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FRAISES ESPAGNOLES
Les fraises d'importation
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Bien avant les fraises françaises, les barquettes de ces premiers fruits rouges annonciateurs de l'été s'étalent sur les linéaires des grandes surfaces et sur les marchés, à des prix tentants.
La France importe ainsi chaque année plus de 83 000 tonnes de fraises dont la plupart viennent d'Espagne, issues d'une agriculture au delà de l'intensif, produites dans des conditions sanitaires, sociales et écologiques dont nous vous laissons juges...
Des fraises de qualité médiocre
Peut-on encore parler de « fraises » devant ces super gros fruits rouges, mais encore verts prês de la queue puisque cueillis avant d'être mûrs pour supporter un transport de 2 jours ?
Et que dire de leur absence de goût ?
Le sucre en poudre n'est jamais loin !
Mais après tout, la fadeur de ces fraises bradées entre deux et trois euros le kilo sur les marchés (où, comble de la malhonnêteté, certains n'hésitent pas quelquefois à les faire passer pour des produits français) et dans les grandes surfaces ne regarde finalement que ceux qui se laissent tenter...
Le mode de culture de cette filière de fraise espagnole
Cette production couvre prês de 6000 hectares, dont une bonne centaine empiête déjà en toute illégalité sur le parc national (voir plus bas). Officiellement, 60 % seulement de ces cultures sont autorisées tandis que les autres sont des extensions « sauvages » sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes.
Voici pour le tableau général, mais la culture en elle-même, si elle n'est pas transgénique présente quelques curiosités qui feraient se retourner dans leur tombe nos grands-parents :
- les fraisiers (pourtant vivaces et produisant plusieurs années), sont détruits chaque année.
- les plants sont produits in vitro, puis placés en plein été dans des frigos qui simulent l'hiver, pour avancer leur production.
- à l'automne, la terre sableuse est nettoyée et stérilisée, et la microfaune détruite avec du bromure de méthyl (un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la couche d'ozone, signé en 1987) et de la chloropicrine composée de chlore et d'ammoniaque, un autre poison dangereux qui bloque les alvéoles pulmonaires (voir plus bas le bilan sur la santé)...
Impact du transport
à dix tonnes de fraises en moyenne par camion, ils sont 16 000 par an à parcourir 1 500 km avec les rejets en CO², imbrûlés et particules fines qui vont avec.
En effet, la quasi totalité de ces fruits poussent dans le sud de l'Andalousie, sur les limites du parc national de Doñana, prês du delta du Guadalquivir.
Impact écologique local
Comme si cela ne suffisait pas, cette "usine maraîchère turbo" est installée dans l'une des plus belles réserves d'oiseaux migrateurs et nicheurs d'Europe.
L'eau d'irrigation provient de forages, dont la moitié ont été installés de façon illégale, avec pour résultat d'avoir transformé en savane sèche une partie de cette région de l'Andalousie. Cela entraîne l'exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu'une trentaine dans la région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de disparition.
Quand à la forêt locale, 2 000 hectares ont été rasés pour faire place nette aux fraisiers.
Enfin, la saison terminée (au début du mois de juin), les 5000 tonnes de plastiques sont enfouies n'importe où brûlées sur place lorsqu'ils ne sont pas emportés par le vent...
Il aura fallu qu'une équipe d'enquêteurs du WWF-France s'intéresse à la marée rouge de cette fraise hors saison pour que soit révélée l'aberration écologique de cette production qui ne laisse aucune chance la fraise française de qualité.
Impact social
La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient une main d'oeuvre marocaine, des saisonniers ou des sans papiers sous-payés et logés dans des conditions précaires, qui se réchauffent le soir en brûlant les résidus des serres en plastique recouvrant les fraisiers au coeur de l'hiver.
La récolte terminée, les ouvriers agricoles sont priés de retourner chez eux ou de chercher à se faire embaucher ailleurs en Espagne.
L'impact sanitaire sur place
Les plants poussent sur un plastique noir et sont irrigués avec un coktail d'eau additionnée d'engrais, de pesticides et de fongicides.
Inutile de préciser l'explosion de maladies pulmonaires et d'affections de la peau constatée tant au sein de la main d'oeuvre employée que des riverains des exploitations.
Conclusion
La production et l'exportation de la fraise espagnole (vendue dès la fin de l'hiver et jusqu'en avril), représente ce qu'il y a de moins durable comme type d'agriculture, et perturbe dans l'esprit du public la notion de saison.
Quand la région sera ravagée et la production devenue trop onéreuse, nul doute qu'elle sera transférée au Maroc, où les industriels espagnols de la fraise commencent à s'installer... avant d'être confiée à nos amis chinois, qui nous gratifient déjà et entre autres de fruits tout autant traités...
Que cela ne nous empêche pas de rester vigilants et exigeants sur la qualité des fraises françaises, dont une partie, d'ailleurs, ne pousse pas dans de meilleures conditions écologiques.
Mais ceci est une autre histoire.
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