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RISQUES CENTRALES NUCLEAIRES et ENERGIE ATOMIQUE
Les centrales nucléaires
Voir également : Centrales électriques au gaz - Origine électricité en France - Centrales au charbon

Les centrales nucléaires et leurs dangers... Une centrale électrique nucléaire utilise la fission de noyaux atomiques pour produire de la chaleur (vapeur d'eau), dont une partie est transformée en électricité (entre 30 % et 40 %) à travers des turbines. Chaque centrale atomique est constituée d'un ou plusieurs réacteurs dont la puissance électrique varie de quelques mégaWatts à plus de 1 500 mégaWatts ; le réacteur européen "EPR", devrait atteindre une puissance record de 1 600 mégaWatts.
Ce système de production, dont la France est championne, présente l'intérêt de n'avoir aucun impact carbone sur l'environnement, mais le retraitement des déchets radioactifs pour des siècles reste un problème préoccupant.
Enfin, le risque d'accidents n'est pas négligeable, et lorsqu'ils surviennent, leurs effets sont dévastateurs...


Les conséquences d'Hiroshima et Nagasaki
Petit rappel
Une explosion nucléaire est le résultat de l'explosion d'une bombe atomique de type A (à fission) ou de type H (à fusion).
Elle a pour effet :
- la libération d'une énergie colossale exprimée en équivalent kilotonnes ou mégatonnes de TNT (une tonne de TNT développant 10 milliards de calories).
- l'émission de puissantes ondes radioactives.
Cela explique ses conséquences redoutables.

Les faits
Les deux bombes lâchées les 6 et 9 août 1945 au-dessus de Hiroshima et Nagasaki au Japon, ont été décicives dans le conflit mondial en cours, mais au prix de 74 000 morts et 75 000 blessés.
Depuis, les cas de cancers et leucémie provoqués par les radiations ont fait de nombreuses autres victimes.
En effet, un même irradié atomique peut souffrir à la fois de brûlures thermiques (identiques à celles provoquées par un feu classique), de traumatismes (dus au choc direct et indirects de l'effet de souffle) et d'une irradiation radioactive...
Même modéré, leur cumul peut être fatal, et c'est sans compter sur la composante psychologique traumatique qui marquera à jamais certains survivants.

Le flash lumineux et le rayonnement thermique
Ils entraînent des blessures selon deux mécanismes :
- l'un direct
Par brûlures de la peau exposée, pour les personnes à l'extérieur des bâtiments ; ceux portant des vêtements de couleur claire, bénéficieront d'une certaine protection.
Les distances estimées pour lesquelles surviennent des brûlures au second degré pour 50 % des personnes exposées protégées par un treillis militaire sont de : 369 m pour un engin de 1 kt (kilotonne), 1 100 m pour 10 kt, 3 km pour 100 kt, 8 km pour 1 Mt (mégatonne, soit 1 million de tonnes)...
Les personnes regardant la boule de feu même à très grande distance, auront également la rétine endommagée ou brûlée, avec un risque de cécité temporaire ou définitive.

- l'autre, indirect
Le rayonnement thermique entraîne nombre d'incendies, y compris à distance du point zéro. Les personnes dans ce périmètre risquent donc d'être blessées ou tuées dans ces incendies, par brûlures et/ou asphyxie…
Par exemple, un engin de 35 kt peut enflammer spontanément un rideau de fenêtre en coton à une distance de 3,8 km et un engin de 1 Mt déclenchera des feux jusqu'à 16 km ; à Hiroshima, les multiples incendies aboutirent à une véritable tempête de feu qui dura 16 heures, dévasta 11 km² et ne laissa aucune chance aux habitants piégés.

Onde de choc et effet de souffle
Ses effets sont multiples :
- direct par barotraumatisme
Contre toute attente, les lésions internes (tympans, sinus, poumons, tube digestif) dues à la variation brutale de pression au passage de l'onde, ne sont pas les principales causes des blessures ou décés. La résistance des tissus humains est en effet spectaculaire : il faut une surpression de 100 kPa (kiloPascal) pour créer une lésion des tympans chez 50 % des personnes exposées, et une surpression de 300 kPa pour entraîner la mort. Par comparaison, un mur en moellons s'effondre dès 15 kPa...

- indirect
* Par contre, le passage de la même onde de choc provoquant l'effondrement des bâtiments provoque un grand nombre de victimes qui succomberont ensevelies sous les décombres ; s'y ajoutent des incendies colatéraux.
Par exemple, une surpression de 35 kPa assurant des destructions complètes à modérées sur la plupart des constructions sera mesurée à 700 m d'un engin de 1 kt, 3,2 km d'un engin de 100 kt et 6 km d'un engin de 1 Mt.

* le souffle projette des débris (verre des vitres brisées...) qui occasionnent de nombreuses blessures perforantes graves pour 50 % des personnes exposées dans les rayons suivants : 220 m pour un engin de 1 kt, 570 m pour 10 kt, 1,5 km pour 100 kt, 3,6 km pour 1 Mt.

* enfin, le souffle déplace brutalement 50 % des personnes exposées et les blesse par chute ou écrasement, dans les rayons suivants : 270 m pour un engin de 1 kt, 750 m pour 10 kt, 1,9 km pour 100 kt, 4,8 km pour 1 Mt.

Les radiations
- Irradiation instantanée externe
Les rayons "γ" au moment de l'explosion ; les distances estimées pour lesquelles surviendrait un décès pour 50 % des personnes exposées à ce type d'irradiation (soit une dose de 4 Gy ou Gray) sont de : 800 m pour un engin de 1 kt, 1 100 m pour 10 kt, 1,6 km pour 100 kt, 3,2 km pour 1 Mt en sachant que des murs très épais atténueraient cette irradiation.

- Irradiation par la radioactivité induite (activation neutronique)
Au moment de l'explosion le bombardement par les neutrons rend les matériaux du sol et des bâtiments radioactifs près du point zéro par formation de radionucléides. Cette radioactivité diminue rapidement et est confinée à une zone où le rayonnement thermique a normalement déjà tout tué. à Hiroshima et Nagasaki on estime qu'elle représentait le premier jour, au maximum, une dose cumulée de 0,6 Gy. La dose cumulée du deuxième au cinquième jour représentait moins de 0,1 Gy.

- Irradiation suite aux retombées radioactives (notamment en cas d'explosion au niveau du sol)
Cette irradiation est produite par les radionucléides qui se déposent au niveau du sol et de l'environnement (irradiation externe surtout par rayons γ), et/ou absorbés par les voies respiratoires (rayons β).
La zone touchée par ces retombées peut s'étendre sur des centaines de kilomètres, en fonction des vents. Les radiations sont meurtrières dans les premiers jours : une heure après l'explosion, les victimes sont exposées à des doses jusqu'à 10 Gy/h. Toutes les 7 heures, l'intensité de cette exposition se divise par dix pour aboutir à moins de 1 mGy/h au bout de 15 jours. La meilleure des protections est donc d'évacuer la zone des retombées ou de se confiner à l'intérieur d'un bâtiment aux murs épais.

Effets sur la santé
A court terme (de quelques heures à quelques jours)
- première phase d'asthénie, de céphalées, de nausées, de vomissements... dont le pronostic est en rapport avec la vitesse avec laquelle surviennent ces signes.
- vient ensuite une phase de latence (de quelques jours à quelques semaines) au cours de laquelle l'état de santé de la victime s'améliore provisoirement.
- enfin survient la phase aiguë : asthénie, céphalées, nausées, vomissements, diarrhées, immunodépression, perte des cheveux, hémorragies et même décès en quelques semaines à quelques mois.
Sinon la guérison intervient avec ou sans séquelles en quelques mois.
A Hiroshima et Nagasaki quelques dizaines de milliers de personnes sont mortes du Syndrome d'irradiation aiguë dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi l'attaque.

Pour le cas particulier de l'exposition du fœtus chez la femme enceinte, c'est souvent la mort in utero ou l'avortement spontanné qui est constaté. Pour les grossesses menées à terme, les retards de croissance, retards mentaux et/ou des malformations (non héréditaires) se manifestent.

A plus long terme
Les séquelles du Syndrome d'irradiation aiguë sont maintenant connus : cataractes, stérilité, augmentation de la fréquence des maladies pulmonaires, cardiaques ou digestives avec diminution de l'espérance de vie.
Mais ce sont les cancers sous forme de tumeurs malignes solides et leucémies, qui sont les principales conséquences de l'irradiation.
A cet égard, le suivi des 86 000 survivants d'Hiroshima et Nagasaki est sans appel.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes :
- sur les 50 000 survivants suivis situés à moins de 2 500 m du point zéro au moment de l'explosion un excès de 428 cancers mortels liés aux radiations seraient survenus par cancers entre 1950 et 1990.
- 50 à 100 % d'augmentation des décès liés aux radiations autres que les cancers,
- Au-delà du périmêtre des 2 400 m, il n'y aurait cependant que peu d'effets à long terme directement liés aux radiations.

Effets sur la descendance de la population irradiée
On parle alors de l'altération des cellules germinales, provenant de l'irradiation externe, ou interne (suite à la fixation et l'accumulation d'éléments radioactifs dans l'organisme).
Les effets mutagènes de l'irradiation externe sur l'homme sont encore difficiles à établir avec précision : mutations ou lésions chromosomiques...
Mais quelques éléments se dessinent cependant :
- le suivi des descendants des victimes d'Hiroshima et Nagasaki (30 000 enfants de parents irradiés) n'a pas permis d'observer une augmentation des malformations ou des troubles génétiques, du moins à la première génération. Si le risque mutagène existe, il peut sans doute être considéré comme faible.
- l'expérimentation animale chez les mammifères, n'a pas non plus mis en évidence l'apparition d'anomalies génétiques, même sur plusieurs dizaines de générations successivement irradiées.
L'utilisation de rayons "X" pénétrants en dessous d'un certain seuil d'intensité et de fréquence d'exposition permet a priori d'étendre ces conclusions aux effets génétiques des irradiations internes.

La catastrophe de 3 Miles Island
L'accident nucléaire de Three Mile Island s'est produit le 28 mars 1979 dans la centrale électrique installée sur une île est située sur la rivière Susquehanna, près de Harrisburg, dans l'État de Pennsylvanie aux États-Unis ; son nom est en rapport avec sa superficie de 3,3 km².
Suite à un enchaînement funeste de plusieurs dysfonctionnements, le cœur du réacteur de type réacteur à eau pressurisée (TMI-2), a en partie fondu. Cet accident nucléaire a été classé au niveau 5 de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES).

Origine
L'accident a commencé par la perte d'étanchéité de l'enceinte du circuit d'eau primaire qui constitue la deuxième barrière de protection du réacteur ; une vanne de décharge du pressuriseur étant restée bloquée en position ouverte, le personnel a mal réagi en occasionnant la perte de la première barrière de protection. La fusion d'une partie du combustible était alors inévitable, le refroidissement du cœur n'étant plus assuré. Heureusement, l'enceinte de confinement de la troisième barrière a joué son rôle même si on eut à déplorer un "léger" rejet radioactif.

L'accident en détails
premières minutes de l'accident
Les pompes principales d'alimentation en eau du système de refroidissement secondaire (ou circuit secondaire) tombêrent en panne vers 4 heures du matin (t = 0) le 28 mars 1979. Cette panne modifia instantanément les conditions thermodynamiques dans le générateur de vapeur, diminuant sa capacité à refroidir le système de refroidissement primaire (circuit primaire). La pression dans le circuit primaire (qui traverse le cœur) augmenta alors immédiatement à cause de la hausse de température. Afin d'éviter que la pression n'augmente trop, la soupape de décharge du pressuriseur du circuit primaire s'ouvrit automatiquement (t = 3 s) puis la turbine et le réacteur (insertion des barres de commande dans le cœur) se coupêrent automatiquement (t = 8 s). Cette soupape aurait dû ensuite se fermer dès la pression redescendue, mais malgré l'ordre automatique de fermeture ce ne fut pas le cas. Facteur aggravant, les voyants des opérateurs montrêrent la soupape en position fermée (le voyant indiquait en fait que l'ordre de fermeture avait été donné, mais pas que la manœuvre avait été réalisée). Par conséquent, la pression continua de diminuer dans le circuit primaire, qui se vidait par cette soupape restée ouverte (perte de la seconde barriêre de confinement).
La baisse de pression dans le circuit primaire entraîna le démarrage automatique du circuit d'injection de sécurité (t = 2 min 1 s), chargé d'amener de l'eau dans le circuit primaire. Cependant, en même temps que la pression baissait, des « vides » (de la vapeur d'eau en fait) se formaient dans la cuve et dans le circuit primaire. Ces vides générêrent des mouvements d'eau complexes qui, paradoxalement, remplirent le pressuriseur en eau, le pressuriseur se trouvant à ce moment plus froid que la cuve du fait :
- de la décharge en vapeur des soupapes primaires qui avait refroidi le pressuriseur par évaporation de l'eau contenue ;
- de la chaleur résiduelle du cœur qui faisait monter la température de l'eau présente dans la cuve.

Du fait de cet écart de température, le positionnement en point haut du pressuriseur n'a pas empêché son remplissage en eau (par passage sous vide genre « abreuvoir à oiseaux »).

L'opérateur, ayant l'information que le pressuriseur était plein, en conclut par erreur que tout le circuit primaire l'était également et arrêta manuellement le circuit d'injection de sécurité (t = 4 min 38 s). Peu de temps après, l'eau commença à bouillir à la sortie du cœur (t = 5 min 30 s).

Parallèlement, un autre problème était apparu ailleurs :
- le système de secours de refroidissement en eau des générateurs de vapeur avait été testé 42 heures avant l'accident. Lors de ce test, une vanne avait été fermée, et devait être rouverte à la fin du test. Mais cette fois, suite à une négligence humaine ou administrative, la vanne ne fut pas rouverte, empêchant le système de refroidissement de secours de fonctionner. La vanne fermée fut finalement découverte et ouverte manuellement (t = 8 min 18 s), permettant au système de secours de fonctionner correctement, de refroidir les générateurs de vapeur, et par conséquent le circuit primaire
- le mélange de vapeur et d'eau qui s'échappait de la soupape du pressuriseur était dirigé vers un réservoir de décharge. Or, au bout d'un certain temps (t = 14 min 48 s), ce réservoir fut complètement plein, amenant à la rupture des disques de décharge prévus pour cette situation. à partir de cet instant, le circuit primaire se vidait directement dans l'enceinte de confinement (troisiême et dernière barriêre de confinement de la radioactivité).

L'enchaînement des faits
après plus d'une heure de lente augmentation de la température et de vidange du circuit primaire, les pompes du circuit primaire commencêrent à trembler parce qu'elles pompaient plus de vapeur que d'eau. Elles furent alors coupées (t = 1 h 13 pour la première, t = 1 h 40 pour la seconde), car la théorie prévoyait que la convection naturelle permettrait à l'eau de continuer à circuler. En réalité la circulation fut quasiment stoppée par l'hydrogène déjà piégé dans les générateurs de vapeur, et l'évaporation de l'eau du circuit primaire s'accéléra encore. Au même moment, le haut du cœur commença à émerger de l'eau. La température favorisa la réaction entre la vapeur et le revêtement en zirconium du combustible, formant de l'hydrogène, dégradant fortement la gaine du combustible et amenant au relâchement d'éléments radioactifs dans le circuit primaire (perte de la première barriêre de confinement).

Mais en salle de commande les opérateurs commencêrent à réagir. Pour comprendre l'enchaînement de cet accident, il faut bien comprendre que les opérateurs étaient pratiquement aveugles (noyés sous le flux d'alarmes) et n'étaient pas en mesure de comprendre ce qui se passait (situation très complexe, stress, pression, trop de monde en salle des commandes...).

Une vanne d'isolement située en aval de la soupape du pressuriseur fut fermée, ce qui arrêta enfin la vidange du circuit primaire (t = 2 h 22). Ensuite, les opérateurs décident également de démarrer une pompe du circuit primaire (t = 2 h 54) alors qu'il ne devait rester environ qu'un mètre d'eau dans le cœur : le mouvement de brassage dégrada fortement les éléments combustibles, en grande partie émergés, extrêmement chauds ou partiellement fondus.

La pompe est finalement arrêtée (t = 3 h 12), et les opérateurs décident de rouvrir 5 minutes la vanne d'isolement qui fermait la soupape du pressuriseur. Le circuit primaire recommence alors à se vider dans l'enceinte, mais cette fois-ci avec de l'eau très fortement contaminée, ce qui déclenche les alarmes d'irradiation. Comprenant alors que le cœur a été fortement dégradé et que le circuit manque d'eau, les opérateurs remettent en service l'injection de sécurité (t = 3 h 20), remettant le cœur, en partie fondu, sous eau. En faisant cela, ils prenaient le risque de générer une explosion de vapeur ou de provoquer la rupture de la cuve à cause du choc thermique, mais la cuve résiste et le cœur est de nouveau sous eau (t = 3 h 45), stabilisant enfin la situation.

Le circuit d'injection de sécurité envoyant de l'eau à très haute pression dans le circuit primaire, il fallut, dans les heures qui suivirent (entre t = 5 h et t = 9 h), ouvrir et fermer successivement la vanne d'isolement afin de maintenir une pression acceptable (ce qui était le rôle de la soupape défaillante normalement). Ceci amena encore à relâcher des centaines de mètres cubes d'eau contaminée dans l'enceinte de confinement.

Dernier événement majeur (t = 9 h 50) : l'hydrogène, généré par la réaction entre la vapeur d'eau et le zirconium du combustible puis relâché dans l'enceinte de confinement, explosa, mais sans faire de dégât particulier (le seul indice de cet événement fut la détection d'un pic de pression dans l'enceinte de confinement).

Pendant les heures qui suivirent, les opérateurs tâchèrent de remplir le circuit primaire en eau, ce qui fut difficile puisque de grandes quantités d'hydrogène étaient piégées dans les points hauts des générateurs de vapeur. Enfin, la situation se stabilisa, et les pompes du circuit primaire furent remises en service (t = 15 h 49). L'état du réacteur était très dégradé, mais permettait néanmoins de refroidir le combustible.


état final du cœur.

6 ans plus tard
Il a été enfin possible de pénétrer dans l'enceinte et la caméra introduite dans la cuve a permis de constater qu'une partie importante du combustible avait fondu, mais heureusement sans traverser la cuve, le corium s'étant stratifié en fond de cuve sans provoquer d'explosion.

Bilan
Des années d'études sur cet accident ont permis de découvrir que :
- 45 % du cœur avait fondu,
- 20 % avait coulé au fond de la cuve.

Bien qu'endommagée, la cuve n'a pas été percée et la partie fondue du cœur est restée contenue dans la cuve ; de même, malgré des déformations importantes et fusions partielles, les cuves internes n'ont pas été détruites.

Malgré la gravité extrême de l'accident, en dépit de l'enchaînement de défaillances mécaniques, d'erreurs humaines et de défauts de conception, l'enceinte de confinement est restée intègre n'occasionnant qu'un faible relâchement de produits radioactifs. Il est cependant difficile de trouver des chiffres fiables pour le quantifier.

Par ailleurs, cet accident amena les exploitants de centrales de conception similaires (et en particulier EDF en France, même si ses centrales présentent bon nombre de différences) à de profondes réflexions. En effet, contrairement à Tchernobyl, l'accident de Three Mile Island a permis de faire avancer la sûreté, en particulier de souligner l'importance de la « conduite par état ».

Les opérateurs de TMI disposaient de procédures à appliquer en fonction de tel ou tel incident (on parle de « procédures événementielles »). En situation réelle, ils n'avaient pas pu établir un diagnostic approprié aggravant ainsi la situation. Toutes les procédures de conduite accidentelle ont donc été revues avec nouvelle approche : ne plus s'appuyer sur le ressenti des opérateurs en situation de sress intense, mais leur imposer des actions à faire en fonction des paramètres dont ils disposent : pression, température, niveaux d'eau, taux de radioactivité.... C'est ce qui s'appelle « l'approche par état », qui est aujourd'hui utilisée dans la majorité des centrales nucléaires.

TMI, depuis...
- le cœur endommagé a été entièrement retiré de la cuve, y compris les parties fondues ; l'enceinte de confinement a également été nettoyée ;
- la centrale est dans l'attente d'une décision sur son devenir ultérieur qui pourrait éventuellement être un démantèlement complet, rendant l'emprise actuelle utilisable.

La catastrophe de Tchernobyl
Il s'agit d'un accident nucléaire qui s'est produit le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, qui faisait partie à l'époque de l'URSS. Cet accident a conduit à la fusion du cœur du réacteur n°4 (de technologie RBMK), au relâchement de radioactivité dans l'environnement et à de nombreux décès, survenus directement ou du fait de l'exposition aux radiations.
C'était jusque là le est le seul accident classé au niveau 7 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), ce qui en faisait le plus grave accident nucléaire répertorié jusqu'à présent.
La centrale nucléaire est située sur un affluent du Dniepr à environ 15 kilomètres de Tchernobyl (Ukraine) et 110 kilomètres de la capitale Kiev, près de la frontière avec la Biélorussie.
L'accident de Tchernobyl est la conséquence de dysfonctionnements s'étant accumulés :

- un réacteur mal conçu
Naturellement instable à la base dans certaines situations et sans enceinte de confinement, ce qui est complètement inconscient.

- un réacteur mal exploité
Des essais sans aucune rigueur avaient seulement été menés sur la centrale.

- des contrôles insuffisants
Les pouvoirs publics n'exerçaient pas le minimum de contraintes adminstratives et techniques qu'exigeaient à minima, les dangers potentiels pour la population d'une telle installation ; du moment que la centrale produisait de l'électricité, cela suffisait !

Et pour clore le tout, une gestion inadaptée des évènements lors de l'accident.

Il en aurait fallu beaucoup moins pour ne pas aboutir à des conséquences de la catastrophe d'une telle importance, aussi bien du point de vue sanitaire, écologique, économique que politique.
Plus de 200 000 personnes ont été évacuées.

Un rapport de l'AIEA établi en 2005 recensait près de 30 morts par syndrome d'irradiation aiguë directement attribuables à l'accident, et estime que le nombre de morts supplémentaires par cancer dans les populations les plus exposées aux rayonnements (4 000 morts estimés d'après les modèles de radioprotection) est trop faible par rapport à la mortalité naturelle (100 000 morts, soit 4 % d'accroissement) pour être détectable par les outils épidémiologiques disponibles.

Youri Bandajevski, éminent professeur de médecine et spécialiste en anatomo-pathologie, a été le premier à dénoncer de façon précise les graves dangers provoqués par la contamination radioactive de Tchernobyl.
Mais soutenir de telles vérités en Biélorussie le fait accuser de corruption et condamner à 8 ans de prison, en 2001. Soutenu par la communauté scientifique, il est libéré de façon anticipée en 2005 mais reste néanmoins assigné à résidence.

La catastrophe de Fukushima
Malgré les précédentes catastrophes, le 11 mars 2011, suite à un tremblement de terre de magnitude 9 et au tsunami qui a suivi, un nouvel accident nucléaire s'est produit au Japon dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, après - une fois de plus - la défaillance du système de refroidissement entraînant la fonte partielle de trois cœurs de réacteurs.

Ceux de la centrale de Fukushima sont de type BWR (Boiling Water Reactor ou Réacteur à Eau Bouillante).
Pour mémoire, en France et en Belgique la technologie utilisée est celle de l'eau pressurisée (REP et futur EPR)...

L'enchaînement des faits
Suite à la surchauffe des réacteurs par absence de refroidissement, 2 des enceintes des réacteurs (numéro 1 et 3) ont été endommagées par une explosion d'hydrogène suite au délestage de pression des cœurs (pour préserver leur éclatement mécanique).
Pour être plus explicatif sur l'origine de cette hydrogène, le gaz provient de la thermolyse de l'eau en contact avec les barres de combustible, du Mox (combustible nucléaire contenant 7 % de plutonium et 93 % d'uranium appauvri) pour le 3.
L'eau qui ne circule plus, se met à bouillir, se transformer en vapeur ce qui a pour effet de faire baisser, accentuant encore le phénomène.
Les barres d'uranium se retrouvent donc dans un mélange de vapeur d'eau, d'hydrogène et de radio-élements...
L'ensemble continue à monter en température pour aboutir à la fusion des barres qui libérent, entre autres du Césium et de l'Iode radioactive).
C'est ensuite le cœur du réacteur numéro 2 qui éclate...
Les niveaux de radiation dans la centrale ont atteint environ 0,5 Sievert par heure (le sievert ou Sv est l'unité dérivée du système international servant à évaluer quantitativement l'impact biologique d'une exposition à des rayonnements ionisants), ce qui correspond à la dose reçue par les liquidateurs de Tchernobyl les plus exposés !

Des sources américaines (Edward Markey lors d'une audience à la Chambre américaine, entre autres) ont reconnu que le noyau du réacteur nucléaire de Fukushima est entré en fusion et a traversé le fond de cuve du réacteur.

Ce serait donc le scénario cauchemar ultime qui se déroule actuellement, malgré l'impasse faite par les médias et les représentants du gouvernement japonais.

Les menaces identifiées comprennent donc la possibilité d'autres explosions en raison de l'hydrogène et l'oxygène contenue dans l'eau de mer utilisée pour refroidir les réacteurs, et qui pourraient au final avoir fait plus de mal que de bien.

Les explosions ont soufflé dans l'atmospH êre des nucléides jusqu'à presque deux kilomètres des réacteurs et les barres de combustible usées des unités 1, 2, 3 et 4 présentent une menace suffisamment importante pour qu'il ait fallu évacuer plus de 500 000 personnes dans un rayon de 30 km autour de la centrale.

Il est bien trop tôt aujourd'hui pour faire le bilan tant sanitaire, économique et écologique de cette catastrophe, mais elle est déjà évaluée à un niveau comparable à celui de Tchernobyl...

La décision d'arrêt de l'Allemagne
D'ici à 2022 le gouvernement d'Angela Merkel a décidé fin mai 2011 de cesser toute production d'électricité nucléaire, ce qui relance le débat politique en France sur ce sujet et met l'opposition comme la majorité dans l'embarras.

La France, dont 85 % environ de la production d'électricité est d'origine nucléaire, n'avait rien décidé de concret après Fukushima, sauf un audit de ses 58 centrales, avec en perspective une possible fermeture des centrales les plus anciennes comme celle de Fessenheim en Alsace.
Le 3 mai 2011, Nicolas Sarkozy qualifiait "d'irresponsables" les tenants d'une sortie du nucléaire et promettait de continuer les investissements dans la filière.

François Fillon estime quand à lui que le nucléaire permet de tenir les objectifs concernant la lutte contre le réchauffement climatique et qu'Il n'y avait aujourd'hui aucune solution qui permette de respecter les engagements européens sans un recours important à l'industrie nucléaire", a-t-il ajouté.

Il propose toutefois un effort d'investissement "en matière de sûreté". Le gouvernement souligne que le nucléaire permet aux entreprises et aux particuliers de payer l'électricité nettement moins cher qu'en Allemagne.

Position des écologistes
Cette stratégie est naturellement contestée par les écologistes qui plaident pour un arrêt progressif du nucléaire. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ayant jugé que la décision de Berlin confortait sa position : "Cela prouve que c'est tout à fait possible d'engager de manière résolue la sortie du nucléaire", a déclaré Cécile Duflot, la secrétaire nationale du parti.
Eva Joly, candidate aux primaires écologistes, défend la même position en disant "qu'à ses yeux, la position de la France sur le nucléaire n'était plus tenable" et que "après avoir raté le train des énergies renouvelables et les centaines de milliers d'emplois qu'elles créent, la France rate le train du démantêlement dont l'Allemagne va devenir experte..."
"que les énergies renouvelables vont créer des centaines de milliers d'emplois en Allemagne, une manne dont la France se prive"...

Position du Parti socialiste
Très divisé sur le sujet, le PS est sur une position nettement plus ambiguë que ses alliés verts : "C'est important aujourd'hui que les grands pays comme l'Allemagne puissent prendre cet engagement. Maintenant la France n'est pas dans la situation de l'Allemagne" a réagi Benoît Hamon le porte parole du PS.
Il dit s'en remettre à "l'arbitrage du peuple français pour indiquer la voie en matière de politique énergétique et de transition énergétique et écologique".
Pour l'instant, le parti socialiste ne propose dans son projet qu'un développement des énergies renouvelables.

La position du patronat français
Il plaide plutôt pour un effort supplémentaire en matière d'énergies alternatives.
Mais le "lobby" nucléaire c'est à dire les principales entreprises de la filière de production nucléaire française remet en doute la validité de la décision des partis allemands, à travers la voix de la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon.
Elle ajoute : " Il n'y a pas eu de référendum en Allemagne" et les Allemands vont trouver leur salut de manière paradoxale puisqu'ils vont faire ce qu'ont fait en leur temps les Autrichiens : importer de l'électricité nucléaire venant des pays voisins".

Le dossier nucléaire a d'ailleurs été un des enjeux de la campagne présidentielle de 2012 en France.

La position de NegaWatt
Cette association environnementaliste, composée au départ de spécialistes, ingénieurs, scientifiques et techniciens de haut niveau, a cassé le dogme en expliquant que l'on pouvait aussi agir sur la consommation et baisser la demande ! Elle a développé la notion de « Watt négatif », de « négaWatts », d'où l'origine de son nom.

L'approche et scénario négaWatt s'appuient sur trois axes :
- Sobriété énergétique,
- Efficacité énergétique,
- Energies renouvelables,
A développer en Parallèle, mais avec ordre de priorité.
En effet les énergies renouvelables, compte tenu de leurs caractéristiques, ne peuvent intervenir que si les deux premiers piliers ont déjà donné quelques résultats.
Le schéma est donc le suivant : Sobriété + Efficacité => Renouvelables

La sobriété
Consiste à supprimer tous les gaspillages et réduire ses consommations inutiles ou superflues. Diminuer sa consommation est plus valorisant que l'achat d'énergie.
Les Watts les moins chers et les plus faciles à produire sont ceux qu'on ne consomme pas.
Il faut faire des choix entre ce qui peut être limité sans grande perte et ce qui peut ou doit être développé parce que cela représente des consommations légitimes.
Ces choix peuvent être collectifs ou individuels et rejoignent des notions telles que la simplicité volontaire, la promotion d'habitudes et de comportements appropriés et l'organisation collective solidaire et économe.

L'efficacité
Il s'agit de faire d'importants progrès dans la performance énergétique des appareils en particulier pour assurer les besoins vitaux et ceux considérés comme essentiels.
Les exemples sont nombreux de domaines où des démarches de ce type ont commencé (étiquette énergie sur les appareils ménagers, coefficient d'isolation des logements...)
Les estimations faites par des calculs précis dans le scénario NégaWatt montrent que ces 2 piliers peuvent représenter une division par 3 de la consommation d'énergie.

Les Energies renouvelables
Dans ce nouveau cadre on constate qu'elles prennent tout leur intérêt : en effet, dès lors que les consommations n'augmentent plus autant, voire diminuent, le développement des énergies renouvelables peut enfin leur permettre de jouer un rôle majeur dans l'approvisionnement énergétique de demain. En outre, ces techniques évoluent très vite et leur rentabilité, notamment pour le solaire, est appelée à s'améliorer sensiblement.
Le scénario montre que l'on peut se passer des énergies « non renouvelables » (fossiles et nucléaire).
dès le premier scénario négaWatt de 2003, il a été démontré que 80 % de l'énergie consommée pourra être produite par le renouvelable en 2050.

L'association NégaWatt termine son 3ême scénario qui sera disponible fin septembre 2011 ; son objectif est de démontrer que 100 % de l'énergie consommée en 2050 pourrait être produite par des sources renouvelables.

L'état réel du nucléaire français
Selon le rapport annuel de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) 830 "événements significatifs" ont été recensés en 2012 dans les centrales nucléaires d'EDF, soit une hausse de 11,1 % par rapport à 2011.

Parmi ces événements :
- 734 ont été classés au niveau 0 de l'échelle INES * (aucun risque du point de vue de la sûreté) ;
- 95 ont été classés au niveau 1 (anomalie par rapport au fonctionnement normal) ;
- 1 seul au niveau 2 (incident assorti de défaillances importantes au niveau des dispositifs de sécurité).
L'incident le plus important s'est produit en janvier 2012 à la centrale de Cattenom (Moselle) et pointait l'absence d'un dispositif de sécurité concernant le système de refroidissement des piscines d'entreposage du combustible irradié.

(*) Pour mémoire, l'échelle INES sert à mesurer la gravité des accidents nucléaires et comprend 8 niveaux (de 0 à 7), le plus élevé étant réservé aux accidents majeurs, comme Tchernobyl ou Fukushima.

Ce que dit la Cour des comptes du Nucléaire français
(Il s'agit d'un résumé de son important rapport)
La Cour estime le coût réel du kWh entre 50 et 58 centimes si on intègre la recherche, ce qui est beaucoup plus que le prix facturé par EDF mais en France le prix de l’électricité est moins cher qu’en Europe, parce qu’il est fixé par l’Etat.
Le rapport confirme que ce prix ne couvre donc pas les coûts réels du nucléaire.
En outre, si, comme le souhaitent EDF et le gouvernement, on renouvelle le parc nucléaire avec des réacteurs du type EPR (European Pressurized Reactor), les magistrats estiment que cela va presque doubler le prix de l’électricité en France, pour atteindre 90 centimes du kWh, un coût supérieur à l’électricité éolienne aujourd’hui et solaire dans un avenir proche.
Le rapport relève aussi des «incertitudes sur les coûts futurs» :
- Un document récent de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exigeait des mesures qui entraînaient une forte augmentation des coûts de maintenance.
- Il ne prenait pourtant pas en compte toute une série de risques liés aux incendies, aux explosions ou aux actes de malveillance.
Quelle que soit la technologie nucléaire retenue, on va donc bien selon la Cour, vers une augmentation importante des coûts de production dans les années à venir.
Les magistrats estiment néanmoins que prolonger la durée de vie des centrales actuelles serait la voie la moins coûteuse…
En se basant sur une durée de vie légale de 30 ans pour une centrale, la Cour affirme que si l'on ne la prolonge pas au-delà de 40 ans, il faudra construire 11 EPR de plus pour un coût très élevé.
D'un autre côté, les prolonger est très risqué, car nous n’avons dans le monde aucune expérience d’un réacteur qui fonctionnerait plus de 45 ans, voire 60 ans, comme les énergéticiens prétendent vouloir le faire.
Dans son dernier rapport, en 2014, la CRE estime de son côté que la hausse prévue pour les ménages en 2013 aurait dû être de 6,8 % (si la durée d'amortissement des centrales nucléaires est fixée à cinquante ans) à 9,6 % (si l'âge est maintenu à quarante ans). Elle préconise même pour 2014 et 2015 des augmentations de 3,2 % par an. Mais, à long terme, la CRE estime que la « hausse nécessaire des tarifs pourrait être de près de 30 % d'ici à 2017 par rapport à 2012, soit une hausse de l'ordre de 20 % inflation déduite ».
Ce que ne font cependant ni la Cour des comptes, ni la CRE c’est de comparer les scénarios «poursuite et renouvellement du parc» et «sortie progressive du nucléaire».

L'EPR de Flamanville, un nouveau "Concorde" ?
On peut être pour ou contre de façon éthique sur le développement de cette nouvelle génération de réacteur nucléaire, mais qu'en est-il de sa viabilité économique ?
La question mérite quelques éclaircissements.
En effet, alors que la centrale de Flamanville (Manche) aurait dû être la fierté de notre industrie nucléaire, ce chantier hors norme tourne à la catastrophe.
L’avenir du nucléaire français est suspendu à «Big Benny», une grue belge, aussi haute que la tour Montparnasse, seule à disposer d’une portée suffisante (120 mètres) pour installer le dôme d’acier qui doit coiffer le bâtiment du réacteur de Flamanville. L'engin capable de soulèver 3 200 tonnes sans broncher, est arrivée en pièces détachées à Cherbourg le 15 mars 2013 et en repartira, si tout va bien, fin septembre de la même année. Prix de la location de l’engin : 12 millions d’euros.

Si le planning initial avait été tenu, une grue deux fois moins chère aurait suffi et le dôme serait posé depuis 8 mois…
Mais en est-on encore à une dizaine de millions d’euros près ?
6 ans après son démarrage, le plus grand chantier d’Europe - puisqu'il emploie 3 200 personnes - a vu ses coûts exploser, de 3,3 à 8,5 milliards d’euros avec un calendrier qui s’alonge de 5 à 9 ans.
Soutenu par François Hollande comme par ses deux prédécesseurs Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, ce réacteur dit de «troisième génération», est pourtant censé être la vitrine du savoir-faire français !

La technologie, conçue après la catastrophe de Tchernobyl par Framatome (aujourd’hui inclus dans Areva) et Siemens, impressionne par sa puissance de 1 650 mégawatts (pour 1 450 MW au maximum jusque-là) et sa sécurité (résistance à la chute d’un avion de ligne, confinement du cœur de réacteur en cas de fusion…), avait pourtant de quoi séduire.

Comment l’armée de polytechniciens qui pilote notre industrie nucléaire a-t-elle pu se tromper à ce point ?
Ne comptez pas sur EDF (maître d'ouvrage de la centrale) pour apporter des éclaircissements, on mettra en avant : «aléas industriels», «meilleure évaluation du montant du chantier».
Par contre, EDF ne se prive pas de fait valoir la catastrophe de Fukushima qui l’a obligé à réviser les normes de sécurité et, en conséquence, la conception de très nombreux équipements.
Pour le reste, rien n’est clair puisque le détail du devis initial n’a jamais été communiqué, et aujourd’hui on ne sait même pas si les frais financiers sont inclus dans les surcoûts», s’étonne ainsi un expert comme Dominique Vignon, l’ancien président de Framatome.
Les grands sous-traitants – Areva pour le réacteur, Alstom pour les­turbines, Bouygues pour le génie civil – ne sont bien entendu pas plus causants qu’EDF.

L’argument principal brandi pour faire avaler ces 5 milliards supplémentaires (en attendant la prochaine réévaluation) tient à ceci : l’EPR de Flamanville est un «prototype», par nature beaucoup plus cher que ses éventuels successeurs.
Soit, mais la construction du tout premier EPR a été lancée en Finlande plus de 2 ans avant que le béton ne commence à couler à Flamanville.
Le projet, piloté conjointement par Areva et l’électricien local TVO, a vu aussi son budget déraper (de 2,8 à 6,6 milliards d’euros), tout comme ses délais de livraison (portés de 5 à 9 ans). Curieusement, EDF n’a jamais daigné suivre de près ce chantier scandinave, considérant qu’Areva – qui pilotait pour la première fois un tel chantier en tant qu’ensemblier – était un novice.
En cause également la haine que se vouaient les PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, puis Henri Proglio, et l’ex-patronne d’Areva, Anne Lauvergeon.
L’électricien national a, semble-t-il, péché par excès de confiance. La dernière centrale qu’il a construite, à Civaux dans la Vienne, remonte à 1999. Depuis, son savoir-faire dans la maîtrise d’ouvrage s’est inévitablement amoindri. Les bâtisseurs des années 1980 sont tous à la retraite. La Chine, qui a actuellement 30 réacteurs en chantier, montre a contrario que ses procédures sont beaucoup mieux rodées. Ainsi, les deux EPR construits dans la province de Guandgdong (avec une technologie Areva) tiennent les délais. Démarrés en 2008 et 2010, ils seront pourtant prêts avant celui de Flamanville.

Pendant ce temps, nos géants du BTP n’ont franchement pas brillé à Flamanville :
- Vinci, fin 2008, s’y est repris ainsi à deux fois pour creuser un tunnel d’évacuation des eaux de refroidissement vers la mer ; trop lent, le travail commencé à la dynamite, s’achève avec un tunnelier venu d’Allemagne.
- Bouygues a été forcé à suspendre le chantier à la mi-2008 par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui avait repéré des fissures dans la plate-forme de l’îlot nucléaire. Idem en août 2011 où l’ASN constatait des malfaçons dans la structure du bâtiment réacteur et des piscines à combustible.
- Eiffage, responsable de la fabrication des 45 consoles (des pièces métalliques de 5 tonnes) dont les supports d’un train roulant au-dessus du réacteur, n'étaient pas conformes alors qu’elles étaient déjà installées, obligeant à suspendre en février 2012 le bétonnage de la tour jusqu’à la fin de l’année.

Aux dernières nouvelles 93 % du génie civil serait achevé et l’on peut espérer que le chantier ne connaisse plus de contretemps.
Mais l’on sait déjà que l’énergie qui sortira bien un jour de l’EPR ne sera pas donnée : selon la Cour des comptes (voir extrait de son rapport plus haut), le prix de revient devrait se situer à 90 euros le mégaWattheure (MWh), contre 32 euros en moyenne dans les 58 centrales encore en activité. Ce tarif est donc 2 fois plus élevé que celui annoncé par EDF au lancement du projet en 2005.
Il est maintenant comparable à celui de l’électricité produite par l’éolien terrestre.

Le coût du programme vedette d’EDF enfle d'1 milliard d’euros par an :
2007 : 3,3 milliards d’euros
Première coulée de béton en décembre. Le raccordement au réseau était prévu pour 2012.

2008 : 3,3 milliards d’euros
Arrêt d’un mois dû à la découverte de fissures dans la plate-forme du réacteur.

2009 : 4 milliards d’euros
Révision du système de contrôle du réacteur à la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

2010 : 5 milliards d’euros
Report de 2 ans, à 2014. Un calendrier «nettement plus réaliste», selon EDF.

2011 : 6 milliards d’euros
Révision du design et des procédures de sécurité après Fukushima ; 5 mois d’arrêt.

2012 : 8,5 milliards d’euros
Suspension du bétonnage de la tour du réacteur à partir du mois de mars.
Eric Wattez (Capital)

Et depuis, les mauvaises surprises continuent ;
Sa mise en service estimée est maintenant (mi 2015) repoussée à 2021 au plus tôt ! (Ndlr)


Forum
La CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) a publié la carte qui établit que la France a été contaminée par le nuage de FUKUSHIMA DAIICHI dès le 22 mars 2011 :
- les masses d’air contaminées par les rejets radioactifs de la centrale nucléaire sont arrivées 2 jours avant la date indiquée par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN),
- elles ont affecté les 3/4 de la France (et non pas le seul sommet du Puy-de-Dôme),
- l’activité de l’iode 131 particulaire était plus de 20 fois supérieure à celle annoncée pour le 24 mars.
Ni l’IRSN, ni les grands exploitants du nucléaire, ne pouvaient ignorer cette réalité.
Omission involontaire (mais invraisemblable) ou délibérée… et dans quel but ?
La CRIIRAD a saisi, le Premier ministre et le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire d’une demande d’enquête sur la chronologie des faits et les différents niveaux de responsabilités.

M.S

Je suis en colère parce que l'accident de Tchernobyl n'a pas servi de leçon. Et que l'on continue à entendre et lire les mêmes mensonges sur le nucléaire dans les médias.

Je suis en colère quand j'entends à la radio, un haut responsable du nucléaire français nous dire qu'on ne peut remettre en cause le nucléaire : "personne n'a envie de revenir à la bougie". Que je sache, dans les pays européens qui n'ont pas de centrales nucléaires (Autriche, Danemark, Grèce, Irlande, Islande, Italie, Luxembourg, Norvêge, Portugal…), y-en-t-il où l'on s'éclaire à la bougie ? Il n'y a que 441 réacteurs nucléaires dans le monde (dont 58 en France, 55 au Japon)… dans seulement 31 pays, tous les autres pays s'en passent.

Je suis en colère quand en 1979, après l'accident nucléaire de Three-Mile Island, on nous a dit que c'était parce que les Américains étaient moins forts que nous ; quand en 1986, après l'accident de Tchernobyl, on nous a dit que les Russes étaient moins forts que nous… et que je lis aujourd'hui que les Japonais sont moins forts que nous… De qui se moque-t-on ?

Je suis en colère quand on me dit que l'on peut continuer à exploiter encore des vieux réacteurs comme Fessenheim en Alsace (qui a trente ans) parce que "plus il est vieux, mieux on connaît un réacteur". Ce n'est pas parce que vous connaissez bien les défauts de votre vieille voiture qu'elle tombe moins souvent en panne et moins gravement (Le réacteur Fukushima-Daiichi 1, qui vient d'exploser avait 40 ans et a été autorisé à continuer de fonctionner pour dix ans en février 2011 !).

Je suis en colère quand on nous dit que l'on ne peut se passer du nucléaire en France, parce que cette énergie fournit prês de 80 % de notre électricité. C'est oublier que l'électricité n'est pas la principale source d'énergie (c'est le pétrole) et que le nucléaire ne représente que 17 % de notre énergie. Si l'on voulait s'arrêter, on pourrait s'appuyer sur une solidarité au niveau de l'Europe : là, le nucléaire ne représente que 35 % de l'électricité et seulement 9 % de l'énergie ! Il suffirait donc d'économiser 9 % pour s'en passer !

Je suis en colère parce qu'au nom de la défense de la croissance économique, les programmes énergétiques français ou européens, négligent toujours plus ou moins le potentiel des économies d'énergies, préférant la surconsommation, éventuellement alimentée par le recours aux énergies renouvelables. Or l'énergie la plus propre reste celle que l'on ne consomme pas. En adoptant les meilleures techniques disponibles et en évitant les comportements énergivores, nous pourrions diviser par 4 notre consommation en une vingtaine d'années.

Je suis en colère parce que les discours économiques nous polluent : on nous dit qu'arrêter un réacteur nucléaire, ce serait de l'argent gaspillé… mais les 1000 milliards d'euros déjà dépensés en 25 ans pour la gestion de la catastrophe de Tchernobyl (et c'est loin d'être terminé), ce n'est pas un gaspillage encore plus grand ? Mille milliards d'euros, c'est sensiblement le coût qu'il a fallu dépenser pour construire l'ensemble des 441 réacteurs actuellement en fonctionnement.

Je suis en colère parce que je sais que l'on peut arrêter relativement rapidement le programme nucléaire français, qu'il existe de multiples scénarios de sortie sur le sujet (de 2 à 30 ans selon les efforts qu'on veut bien consentir).

Je suis en colère quand j'entends mon gendre, 25 ans, ingénieur dans le photovoltaïque, me dire qu'il cherche un nouveau travail car la profession est sinistrée suite aux récentes décisions du gouvernement.

Je suis en colère quand mon fils, 20 ans, me dit : "à quoi ça sert de faire des études si dans cinq ans on a tous un cancer" (et il ne pense pas qu'au nucléaire, mais aussi à la pollution atmosphérique, aux pesticides…)...

Michel Bernard (journaliste à la revue "Silence").

Pourquoi ne pas envoyer les pro-nucléaires français s'installer à Fukushima ? Il y a certainement plein de maisons et d'appartements libres et à loyer plus que modérés, vue la chute de la demande locale. Ce sera l'occasion de mesurer la solidité de leurs choix de société. La raison évidente de cette "omerta" est que tout le système financier mondial risque de s'effondrer avec un "effet domino" quasi instantané.
L.P

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