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CONSERVATION et PLANTATIONS HAIES CHAMPETRES
Conservation des haies et fauchage tardif |
Faisant partie du paysage rural à une époque, puis arrachées massivement dans le cadre du remembrement, les haies sont aujourd'hui replantées...
La haie est un lieu de vie unique qui offre un abri sûr, mais aussi de la nourriture à toutes sortes d'animaux.
Son feuillage et ses épines les mettent à l'abri des intempéries, des regards indiscrets et des prédateurs.
Véritable écosystème, les oiseaux, les mammifères et les invertébrés y constituent une chaîne alimentaire complète.
Selon la diversité végétale de la haie, on peut dénombrer plus d'une centaine d'espèces différentes sur une longueur de 20 m.
Histoire des haies
Dès le Moyen-Age, les forêts ont été déboisées pour dégager les surfaces arables nécessaires à l'extension des cultures vivrières.
Chaque parcelle était délimitée par une bande de végétation appelée haie ou "trace".
La haie, au fil du temps, est devenue un écotone (zone de transition écologique entre plusieurs écosystèmes) dans lequel la chaîne alimentaire a installé ses maillons.
A la campagne, on y prélevait régulièrement des éléments utiles à la vie courante (baies, bois souple ou de chauffe, plantes de la pharmacopée...)
C'est la rationalisation par la mécanisation de l'agriculture, qui ont sonné le glas des haies devenues gênantes.
En France, cette suppression intensive remonte aux années 1960 et suite au remembrement ce ne sont pas moins de 200 000 km de haies qui ont été arrachées (2 millions de kilomètres supprimés à l'échelle mondiale).
Utilité des haies champêtres
Leur première fonction est la séparation de 2 milieux et la visualisation des limites de parcelles.
Mais les haies servent aussi à :
- atténuer les nuisances pour les riverains (déplacement d'air, bruit, odeurs),
- brise-vent naturel,
- abri pour la faune,
- fonction décorative (ses couleurs changent au fil des saisons),
- défensive, si l'on inclue des espèces épineuses (prunelle, aubépines, épine noire...)
Mais nous le verrons plus loin, les haies naturelles présentent de nombreux autres atouts précieux.
Après la suppression des haies
Faute d'abri digne de ce nom pour se protéger, les perdrix connaissent une forte mortalité lors des hivers rigoureux, et ont des problèmes pour nicher au printemps ; les lièvres, eux, ne trouvent plus de site conforme à leurs besoins.
Crapauds, hérissons, orvets... tous grands prédateurs de nuisibles, et amis de l'homme, connaissent le même sort.
Faute de prédateurs naturels des insectes pour les cultures, l'exploitant agricole doit avoir recours à davantage d'insecticides et autres pesticides.
Avec les engrais, ces produits pénètrent dans le sol, polluant les nappes phréatiques et faute de filtre et de barrière constitués par les haies, ils s'écoulent avec les eaux pluviales, vers les cours d'eau et les océans...
Comme révélateur, on peut citer les traces de pesticides retrouvées dans la graisse de phoques vivant en Arctique, loin de toute source de pollution.
Aux USA, on estime qu'environ 20 000 personnes meurent chaque année des suites d'un cancer dû aux pesticides.
En France, l'eau du robinet n'est plus potable dans de nombreuses zones.
L'érosion des sols (par l'eau comme par le vent) et la diminution de la couche de terre arable qui ensuit est énorme (la terre arable est une terre riche en minéraux, indispensable aux cultures; des études ont montré que la perte de 2,5 cm de terre arable entraîne une baisse du rendement agricole de 6 %).
Chaque année dans le monde, l'érosion emporte 24 milliards de tonnes de terre arable, ce qui représente l'équivalent d'une récolte potentielle de 9 millions de tonnes de céréales perdue.
Cette érosion est également une source importante de glissements de terrains, avec parfois des conséquences dramatiques.
Sans les racines des végétaux, les agriculteurs sont souvent obligés de faire poser des tuyaux de drainage, s'ils ne veulent pas voir le rendement de leurs champs diminuer.
Constitution d'une haie
Chaque région, selon son climat et ses espèces territoriales offre des combinaisons de feuillus et persistants permettant une floraison sur une grande partie de l'année.
La taille doit toujours être légère.
Eviter les haies de thuyas monotypes.
Intérêt pour les cultures
A première vue, les cultures en limite de haies paraissent généralement moins belles qu'en milieu de parcelle à cause de la concurrence entre la haie et la culture.
Mais à y regarder de plus près, de récentes études concluent que dans un environnement de haies, le rendement des cultures est supérieur de 5 à 15 %.
Certaines régions (principalement dans les pays du nord) ont vu leur température moyenne sur l'année augmenter de 2 à 3 degrés et les journées de grands vents diminuer ; ceci, quelques années après une campagne de plantation intensive de haies.
la haie est régulateur d'humidité et de température
Grâce à son ombre et à son action sur le vent, le sol se dessèche moins en été ; la rosée est également plus importante.
En hiver, les haies constituent frein aux déplacements d'air froid.
En été, la température à sa proximité est plus fraîche.
Le noisetier est par exemple très efficace, pour créer un micro climat.
la haie est un régulateur d'eau pluviale
Avec les fossés, et grace à son réseau radiculaire, la haie facilite l'infiltration de l'eau dans les nappes phréatiques, et permet un meilleur drainage du sol qui en limite notablement l'érosion.
Le remembrement a d'ailleurs eu pour conséquence direct des coulées de boues dans de nombreuses régions.
la haie constitue une réserve d'humus
L'automne et son épais tapis de feuilles mortes fournissent à la terre un engrais naturel important pour son équilibre. Les feuilles mortes sont digérées par différents insectes, vers, bactéries, vivant dans la haie avant de devenir un engrais naturel riche en minéraux, très utile pour la régénération des sols.
la haie est un brise-vent incomparable
Une haie reste une des meilleure protection des sols contre les effets du vent.
Là où un mur ne protège le sol que sur une longueur égale à 2 fois sa hauteur, une haie permet le même type de protection allant de 10 à 20 fois sa hauteur (plus elle est perméable, plus elle est efficace pour atteindre 70 % de perméabilité dans l'idéal).
la haie est un synthétiseur d'engrais
A travers son réseau radiculaire, elle retient les résidus d'engrais pour les transformer en engrais naturel.
En Bretagne l'épandage du lisier, lorsqu'il n'est pas retenu par les haies, s'écoule" jusqu'à la mer, lors des épisodes pluvieux importants ou stables.
la haie est un abri pour les insectivores
En hébergeant de nombreux animaux se nourrissant d'insectes redoutables pour les cultures (crapaud, lézard, merle, mésange et autres petits oiseaux, coccinelles...)
A l'inverse, de récents travaux menés à l'unité de recherche de Zoologie de l'INRA d'Avignon, ont abouti à la mise au point de haies constituées d'un mélange de divers feuillus, les plus favorables à une diversité des insectes utiles aux cultures.
la haie distributrice de ressources pour l'homme
Nombre de variétés poussent naturellement dans une haie. Autrefois, elles fournissaient des baies pour réaliser des gelées et des confitures (mûriers, prunelliers, sorbiers) et des fruits secs comme avec le noisetier.
des bois divers
Outre les fagots faits avec le bois mort de la haie, les jeunes pousses fournissaient un complément alimentaire pour le bétail, et certaines variétés (charmes, ormes, érables champêtres, etc.) permettaient de réaliser des manches pour les outils.
une décoration unique
Genêt, chèvrefeuille, houx, seringat, noisetier, épine noire, érable champêtre, ronces, églantier et autres espèces participent à fleurir nos haies, du printemps à l'automne.
C'est l'occasion de bouquets champêtres originaux et d'une glane des baies, qui ne sont d'ailleurs pas toutes comestibles.
Il faut rétablir les haies
Suite à l'inquiétude provoquée par l'érosion de la couche de terre arable, depuis les années 80, on commence à comprendre l'intérêt de replanter les haies.
Dans plusieurs régions du monde, on incite aujourd'hui les agriculteurs à replanter des haies, ou si la superficie importante de leurs champs les rend inefficaces, d'autres solutions sont proposées, comme la mise en jachère sur plusieurs années, ou la culture par bandes étroites.
Les Etats-Unis ont été plus directifs encore puisque les agriculteurs qui refusent de le faire sont menacés de suppression de primes, subventions et autres assurances.
Le résultat ne s'est pas fait attendre puisqu'en seulement une quinzaine d'années, l'érosion des terres arables a diminué des 2/3 dans ce pays.
En France le lobby agricole et des conditions climatiques moins extrêmes n'ont pas généralisé ces mesures au niveau national, mais il existe quelques incitations à la replantation des haies.
Les zones les plus rétives à cette idée, sont celles où l'agriculture est la plus intensive, principalement les régions céréalières.
Leur opposition corporatiste d'hier est de plus en plus en butte à la prise de conscience des contribuables lassés de payer pour subventionner une agriculture qui fait la part belle aux pesticides, engrais et autres traitements chimiques, et ensuite de devoir régler la facture pour nettoyer l'eau souillée par ces mêmes produits...
Le fauchage tardif
Le principe du fauchage dit "tardif", maintient une biodiversité, en laissant la possibilité aux hôtes de ces zones de se reproduire et de vivre dans un biotope favorable.
En laissant pousser la végétation jusqu'au bout de son cycle, sur les bas-côtés des routes, les talus, les fossés, les rives des canaux et riviêres... le fauchage tardif permet le maintien de la faune et de la flore locales.
Il commence à être pris en compte par les municipalités dans l'entretien des espaces verts.
Concrètement, le fauchage tardif consiste à maintenir la végétation sur les bas-côtés des routes, voies ferrées et voies d'eau pendant les périodes printanières et estivales afin de favoriser le développement de la faune et de la flore abritées dans les hautes herbes poussant sur les zones herbeuses.
La fauche n'interviendra qu'en automne et en hiver, une fois accompli le cycle naturel des espèces animales et végétales.
En complément du maintien des haies, ce décalage des travaux de fauche favorise le maintien et même l'apparition de certaines espèces de plantes sauvages, plantes à fleurs (coquelicots, boutons d'or.) propices aux papillons, araignées, oiseaux et petits mammifères, tels que les hérissons ou bergeronnettes.
La guérilla jardinière
Né au Etats-Unis, ce mouvement a essaimé en Europe et déferle aujourd'hui en France.
La guérilla jardinière est une forme d'action directe citoyenne, écologique et non violente.
Elle consiste à se réapproprier les friches et interstices urbains en y plantant illégalement des fleurs, voire des légumes. Les éco-guérilleros entendent ainsi réenchanter la ville, faire un pied de nez au gris du béton en semant la beauté et la couleur.
Ils se donnent rendez-vous via Internet et agissent de nuit.
Leur arsenal : des plantes et semences triées sur le volet qu'ils cultivent eux-mêmes et s'échangent, des "bombes pacifiques" à graines...
Mais qu'on ne s'y trompe pas, au-delà de sa dimension esthétique et parfois même artistique, la guérilla jardinière est une fronde qui défend le droit à la terre et l'autonomie alimentaire : l'accês à un foncier devenu inaccessible, une agriculture bio et locale face au modèle productiviste, les jardins communautaires...
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