucun droit autre que celui d’user de l’endroit désigné pour stationner sans aucune possibilité d’indemnités d’éviction ; en général délivrée pour 5 ans, elle n’est pas cessible à un éventuel nouvel acquéreur du bateau. Un règlement fixant les conditions administratives, techniques et financières pour le stationnement des bateaux logements est annexé à la convention.
Autrefois renouvelée par tacite reconduction, une COT doit faire l'objet par son bénéficiaire d'une demande de renouvellement 3 mois avant l’échéance.
Démarches à accomplir
Demande à effectuer à la DDT (Direction départementale du Territoire) dont dépend le lieu de stationnement envisagé.
Vous devrez fournir :
- Le certificat d'immatriculation du bateau,
- Le dernier plan de sondage valide (durée de validité variable selon les types de bateau),
- Le compte-rendu de visite du chantier qui a procédé au dernier plan de sondage).
- Le permis de navigation (si le bateau est motorisé),
- L'attestaion d'assurance (si elle reste facultative, cette attestation ainsi que la possession du permis de navigation permettent d'obtenir une réduction sur le montant de la COT.
La somme à verser est en fonction du lieu et de la surface de l'embarcation ; elle peut être mensuelle ou trimestrielle.
Bon à savoir :
Les aménagements de confort (installation d'un compteur EDF forain, d'une desserte en eau, d'une station privée d'épuration, d'anneaux ou bollards, d'un quai ou ponton...) réalisés pourtant aux frais du propriétaire du bateau-logement deviennent la propriété du gestionnaire de la voie d'eau.
en taxe d'habitation
(si vous ne naviguez pas)
Compter de 1000 à 1 700 € selon les zones.
en vignette
(si vous naviguez)
Vignette VNF pour le bateau : 410 €
pour l'annexe si navigante : 250 €/ an.
en gasoil
Si vous naviguez, compter environ 8 litres à l'heure, ou au 10 km.
Prévoir en plus pour un groupe électrogène, un chauffage fioul et/ou production d'eau chaude sanitaire, en stationnaire.
en frais divers
Vivre sur une péniche coûte cher car en plus des taxes foncières et d’habitation (voir plus bas), les propriétaires fluviaux doivent s’acquitter d’une redevance à VNF ou son concessionnaire un droit d'amarrage compris entre 100 et 900 euros par mois, selon l’emplacement et l’équipement des quais.
en assurance
A ces dépenses, s’ajoutent des frais d’assurance beaucoup plus importants que pour un logement de surface habitable équivalente ; en effet, l'assureur prend en compte les frais de retirement calculés en fonction de la taille du bateau mais calcule la prime selon la valeur d'expertise assurée du bateau (compter jusqu’à 3000 euros par an).
en entretien
Outre les frais de peinture des "oeuvres mortes" (tout ce qui émerge de l'eau), et d'entretien de la mécanique, de la plomberie, de l'électricité, comme à terre... les "oeuvres vives" sont soumises à une inspection de la carène tous les dix ans par un expert agréé par le ministère des Transports, ce qui impose une mise en cale sèche.
Ce diagnostic obligatoire peut coûter jusqu'à 5000 euros.
Tous les 5 ans
Sortie de l'eau en cale sèche ou sur slipway, pour carénage, contrôle et entretien.
Cette visite n'est pas obligatoire, mais vivement conseillée lorsqu'on sait qu'un chancre met moins de 5 ans à se développer...
Si vous ne découvrez pas de travaux à effectuer (doublages, travaux de soudure, couronnements de rivets, remplacement d'anodes), vous pouvez vous contenter d'un bon carénage et de peinture.
Cette opération comprend le passage au nettoyeur à haute pression 500 bars de la coque puis de 3 couches de brai ou d'époxy si votre bateau est déjà sous époxy. Le nombre de couches dépend de la fréquence des sorties.
Au total, la location de la cale ou du slipway + le carénage et la peinture des oeuvres vives, vous coûtera entre 5 000 € à 6000 € et exigera une bonne semaine d'immobilisation.
tous les 10 ans
La visite d'expertise décennale est obligatoire pour renouveller le titre de navigation.
Compter 10 000 € environ !
Déjà 5 000 € à 6000 € pour les mêmes prestations que lors de la sortie quinquennale (si aucun travaux de soudure, couronnement de rivets ou doublantes), mais il faut prévoir en plus :
- le changement des anodes (une douzaine en général) : soit environ 600 € (posées)
- l'expertise : environ 2 000 € déplacement de l'expert inclus.
déroulement de l'expertise
Elle s'effectue :
- hors d'eau (visite à sec) pendant que l'embarcation est en cale sèche ou sur le slipway et consiste en un plan de sondage des épaisseurs de coques et la vérification des aparaux (ancre, guindeau, gouvernail, hélice, évacuations d'eaux).
- à flots (vérification de la conformité des équipements aux normes européennes en matière de sécurité sur 47 points de contrôle et vérification de la navigabilité du bateau.
En conclusion
En additionnant tous les coûts à prévoir et en les ramenant à l'année, on arrive vite à 11 000 € (sans travaux particuliers), soit une moyenne au mois de 917 €.
Les associations
A.D.H.F-F pour représenter et défendre les occupant de bateaux logement
La Fédération des Associations de Défense de l'Habitat Fluvial a été créée en 1975 ; elle a pour objet "la protection et la défense, la promotion et l'encouragement de l'habitat fluvial sous toutes ses formes, qu'il concerne des bateaux-logements sédentaires ou des bateaux de plaisance naviguant sur les eaux intérieures françaises, la préservation des sites fluviaux et des canaux, la lutte contre la pollution des eaux intérieures, la défense de la qualité de la vie pour tous ceux qui vivent, travaillent ou passent leurs loisirs sur les fleuves et canaux de France et leurs amis, l'animation culturelle des rives."
Siège : Port des Champs Elysées
75008 – PARIS
Courriel : adhf-f@orange.fr
Site : www.adhf-f.org
Le Collectif "Péniches de Lyon"
À Lyon, on compte entre Saône et Rhône une centaine de péniches stationnaires, pour la plupart lieux d’habitation, ou abritant certaines activités.
Les occupants, propriétaires de leur bateau qui ont souvent transformé eux-mêmes leur péniche en habitation, sont liés par l’amour du fleuve et de leur bateau, la liberté qu’offre la vie sur l’eau, mais aussi les contraintes de la nature (baisses et montées des eaux), contrainte du bateau aussi (amarrages, fluides, entretien...).
Deux associations se sont regroupées en collectif pour mieux faire reconnaître leurs droits et servir d'interlocuteur aux pouvoirs publics :
- l'ARAHF (Association Rhône Alpes de l'Habitat Fluvial)
- l'ALUVE (Bateaux stationnaires de la Saône)
Les taxes locales à payer
Les propriétaires de bateaux amarrés de façon permanente et aménagées pour l'habitation doivent s'acquitter chaque année, de la redevance d'occupation privative du domaine public fluvial mais aussi de l'ensemble des impôts locaux :
- taxe d'habitation,
- taxe foncière,
- taxe d'enlèvement des ordures ménagères.
Ce que prélève le fisc sur les bateaux-logement
Le gouvernement n'envisage aucune mesure générale d'exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties pour les bateaux-logement, puisque ceux qui y habitent utilisent les infrastructures et les services publics locaux au même titre que les propriétaires fonciers.
"L'assujettissement à la taxe foncière sur les propriétés bâties des bateaux-logements résulte de l'appréciation par le service des impôts, des circonstances de fait propres à chaque affaire, sous le contrôle du juge de l'impôt".
Pour être plus précis : un procès devant les tribunaux suite à l'obligation de s'acquitter de la taxe foncière, initié des résidents de péniches stationnées en Avignon, a été perdu et nul doute que ce jugement fera jurisprudence...
Il semblerait donc, à ce stade de la réglementation, que seuls les bateaux logements itinérants puissent échapper à cette imposition.
Le chauffage à bord
Lorsqu'on vit à bord toute l'année, on se retrouve forcément confronté à l'obligation de chauffer son bateau pour y assurer un minimum de confort hors période estivale.
Plusieurs dispositifs existent :
- le chauffage électrique, mais il demande une puissance rarement disponible à quai et finit par coûter cher, compte-tenu du manque d'isolation vraiment performante des bateaux.
- le chauffage au fioul, qui présente l'avantage d'être naturellement présent à bord et de bénéficier d'une détaxe, mais qui n'est guère écologique, puisqu'il brûle un carburant dérivé du pétrole.
- le chauffage au bois, utilise une ressource renouvelable, est compétitif en terme de prix, mais reste contraignant tant pour le stockage que pour le maintien dans l'âtre, avec la difficulté supplémentaire de ne pas être réglable facilement.
- le chauffage au pétrole ou à l'alcool désaromatisé, plus onéreux, non écologique et oblige à un achat en petite quantité; crée beaucoup d'humidité s'il n'est pas raccordé à un dispositif d'évacuation des fumées à l'extérieur.
- le chauffage au gaz, peut faire peur, n'est pas forcément compétitif, et assez cher.
- le poêle à granulés (ou pellets)
Le top étant ceux dont le distributeur est mécanique et se remonte comme les anciennes horloges.
Certes, c'est un investissement, mais :
< plutôt facile à gérer (pellets en sacs de 25 kg, que l'on trouve partout à environ 4,5 € le sac) ;
< indépendant, car il ne nécessite pas de raccordement électrique,
< propre à l'usage,
< chauffe bien, tout en étant plus facilement réglable qu'un poêle à bûches ou insert classique.
Plusieurs systèmes sont proposés sur le marché du chauffage nautique, soit de type isolé, soit de type centralisé à air pulsé ou à circuit d'eau par radiateur.
Les modèles actuels sont maintenant tous équipés d'une platine de commande ou de contrôle, telle que celle-ci (pour un équipement Webasto), que l'on rencontre souvent tant sur les bateaux que dans les camping-car.
Lorsqu'il y a une panne, c'est généralement ce module qui flanche.
- La pompe à chaleur
PaC Air/air
Il s'agit des mêmes unités que l'on trouve en résidentiel à terre.
Le système est constitué :
< d'une unité extérieure qui capte et concentre les thermies disponibles dans l'air.
< d'une ou plusieurs unités intérieures ou ventilo-convecteurs (consoles ou split) qui restituent les thermies sous forme d'air chaud pulsé.
Le système réversible ou Inverter sert à la fois de chauffage en hiver et de climatisation en été, avec un rendement intéressant (pour 1 kWh d'électricité consommé 3,5 à 4 kWh peuvent être restitués en chaud ou en froid), mais ce rendement reste très variable selon la température de l'air extérieur ambiant.
L’hydrothermie
ou géothermie fluviale, est un système de pompe à chaleur fondé sur le principe de la récupération d’énergie en eaux de surface : canaux, fleuves, lacs, mers, etc.
En effet, il s'agit de :
< récupérer les thermies disponibles dans la couche supérieure de la voie d'eau,
< de les concenter,
< de les transférer à un liquide caloporteur,
< de les diffuser à travers un systéme adapté (air chaud, plancher chauffant...)
A noter que la solution du plancher chauffant, grâce à son importante surface de diffusion lui permet d’être alimenté à très basse température (25° C-30° C).
Il est directement transposé de la géothermie traditionnelle et affiche des caractéristiques équivalentes.
Son avantage sur le système Air/Air est que la température de l'eau est beaucoup plus stable que celle de l'air.
En bref, même si la temperature de l'air est en dessous de 0°C, l'eau contient encore des thermies.
Autonomie en eau et électricité à bord
Il est tout à fait possible d'être autonome en eau et en électricité (sauf chauffage électrique) sur une péniche logement.
Reportez-vous à nos dossiers traitant de ces sujets.
- Autonomie en eau
- Autonomie en électricité
Forum
Vivre sur son bateau n'est pas toujours un rêve ! D'abord, il y a les badauds ou pêcheurs qui ont le nez sur vos fenêtres, et là, bonjour l'intimité.
Et puis y'a les COT à payer ainsi que la taxe foncière, maintenant, ça se généralise...
Mais le pire pour moi, c'est les bateaux qui passent à fond et qui vous secouent ainsi que tout ce qui est à bord.
En plus, les risques de cambriolages existent aussi, nous en avons été victimes lors d'une absence à bord un peu prolongée.
Alors, j'en suis à me demander si je ne vais pas passer à autre chose.
D.T
Suis d'accord avec D.T au moins sur un point : la vitesse exessive des bateaux : commerces, pêcheurs, locations et dans une moindre mesure, plaisanciers. Il est quand même extravagant qu'à l'heure où les services de l'état vont restreindre la vitesse sur les routes à 80 km/h et que l'opération voitures radars banalisées (et privées) est lancée, personne ne verbalise les chauffards de la voie d'eau.
L.M
J'insiste sur ce qui a été dit sur les vitesses excessives des bateaux pourtant non verbalisées : Sur le Lot, c'est devenu n'importe quoi et même les embarcations du Conseil Général ne respectent pas les limitations, et pourtant c'est lui qui gère la navigation sur la rivière...
Un jour, cela finira mal.
P.H
Autres liens connexes
- Autonomie en eau
- Autonomie en électricité
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