Les eaux grises sont issues principalement des douches et éviers installés sur les bateaux. Elles contiennent des savons et/ou détergents à base de tensioactifs (qui assurent la dispersion des corps gras dans l’eau) ainsi que des cheveux et poils, squammes corporels...
Ces eaux grises sont suceptibles de génèrer des inhibitions et des nécroses sur les végétaux et peuvent modifier le comportement animal.
L'idée est donc de viser une dégradabilité maximale de ces produits pour limiter leur impact sur le milieu aquatique.
L’arrivée au port est souvent l'occasion de faire sa lessive et de nettoyages divers.
La plupart du temps des équipements sont à disposition pour accueillir les équipages (sanitaires, WC, douche chaude…).
Reliés au réseau des eaux usées de la commune, l’utilisation de ces installations limite les rejets directs dans les eaux portuaires et, par conséquence, la pollution et l’eutrophisation des milieux.
3 règles fondamentales
- privilégier le nettoyage mécanique (brosse, groupe haute pression…) à l'utilisation de produits détergeants pour le lavage du bateau;
- usage en priorité des sanitaires à terre pour la vaisselle et la toilette personnelle ;
- recours à des produits détergeants naturels et biodégradable (les labels permettent d’identifier ces produits à faible impact environnemental).
Petite réflexion préalable
Ce genre de service devrait être inclus dans le prix de l'escale, seule manière d'engager les équipages à les utiliser de préférence aux équipements de bord, par essence moins performants en terme de traitement des eaux grises produites.
Le clapet anti-retour
Il existe deux catégories de clapet anti-retour et chacune est soumise à certaines restrictions d'installation :
normalement FERMÉ : l'obturateur, fixé par le haut, pend en position fermée et s'ouvre plus ou moins selon la poussée des eaux usées en provenance de l'intérieur ;
normalement OUVERT : l'obturateur, fixé par le bas, repose à plat, en position totalement ouverte, tant qu'il n'y a pas de refoulement.
Attention
- A la longue, es matières qui passent par la conduite d'évacuation des eaux usées peuvent laisser des sédiments, plus particulièrement là où se trouvent des obstacles. C'est le cas, entre autres, de l'obturateur normalement fermé où peuvent s'accumuler des cheveux et autres débris qui empêchent la fermeture hermétique de l'obturateur contre son siège. La possibilité d'accumulation de sédiments est moindre dans le cas d'un obturateur normalement ouvert, mais il n'est pas impossible que des débris puissent y empêcher aussi une fermeture tout à fait hermétique en cas de refoulement.
- D'autre part, dans le cas d'un clapet anti-retour métallique, l'obturateur et le siège peuvent avoir été entamés par la corrosion.
Les sédiments et la corrosion sont donc des facteurs qui limitent l'étanchéité d'un dispositif censé assurer une protection absolue contre le refoulement.
Le clapet anti-siphon
Répond à l’article 16.10 du Règlement Sanitaire et à la nouvelle norme EN1717, type de protection H.D.
Utilisation
Partout où un point de puisage est susceptible d’être muni d’un tube souple en immersion.
En pratique sur nos bateaux lorsque vous avez une pompe de relevage (dans un bac receptacle de douche, par exemple situé en dessous du niveau de flottaison) et que le bout du tube d'évacuation est immergé.
Pourquoi
Lorsque la pompe a fini de vidanger, elle a amorcé un siphon qui va remplir d'eau le bac, puis le bateau. La prise d'air que permet ce dispositif désamorce le risque de siphonnage.
Présentation
En général : filetage femelle 15 x 21 et mâle 15 x 21
Prix : une trentaine d'€uros.
Fonctionnement
Règlementation
Tout rejet d’eaux grises est interdit dans les ports et dans la zone des 3 miles nautiques.
L’article 43 de la loi sur l’eau précise :
« Les navires de plaisance, équipés de toilettes et construits après le 1er janvier 2008, qui accèdent aux ports maritimes et fluviaux ainsi qu’aux zones de mouillages et d’équipement léger sont munis d’installations permettant soit de stocker, soit de traiter les eaux usées. »
Décret n°2010-477 du 11 mai 2010
portant publication de la résolution MEPC.115(51) (annexe 5)
relative à l'adoption d'amendements à l'annexe du protocole de 1978 relatif à la convention internationale de 1973 pour la prévention de la pollution par les navires
(annexe IV révisée de MARPOL 73/78), adoptée à Londres le 1er avril 2004.
Règle 11 : Rejet des eaux usées
1. Sous réserve des dispositions de la règle 3 de la présente Annexe, le rejet des eaux usées à la mer est interdit à moins que les conditions suivantes ne soient remplies :
1. Le navire rejette des eaux usées après broyage et désinfection à l'aide d'un dispositif approuvé par l'Autorité conformément aux dispositions de la règle 9.1.2 de la présente Annexe, alors que le navire se trouve à une distance de plus de trois milles marins de la terre la plus proche et celui des eaux usées non broyées et non désinfectées à une distance de plus de douze milles marins de celle-ci ; dans tous les cas, le rejet des eaux usées conservées dans les citernes de stockage s'effectue non pas instantanément mais à une vitesse modérée, alors que le navire fait route à une vitesse au moins égale à 4 noeuds. Le taux de rejet est approuvé par l'Autorité, qui se fonde sur les normes mises au point par l'Organisation ;
ou
2. Les eaux usées du navire sont traitées par un dispositif approprié que l'Autorité a certifié conforme aux règles d'exploitation visées à la règle 9.1.1, de la présente Annexe ;
et
1. Les résultats de la mise à l'essai du dispositif sont indiqués dans le Certificat international de prévention de la pollution par les eaux usées ;
et
2. L'effluent ne laisse de surcroît pas de solides flottants visibles dans l'eau environnante et n'entraîne pas de décoloration de cette eau.
La norme internationale
Si l’Organisation Maritime Internationale (IMO) fixe ces limites :
- D.B.O.5 (Demande biochimique en oxygène pendant 5 jours) < 50 mg/ litre,
- M.E.S (Matières en suspension) < 50 mg/ litre,
- Coliformes fécaux < 250 unités/ 100 ml.
La norme européenne impose
M.E.S (Matières en suspension) < 30 mg/ litre
La mesure est réalisée en passant un échantillon à travers une membrane dont la taille des pores est plus petite que la majorité des micro-organismes habituellement présents dans les eaux usées. Le poids sec de la matière recueillie est mesuré en milligramme par litre, mg/l.
D.B.O.5 (Demande biochimique en oxygène pendant 5 jours) < 40 mg/ litre
On évalue la charge polluante d’une eau en matière organique par la Demande Biochimique en Oxygène pendant 5 jours (DBO5) ; c'est la quantité d'oxygène nécessaire aux micro-organismes pour oxyder (dégrader) l'ensemble de la matière organique d'un échantillon d'eau maintenu à 20°C, à l'obscurité.
Pour mesurer la DBO5, on réalise une première mesure de la concentration en dioxygène (O2) d'un échantillon d'eau. On répète cette mesure 5 jours plus tard. La DBO5 représente la différence entre les deux concentrations mesurées. Les mesures sont réalisées à l'aide d'un dispositif ExAO (Expérimentation Assistée par Ordinateur).
Elle abandonne par contre la notion réglementaire de concentration en coliformes fécaux.
A noter également que les derniers textes en vigueur interdisent le rejet et donc l'usage de produits chlorés à bord.
Sanctions
L’Article L. 432-2 du Code de l’Environnement (France) fixe les sanctions en cas de rejets « dont l’action ou les réactions ont détruit ou nui » à la vie piscicole, à 2 ans d’emprisonnement et 18 000 Euros d’amende.
Références
Document officiel publié par le ministère de tutelle sous le nom : "Traitement des eaux usées des bateaux de navigation intérieure" établi avec le concours du Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales (C.E.T.M.E.F).
Les solutions
- équiper l'embarcation de cuves de récupération des eaux grises et vidanger dans les stations portuaires dédiées.
- équiper l'embarcation d'un système de traitement à bord de ces eaux grises.
- Utiliser des produits bio-compatibles et dégradables.
Les stations de pompage à terre
Pour être efficace, le programme de rétention à bord des eaux usées doit s'accompagner, à terre, de la présence de stations de pompage et d'épuration.
La densité de ce type d'équipement varie cependant considérablement d'un pays et d'une voie d'eau à l'autre.
En Allemagne comme en Irlande, le réseau fluvial en est parfaitement équipé.
Aux Pays-Bas, il existe aussi quelques stations de ce type. En Italie et en France, où le réseau fluvial est très étendu, il reste beaucoup à faire, mais Locaboat Holidays a le premier financé un programme d'installation de stations de pompage à même ses bases nautiques.
VNF (Voies Navigables de France) participe à des actions pilotes et plusieurs projets sont actuellement à l'étude, notamment sur le Canal du Midi.
Poste de pompage fixe
Beaucoup de ports ont installé ce genre de station, en profitant des aides offertes, mais très peu l'utilisent réellement...
- le personnel rechigne à effectuer cette tâche peu glorieuse,
- le matériel n'est pas toujours opérationnel.
- les heures de disponibilité ne sont pas forcément les mêmes que celles des escales,
- la pompe est rarement accessible par les plaisanciers, une fois appontés.
Postes de pompage déportés
La société CEI (spécialisée dans le traitement des effluents portuaires) a mis au point un nouveau modèle de station de pompage pour les eaux noires et grises.
Sa grande nouveauté est de proposer sur les pontons une console déportée, qui de plus est adaptée pour les eaux de cale et les huiles.
Elle peut être installée à plusieurs dizaines de mètres de la pompe centrale, limitant ainsi l’emprise sur le ponton.
Ce nouveau modèle possède une console de commandes par produit positionnée sur le ponton (exactement comme pour choisir son carburant à une pompe) et chaque circuit est autonome et ne comporte aucun risque d’erreur et de mélange des effluents par les plaisanciers.
La première installation a été effectuée sur le port du Crouesty (56) dans le golfe du Morbihan au printemps 2011 et fait l’unanimité auprès des plaisanciers.
Les barges de collecte des eaux usées
L'entreprise "Ecotank" a eu l'idée de créer un système mobile de traitement des eaux usées (eaux noires, mais également eaux grises et eaux de cale) dans les ports et les zones de mouillage.
Il s'agit de barges en aluminium, capables d'intervenir directement auprès des bateaux sous n'importe quel angle, à quai comme au mouillage.
Description
Ces barges permettent la collecte dans 3 réservoirs séparés jusqu'à 6,5 tonnes de déchets (eaux grises, eaux noires et eaux de cale des bateaux).
En plus, un filet situé à l'avant autorise la récolte des macro déchets dans les ports et les zones de mouillage, tout en naviguant.
Contrairement, à ce qui est affirmé par plusieurs sources mal informées, les effluents sont traités à terre, selon les normes en vigueur après acheminement soit par la route (dans des camions citerne ADR) soit par le réseau d'assainissement (après accord de la collectivité ou du port concerné) vers la station de traitement dédiée. L'eau qui en résulte est utilisable pour des usages secondaires : lavage de véhicules, de trottoirs, arrosage de massifs...
Les cuves, tuyaux, et embouts sont bien sûr prévus pour des interventions propres et sans rejet accidentel.
Description technique
matériau : Aluminium
chantier naval : Alu Marine
Architecte : Groupe Fauroux
Longueur : 6,60 m
Largeur : 2,48 m
Tirant d'eau : 0,70 m
Capacité des réservoirs : 6 500 l
Motorisation : 50 CV
Vitesse de pompage : réglable entre 150 l/mn et 500 l/mn
Hauteur limite de pompage : 9 m
Allonge tuyaux : 80 m.
Actuellement, Ecotank intervient dans le sud de la France (Cannes et Antibes, canal du Midi...), et souhaite poursuivre son développement sur de nouvelles zones d'intervention, tant maritimes que fluviales.
Contact :
Wilfried Point
Tel : +33 (0)6 85 50 18 35
Email : ecotank@hotmail.fr
Prix pratiqués au détail
(sans limite de volume)
- pour bateaux < 12 m : 21 €
- pour bateaux < 12 m < 14 m : 30 €
- pompage et rinçage de la cuve : 42 €.
Notre avis
Ecotank ne précise pas quel type de traitement est appliqué à cette triple collecte d'eaux résiduaires avant leur rejet dans le milieu, dès que nous aurons l'info, nous vous la communiquerons.
Par ailleurs, la fiche disponible sur leur site parle d'un déplacement silencieux et non polluant, or de ce qui apparaît sur les photos, il s'agit d'un moteur HB Yamaha classique, qui ne répond pas à ces critères.
Renseignements pris, la prochaine génération des Ecotank sera équipée d'une propulsion électrique.
Enfin, reste à savoir si le prix facturé au plaisancier pour ce type de prestation, le poussera à utiliser ce type de service.
S'il est compris dans le forfait des prestations portuaires (place ou taxe de séjour), et financé par une politique active des administrations portuaires ou environnementales soucieuses de leurs labels « pavillon bleu » et « ports propres », il sera sans doute promis à un bel avenir.
Par contre, s'il faut encore taper dans le porte-monnaie des plaisanciers, déjà largement sollicités, ces derniers risquent de trouver plus intéressant pour eux de s'équiper d'un système de traitement inbord.
Produits d'entretien écologique à bord
Pour être un petit peu cohérents, pourquoi ne pas utiliser à bord pour les vaisselles, douche et le corps des produits sans impact sur l'environnement ?
Voici le lien d'un site qui permet de réaliser à bon compte tous les produits nécessaires à l'entretien sanitaire à bord : recettes de produits ménagers à faire soi-même.
Forum
Je suis réellement épatée à la fois par le sérieux et l'aspect didactique de vos dossiers.
L'écologie à bord par l'exemple et surtout sans morale, quelle bonne idée qui devrait être le crédo des associations ou partis dits écologiques...
On en est malheureusement encore loin !
Je vous souhaite longue vie et que tout ceux qui utilisent votre travail songent à vous en remercier d'une façon ou d'une autre.
Je vous assure de toute ma confiance et ma gratitude.
Bien à vous.
Martine
Ils nous font c... avec leurs réglementations toujours dans l'objectif de nous faire acheter un nouvel équipement ou nous soutirer un peu plus d'argent !
Il suffit d'utiliser des produits bio-compatibles pour régler le problème des eaux grises et ces produits existent maintenant pour tous les usages sanitaires à bord.
L.R
Parfaitement d'accord avec vous L.R, les écolos-intégristes sont la meilleure source d'inspiration de nos technocrates pour nous tondre toujours plus en se donnant bonne conscience...
A.P
Il suffit en effet d'utiliser des produits bio-dégradables pour la douche et la vaisselle, et tout ira bien pour le milieu !
Bravo, pour le lien pour les recettes faciles qui permettent de les faire soi-même.
R.S
Autres liens connexes
- Gestion de l'eau à bord
- Traitement des eaux noires |