Accueil Ecologie profonde Agriculture Pesticides Eco-guerriers La nature La chasse
Ecologie Profonde Ecologie profonde
Les impacts de l'agriculture intensive Agriculture intensive
Les Pesticides Pesticides
Les Eco-guerriers Eco-guerriers
Pro et anti-chasseurs Pro & Anti chasse
Manifeste pour la Narure Pour la Nature
Livres de Roger Ribotto Bibliographie
Roger Ribotto Liens Ecologie
Roger Ribotto Agenda Ecologique
Annonces immmobilières écologiques Achat Immo Ecolo

contact
Roger Ribotto



SITECOM.BIZ
Tous droits réservés.

POUR LA NATURE
- Chapitre I -
Ressentir


Pour télécharger et / ou imprimer ce texte, cliquez sur ce lien.

Les Pyrenées quel meilleur cadre pour Ressentir la Nature Nature, le mot est omniprésent. En témoignent les publicités sur les produits les plus variés, parfois inattendus, parfois néfastes à la flore et à la faune. Nature ! Tu es devenue transparente, évanescente, nous ne te voyons plus dans ton authenticité. Nous, occidentaux, si ce n’est nous d’une bonne partie de la planète, en sommes séparés comme jamais dans l’histoire. Nous vivons dans des bulles plus ou moins urbaines, allons de bulles en bulles avec quelques pseudopodes vers une nature bien « aménagée ». En dépit de réflexes venus du passé et de poésies surannées, la campagne moderne, industrielle, à rentabilité exigée à court terme, est anti nature.
L’avenir sera pire si nous nous entêtons à rester éloignés de la nature. Le présent sera plus jouissif si nous nous en rapprochons. Respectueusement jouissif. Plus intelligent aussi. Quelle pitié de découvrir en fin de vie que l’on n’a pas vécu ! (2).

« Ressentir la nature » est tout proche de « Connaître la nature ». L’étymologie éclaire. Connaître = con + naître : naître avec. Comment naître, renaître ? Seule l’émotion est efficace lance-t-on à ma gauche. Hors science, hors raison, rien de sérieux profère-t-on à ma droite. Emotion et raison. Ne pas les séparer dans la profondeur de la réalité. Les séparer quand même pour en discuter à l’aise.

Emotion
Je la privilégie et la brandis. La balance penche trop vers la logique. Celui qui sait une chose ne vaut pas celui qui l’aime. Celui qui aime une chose ne vaut pas celui qui en fait sa joie dit le sage, chinois, bien entendu (3).Celui qui n’a rien senti, ne sait rien apprendre écrit l’ami de Saint-Preux (4). Qu’ajouter ? Simplement : illustrer, insister.

Contact avec la nature dont le mystère se réfléchit au miroir de nos cœurs (5). Afin que le premier élan ne soit freiné, bloqué, rassurons. Dans nos pays où aucun boa ne rampe, aucune mouche tsé-tsé ne sévit, le contact n’a rien de surhumain, d’inhumain. D’abord l’ambiance : jeux d’ombres et de lumières, en sous-bois ou au soleil couchant. Cris, chants, bruits et bruissements. Concertos pour prairies avec cigales, grillons et criquets. Mares qui coassent. Silences. Brumes ou pluie. Vent. Je suis ce vent (6). L’inanimé n’est jamais atone. Falaises abruptes, grottes sombres, montagnes qui écrasent ou font planer et dominer. Les êtres vivants ! Petits points de couleur de fleurs timides ou exhibitions orgueilleuses de fleurs chatoyantes. Buse qui tournoie dans le ciel en miaulant. Parades nuptiales incroyables. Le végétal attire en premier, en promenade. Il se fixe, s’enracine partout, pavé, caillou ou n’importe quel sol meuble. Lichens discrets et pionniers. Foisonnements. Energie des plantes. Des moments miracle, des jours de chance : la rencontre. Celle de la plante, libre et sauvage. Celle de l’animal libre et sauvage (7). Chevreuil surpris qui se fige, vous fixe et d’un bond s’enfuit en jappant. Martre, petite carnassière, qui se redresse soudain pour inspecter les alentours puis repart de sa démarche féline. Le regard de l’animal : il libère des profondeurs, des intensités d’univers parallèles. Empreintes dans la terre boueuse. L’animal n’est plus là mais - comment dire ? - son âme y est encore. Au lever du jour, à la tombée de la nuit, l’homme absent - enfin ! - il s’est aventuré hors de sa tanière, il a inscrit sa vie dans sa trace. Souvenirs de promeneur solitaire ou accompagné, très ordinaire. En nature comme en société, l’attention s’accroche au brillant, au somptueux. Prenez garde qu’il ne glisse trop vite sur le discret. Ecoutez ces quelques réactions de princes du verbe. Celui-ci s’extasie sur les beautés qui n’attendent aucune louange (8). Celui-là apprend à plaire à Dieu en imitant les fleurettes des prés (9). Enfin, le grand académicien expose que s’identifier à la plus humble des formes de vie est le principe de toute sagesse (10).

Les jumelles ne sont pas indispensables, il n’est besoin de rien, que de soi, pour pénétrer en nature. Mais quel plaisir à les manier ! Voyeurisme ? Honni soit qui mal y pense ! Des intimités animales que nous ne dérangeons pas, s’exposent ingénument. Admirez cette plante de loin sans avoir à piétiner hors sentier. Des instruments prolongent à merveille nos capacités de contact. Sous la simple loupe, la mousse devient jungle luxuriante. Sous la binoculaire, de très petites bêtes explosent en monstres de science fiction.

Des possesseurs de chien placent l’intelligence de leur animal très au dessus de celle d’Einstein, et la sensibilité de la Dame aux camélias ne leur arriverait pas à la truffe. Il ne faut pas pousser si loin. Hommes et animaux sont autres. Les hommes entre eux aussi d’ailleurs. Les érudits jugent la démarche anti scientifique, donc négative. Ils condamnent ce qu’en jargon ils nomment anthropomorphisme : attribuer aux non humains et aux choses des réactions humaines. Ne pas confondre – autre jargon – avec l’anthopocentrisme, objet d’un chapitre plus avant. Pourtant, ne pas pousser à son tour aussi l’accusation trop loin. L’homme est la mesure de toutes choses, dit Protagoras. En dernière instance, je mesure les vivants à mon aune. Car enfin, nous avons des similarités des identités. Manger, se reproduire, jouer, se défendre, dominer, décider. Je tiens d’autant plus ferme là-dessus que de grands penseurs me cautionnent. Jonas par exemple (11). Alors, pour mieux connaître, mieux se connaître, incarnons-nous en la forme vivante que nous croisons, observons. Soyons l’oiseau qui migre, ailes alourdies par des centaines de kilomètres, et passe en bandes, en V, au-dessus des têtes. Imaginons la traversée par le renard ou le scarabée d’une allée, d’une route circulée. Soyons le prédateur affamé qui chasse ou s’embusque. Soyons la proie craintive qui se dissimule ou succombe. Trottinons avec les yeux et à hauteur de lézard ou de campagnol. Etre poisson avec la sensualité de Gide (12). Etre la fourmi pour qui la goutte de pluie, caresse pour nous, est chute d’un météorite sur le dos (Cf. film « Microcosmos »). Etre l’arbre splendide l’été, dépouillé l’hiver ; vieillir les décennies et les siècles comme lui. Etre la branche qui ploie sous le vent, le brin d’herbe qui se redresse après qu’on lui ait marché dessus. Non le représentant abstrait de telle espèce mais l’individu concret qui se trémousse là devant nous. Tessonner : se rapprocher d’autant plus de l’animal que celui-ci, par sa forme, sa vie, est loin de nous (13).

Je ne crois ni en Dieu, ni aux dieux ni aux diables. Encore que pour ces derniers, méfiance ! Tant d’hommes sont de purs démons qu’il faut bien quelque part un prototype. Du coup, pourquoi gaspiller de l’octet pour du sacré ? Le spiritualisme est en nous. N’avez-vous jamais vécu des expériences de ce type ? Vous êtes seul ou en petit groupe, en campagne. L’orage qui vous a fait presser le pas, finit par éclater sur vos têtes. Les éclairs strient le ciel comme pour vous foudroyer ; le tonnerre gronde, roule, explose, il vous rend minuscules et gorges serrées. En ces instants, n’êtes vous pas tout prêt à croire en un Zeus furieux, la foudre en ses poings immenses. Vous comprenez que des bois sombres et inquiétants aient pu être consacrés à des dieux avec un arbre comme intercesseur. Je fus un chêne et j’eus des autels et des prêtres (14). Le chêne toujours sacré qui relie la terre au ciel. Des nymphes qui dansent autour des arbres, les protégeant, gémissant lorsque les bûcherons manient leur cognée. Revenez dryades, châtiez ces défricheurs qui dépècent les forêts pour quelques euros touristiques de plus. L’eau : mythes sans fin ; bénéfique, maléfique, jamais neutre ; source de vie et de santé, il n’y a pas si longtemps ! Fontaines où jouent les naïades. Rêves au bord d’un étang calme, pensées actives près d’un ruisseau aux eaux vives. Se confondre avec le ruisseau qui - pour combien de temps ? - s’égare, libre, dans les prairies.
(la brise ?) caressant l’eau fraîche chante à travers les rameaux verts et du feuillage qui palpite descend un lourd sommeil (Sappho) (15).
Jouir du courant :
Laissez chanter
L’eau qui chante
Laissez courir
L’eau qui court
L’eau qui vit
L’eau qui bondit
L’eau qui jaillit
(Ph. Soupault) (16).

Cela est de l’animisme.
Pour le définir, place à des connaisseurs qui ne sont pas de la petite bière. Descola écrit que l’animisme est l’imputation à des non humains d’une intériorité analogue à la leur (17). Pour Jacques Monod, l’animiste projette dans la nature son propre système nerveux ; il explique le naturel par ce qui fonde l’activité humaine. La culture moderne n’a pas renoncé à l’interprétation subjective de la nature. Car existent toujours l’angoisse, le besoin de renouer l’alliance (18).
Notre animisme se veut poésie, sans poésie, sans clé pour vibrer, comment approcher la nature ?

Emotion par la nature, dans la nature. Voici un paquet de mots. Vous prenez un air condescendant, vous n’y entendez que du creux. Mais, si vos contacts avec la nature ne sont pas trop rares, des sentiments vont sourdre puis surgir en cascades. Voisinage du vivant : perceptions d’abord neutres puis épanouissantes. Parenté, appartenance au vivant. Connivence. Communication : nature et vies s’expriment. Imprégnation. Eveils. Sentir, ressentir. Vibrer. Palpiter. Etonnements. Emerveillements et joies. Répondre à l’appel de la forêt, de la montagne, du fleuve.

Que la nature est belle ! Sursaut fréquent devant un paysage, une fleur ou un animal. Il est un besoin plus noble que satisfait la nature, à savoir l’amour de la beauté (19). Le beau semble évident. Le définir ne l’est pas. Le top de la pensée s’y est frotté. Platon, ou l’un de ses imitateurs, le prend comme sujet (« Hippias majeur »). Il passe tout en revue : beauté d’une femme, d’une casserole, l’or qui embellit, etc. Il n’en sort rien de structuré. Kant conclut doctement : Le beau est ce qui est représenté sans concepts comme une satisfaction universelle. (« Critique de la façon de juger ») Deux positions s’opposent. A moins qu’elles ne se complètent. Un, la beauté est dans le regard : Kant. Elle variera donc selon les gens, les lieux, les temps. Deux : la beauté est objective ; affirmation d’une tendance dite « esthétique environnementale ». Le gourou ou le précurseur en serait l’américain Allen Carlson. Résumons-la : la beauté n’est pas seulement dans le regard, elle est au sein de ce qui est regardé. Elle se décrit en s’appuyant sur des connaissance objectives (jargon : cognitivisme) issues des sciences naturelles, biologiques par exemple. Autrement dit, la beauté repose sur du rationnel. Je n’y crois qu’à moitié. Rien n’est simple, n’est ce pas ? Ainsi finirez-vous par trouver beau quelqu’un qui ne l’est pas, selon les canons habituels, au fur et à mesure que vous le connaîtrez mieux. Nous entrons en nature par le paysage. Vous croiserez dans des sites naturels touristiques fréquentés, des centres d’initiations, des écomusées proposant des « lectures de paysages » très techniques. Des livres guides arithmétisent, en étoilant, panoramas, curiosités, pittoresques…Mais, à notre sens, le sentiment est au fondement. La rencontre des majestés et des sections encore épargnées de vallées des Pyrénées est d’abord de l’éblouissement. Nous apprécions les paysages sous l’effet de conditionnements variés. L’historique nous laissera ému devant la morne et sombre plaine de Waterloo. Des sites favorisent la méditation, certains ont accueilli des menhirs ou des sanctuaires. D’autres effraient ; il fut un temps où la montagne était horrible. Tout paysage serait politique écrivent des professionnels en sciences humaines. Un paysage quelconque serait un état de l’âme infère un romantique (20). Buffon, le grand Buffon est irritant qui écrit : la nature brute est hideuse et mourante. Qu’elle est belle cette nature cultivée ! Que par les soins de l’homme elle est brillante et somptueusement parée ! (21). Il a l’excuse qu’en son temps, il n’avait pas d’agriculture intensive sous les yeux.

Voici l’important : le paysage est un écrin dont les formes de vie sont le joyau. Si le paysage peut être commun, la nature ne l’est jamais. Imaginons toujours la vie qui foisonne, se déploie dans les reliefs de montagnes, la sinuosité de cours d’eau ou la tache verte de forêts. Un paysage vit parce qu’il est présence et imbrication de vies.

Ayez l’oeil ! Le laid se dissimule parfois sous le beau. Et inversement. Premier cas. J’ai aimé en son temps cette vaste plaine, un peu vallonnée, verte de céréales ondulantes au printemps, jaune dorée sous le soleil de fin d’été. J’ai su que ce sol pour maïs était saturé des poisons que l’on y déverse ; que ceux-ci sont redoutables pour toute vie d’aujourd’hui et de demain. Maintenant, ce paysage me serre la gorge. Deuxième cas. Des animaux nous semblent laids, entre autres, parce qu’ils font peur. Aide-nous, vieil Hugo, poète des araignées à pattes velues. J’aime l’araignée et j’aime l’ortie (22). Déjà Aristote insistait : entrons sans dégoût dans l’étude de chaque espèce animale : en chacune il y a de la nature et de la beauté (23). L’empereur philosophe trouve belle la bave du sanglier en fuite (24).
La beauté résiste t-elle au laid ? Dans cette commune, on révise un plan d’urbanisme. Premières réunions : présentation du patrimoine, des paysages, de la nature. Extase : que c’est beau chez nous ! Réunions suivantes, « sérieuses ». On programme. On urbanise même, surtout, dans les endroits remarquables ; pour les nouveaux habitants escomptés, ce sera davantage vendable là qu’ailleurs, pensent Messieurs les conseillers. Qu’importe si ainsi on enlaidit ! Pourtant, le sentiment du beau est puissant. Il emplit de fureur les riverains d’une nature que l’on défigure. Mais, dans les débats, il est abandonné sur les bas-côtés. Sa défense ne sait sur quoi de rationnel s’appuyer pour convaincre – au secours Allen Carlson ! Quel regret que la beauté ne se moule pas dans des articles opérationnels du Code de l’urbanisme ! Il faut se replier sur du plus efficace. Ainsi des textes officiels de protection, toute relative, d’espèces vivantes présentes sur le site seront cités pour tenter de sauver celui-ci. Très regrettable que cette mise au placard, au rancart ! Et pourtant, pourtant….La beauté est parfaitement présentable dans une discussion même si Socrate est perplexe. Vous êtes nombreux à la ressentir ? Elle acquiert alors une universalité, comme dirait un kantien, qui en fait une force.

Inculquer l’émotion ? Question indigente, répliquez-vous. Face à la nature, ça ne s’apprend ni ne se crée par décret. Elle s’éveille ou dort lorsque chante la mésange ou tournoient les feuilles d’automne. Elle dépend de ce que les circonstances ou les gènes font de nous. Nous pouvons, au moins, ne pas nous y opposer, lui laisser son temps et un peu d’espace. Un degré de mieux : favoriser des occasions. Avec parents, amis, gens rencontrés. Je plaide ici pour des moments de nature pure – tout est relatif ! Des moments pour y plonger autrement que dans un Muséum ou un arboretum. Ailleurs que dans ces lieux où les fruits les plus visibles sont des étiquettes en latin. Ailleurs que dans ces groupes où le clapotis des ruisseaux est couvert par les commentaires d’organisateurs certifiés. Mais là où l’on ne s’acharne pas à tout nommer : nommer est vouloir posséder (25). Là où « perdre son temps », errer, s’immerger est la voie.
A chacun sa posture. La mienne est la contemplation davantage que l’épreuve sportive. Comme vous, je dévalue qui n’est pas comme moi. Grimper, suer, affronter l’épine et la boue, non merci ! Au fait, un Rambo écolo est-il concevable ? Randonner sans flâner du regard, aller de A à B, distances et vitesses de marche telles que la fierté s’en dilate, rien à dire. Mais s’adonner à ces pratiques motorisées, ces activités dites de pleine nature qui détruisent pleinement la nature : quelle misère !


Sensibilisation
L’adulte est tôt formaté, il l’est vers l’anti nature ; pour beaucoup, il faudra l’événement pour fendre la cuirasse. L’enfant, lui, serait spontanément prêt à aimer la nature : monde magique. Il y a là une période de vie à ne pas gaspiller, à ne pas laisser passer. OK, l’enfant n’est pas tout blanc ; à certains âges, il jubile d’écraser sous ses talons, les bestioles en déroute. Ca ne dure pas, il comprendra, enfin ! il pourra comprendre si vous l’éclairez. L’adulte a une mission : lui offrir la promenade en forêt, le long de haies, l’observation près de l’étang. Des chasseurs racontent que le plaisir de leur loisir s’ancre dans des traques où ils ont accompagné leur père ou leur oncle. Pourquoi ce qui va bien avec la mort, n’irait-il pas bien pour la vie ? Détournons une métaphore indienne (de l’Inde) (26). Le trésor que vous dispenserez est comme un morceau de sel. Jeté dans l’eau – dans l’âme – il s’y dissout et ne le voyez plus. Vous savez cependant, qu’en doses inconnues il y demeure présent. Ne pas imposer bien sûr. Pas d’incohérences. Ainsi le reproche véhément pour la cueillette de fleurs protégées tandis que soi-même l’on déambule dans les rues commerçantes de sa ville en 4x4. Dans des pages proches, nous aborderons les rives de l’Education nationale. Souhaitons en ce point que des sorties scolaires insèrent de l’immersion dans la pédagogie (27).
La photo est propice au contact. Beaucoup de Festivals en témoignent (28). Elle est au total un art comme la peinture ou la sculpture. A une pause café, vous pourrez comparer art et nature. Choisir Hegel : Or autant l’esprit et ses créations sont plus élevés que la nature et ses créations, autant le beau artistique est lui aussi plus élevé que la beauté de la nature. (« Esthétique ») Préférer Baudelaire pour qui l’art ne peut que reproduire la nature. Dans l’esprit de cet essai, la « bonne » photo est celle qui émeut celle ou celui qui déclenche, celle ou celui qui admire l’épreuve. Elle prédispose à protéger. « Une bonne photo peut suffire à faire aimer les nuisibles » (Nuisibles : belette, martre, fouine, etc.) (29). Parfait ! Mais attention ! Tenir en laisse les pulsions qui dégradent nature et photographe. Artificialiser un tout petit peu pour « mettre en valeur » tel insecte, telle fleur, passe encore. Mais ces infâmes, non ! Ceux qui se répandent partout et ne respectent rien : nids, parades nuptiales, haltes et repos d’êtres fragiles. Ne dérangez pas les espèces qu’on ne voit jamais. S’il s’en trouve encore, même moins horribles, ostracisez les Audubon. De beaux dessins toujours en vente, des discours écolos, loués, paraît-il, par Cuvier. Mais le peintre naturaliste américain tuait ou cassait les os des oiseaux qu’il représentait, pour plus de facilités.

Littérature, films nature. Quels effets de ces écrits et images ? Difficile à évaluer. Au moins des semences, des germinations possibles. Je n’ai partie liée avec aucun libraire mais des ouvrages valent d’être offerts. Des DVD aussi, ceux par exemple de films tels que « Le peuple migrateur », « Micropolis », etc. Internet ? Je ne sais qu’en tirer, ça va dans tous les sens. Malgré une impression de multiplicité d’offres de tous genres, l’ensemble demeure en dessous de la nécessité, en particulier en diversité ; en dessous des possibilités.

Vous que la nature transcende, qui savez posséder le don de la magnifier, autrement, mieux que dans ce qui se vend, le don de toucher large, la nature, le vivant ont besoin de vous. Donc vous avez des devoirs. Vous : romancier(e)s, poètes, compositeurs de chanson, chanteurs et chanteuses, metteurs en scène et réalisateurs(trices). La télé n’a pas tout donné. Nous avons – avons eu - Hulot pour le sublime outre France (30) ; hulots de proximité lancez-vous !


S’instruire
Pour connaître : apprendre. Apprendre est raisonner, observer avec logique, objectiver. Par ici la sortie Madame l’Emotion ? Mais non, restez, vous n’en avez pas encore fini. Vous êtes en boucle, en spirale amplifiante. De l’émotion naît le désir du savoir. Et le savoir est source d’émotion. La nature parle au cœur et au cerveau. La contemplation de la nature incite à la pensée, écrit Goethe (31). Quelques exemples qui devraient vous fasciner. Il en est des milliers d’autres : en nature, tout est fascinant.
Les « Souvenirs entomologiques » du gigantesque Fabre, chapitre « les trois coups de poignards » (32). Un sphex - une certaine guêpe qui ne pique pas ! – creuse dans le sol. Il confectionne une cellule qui renfermera ses œufs. Puis, il part capturer une sauterelle (une éphippigère). Il lui mâchouille un ganglion cervical, juste le temps qu’il faut pour que la proie reste sage. Plus tard, avec son dard, il lui pique trois ganglions au niveau du thorax, ceux-là précisément et pas d’autres, ceux qui dans la chaîne nerveuse commandent l’agitation des pattes. La sauterelle devient inerte mais vit. Le sphex la transporte dans sa cellule - crèche ; même aventure avec quelques autres de ses consoeurs mises en même état. Il pond ses œufs dans la cellule, enfin il clôt celle-ci. Retenez votre souffle. Les larves issues des œufs se nourriront de chair fraîche. C’est possible parce que les sauterelles étant paralysées ne peuvent éloigner qui les dévore. Pour qu’il en soit ainsi, il a fallu que la guêpe atteigne en plein et non aux abords, trois ganglions tout proches. Une erreur, la piqûre d’un ganglion cérébral par exemple, et la sauterelle mourait. Les bébés sphex aussi par manque de nourriture consommable. Si cette histoire vous laisse froid, prenez vite rendez-vous avec votre docteur. Darwin connaît peut-être la réponse mais quand même. Par quelles séries d’évolutions conjointes de la guêpe et de la sauterelle, par quelles séries de réussites et échecs s’étalant sur des temps très longs, en arrive t-on à cette situation ?
Quelques secondes encore avec les petites bêtes, avec l’abeille. L’homme la connaît depuis longtemps, il consommait du miel voici plus de 10.000 ans. Celui d’aujourd’hui sait que cet insecte a une organisation sociale remarquable. Il sait son importance pour la pollinisation des fleurs Mais le savant fouille toujours plus. Un scientifique allemand, Karl Von Fritch – prix Nobel 1973, spécialiste du comportement animal (éthologue) – relate un aspect incroyable de la communication des abeilles entre elles. Une citoyenne ailée, zélée, découvre des fleurs qui valent d’être butinées. Elle réintègre son foyer, sa ruche. Elle rend compte à sa communauté. Là est l’incroyable ! Sur des trajectoires tantôt courbes, tantôt rectilignes, elle danse. « Danses en huit » ou frétillantes, inclinaisons d’abdomen, variations dans le frétillement des ailes ou la rapidité de la course, variations de l’angle de cette course avec la direction du soleil, l’abeille informe très exactement ses consoeurs sur la position et la distance des fleurs par rapport à la ruche. Tout ça dans cette ouvrière qui passe au ras de ma barbe et que je salue avec l’expression de ma considération distinguée.

Sentiments en transes non seulement avec des êtres complets mais aussi des parties d’êtres. L’étudiant entre là-dedans par le menu, chimie, physique. Il est tendu : les Q.C.M. le stressent. Pour vous, si le vulgarisateur est bon, la biologie est de l’enchantement. Voyez.…l’œil : son évolution à travers les espèces. Des premières cellules photo réceptrices à la merveille que vous hébergez. Pour que ça marche, il a fallu que tout aille dans le même sens. Pas seulement ce qui est purement lié à la vision mais les muscles, le squelette, le système nerveux, le cerveau, le sang.
Les philosophes affrontent ces équations. Bergson (33) fait des hypothèses d’évolutions : brusques ou par variations successives faibles. Et d’autres. Pour expliquer, il s’en sort avec son « élan vital ». Chaque fois que je cligne de l’œil, mes pensées flashent. Persuadez-vous en : bien apprendre les sciences de la vie engage sa vie. Le savoir biologique est indispensable à la raison (34).
Ce savoir détaille les interdépendances, êtres vivants entre eux, êtres avec la planète. Ecosystèmes, biosphère : des usines et de l’anarchie, de l’organisé et de l’aléatoire, du giga et du micro. De l’union : Nous le savons toutes choses sont liées comme par le sang qui unit une même famille (35). En surplomb, la saga formidable, l’odyssée incroyable de la vie : l’Evolution. Début il y a trois milliards et demi d’années. Catastrophes et rebonds, apparitions et disparitions des espèces et, en accompagnement : transformation des paysages avec montagnes venues des tréfonds ou continents se disloquant.


Comment s’instruire ?
Nous attendons tout de l’Education Nationale ou de ses substituts privés. Nous en attendons tout pour l’environnement et la nature. Commençons par le « mammouth » et le primaire.
Pas besoin de réprimandes spéciales sur l’enfant pour qu’il aille à la nature. Il s’y rue, s’y épanouit. Mais les structures structurent : personnel, programmes, activités. Elles raidissent. Tout ne va pas comme sur des roulettes. Le prof. – l’ex-instit, titre à gloire intacte – motivé, sensibilisé, reste la force principale des armées pour la nature. Des enfants garderont toute leur vie, grâce à leur empreinte, le plaisir de découvrir et d’en jouir : les éducateurs à la nature ont une mission fantastique (36). Prions ensemble pour que ces escouades survivent en dépit des difficultés et ambiances du moment. Les sorties hors école sont efficaces et agréables. Meilleures que des projections de DVD en salle ! Problèmes : pour parents et sociétés le risque zéro est déjà de trop, se salir avec de la boue : intolérable. Son organisation relève des travaux d’Hercule. Un spécialiste qui semble digne de confiance, tient que les obstacles pour des sorties demeurent malgré tout surmontables (37). Avec de la ténacité. C’est la leçon : sans ténacité enseignante, pas de connaissance profonde, de sensibilisation. Comme si faire du normal exigeait de l’exceptionnel.
Petite plongée sommaire dans un passé pas si lointain. Au début, Jean Piaget, mort en 1980. Toujours cité. Il étudie la psychologie de l’enfant. (« La représentation du monde chez l’enfant »). Il propose un enseignement adapté à cette psychologie et non l’inverse. Des tendances pédagogiques nouvelles surgissent entre les deux guerres mondiales. Beaucoup se réclament de Piaget. Des noms ? Au moins : Célestin Freinet et Maria Montessori. On les regroupe sous l’appellation « Education nouvelle » De l’enthousiasme. Des principes proches d’un : « l’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais un feu qu’on allume. » L’école n’est pas une caserne, pas de cours du haut d’une estrade. Du spontané. Des méthodes actives. Attention ! Réveillez-vous car voici qui nous chatouille agréablement. Contact avec le réel. Contact avec la nature. Celle-ci fut une assise essentielle. « L’Education nouvelle » a brillé par l’esprit, par quelques applications. Ca s’est surtout passé pendant la deuxième moitié du 20e siècle. Elle s’est heurtée à des vents contraires, des vents d’intransigeance. Le spontané a de graves défauts a-t-on objecté. Elle existe peut-être encore, à l’état d’espèce rare non protégée. Même en rêve, je n’oserais discuter des nécessités pédagogiques, il y faut une compétence particulière. Mais l’exigence de nature dans l’enseignement comme dans la vie, est bien plus pressante aujourd’hui qu’hier. Sans nouveaux Freinet et Montessori nous sommes cuits. La demande de compétitivité des parents et de la société doit être contrebalancée. Un peu !

A s’en tenir au papier et à la voix, l’éducation à l’environnement est primordiale et internationale. Détail : la nature sauf sous sa forme suspecte de biodiversité, y est toute menue. Cette éducation est une part de ces gigantesques messes qui embrasent médias et blogueurs : Stockholm en 1972, première conférence internationale de l’ONU sur l’environnement ; Rio – la baie de Rio !- en 1992 ; Johannesburg, 2002, Chirac y lit du Hulot, un beau texte : la maison brûle mais nous regardons ailleurs. Elle en est la totalité pour d’autres, quelques crans en dessous pour la médiatisation. Belgrade sous Ceausescu, 1975. Tbilissi, URSS, 1977, Moscou 1987, Toronto 1992, Athènes pour préparer la suite 1995, Thessalonique 1997, puis Kiev, re-Belgrade, Bonn, Paris en 2009 (38). Série qu’aucun dernier épisode ne semble devoir clore.
Il faut imaginer l’admirable effervescence qu’entraînent ces kermesses. D’abord les préparer. Dans chaque pays, que de rencontres, pré -rencontres, groupes de travail, montagnes de documents à constituer, cadences infernales des photocopieuses et des agrafeuses, sueur, café, essence car on bouge beaucoup. Puis des charters aériens transportent des foules de maîtres en pédagogie, experts associatifs, politiques qui s’encanaillent en vert, médias, pique assiettes. Branle-bas de combats pendant les Conférences. Retours plus calmes mais encore du travail : comptes-rendus, exposés, projets de mesures, etc. Il en sort des proclamations, des incitations, des chartes, des guides. Des consensus avec des mots qui sonnent bien et engagent peu. Ne nous renfrognons pas, pas trop. Si ces remue-ménage, ces remue-méninges, n’existaient pas nous dirions : quelle honte ! Ils sont là. Ils concentrent de l’info sur l’éducation à l’environnement, limites, contraintes, perspectives, si ce n’est sur l’écologie. Ils mettent à disposition des arguments, des phrases à replacer pour stimuler, gêner, résister. Mais hors sérail de l’enseignement, qui connaît ces solennités ?

Quelles traductions concrètes dans la réalité ? Réduisent-elles l’écart entre réalité et nécessité ? Poser ces questions n’est ce pas y répondre ?

En France, il semble que deux sphères interfèrent. L’une est l’ERE : éducation relative à l’environnement. Quelques remarques sur les petits mots. Education « à » ou « au sujet de » l’environnement signifie connaissances, savoirs, compétences. Education « par » : recherche de son développement personnel par le biais de l’environnement. Education « pour » : protection de l’environnement. Education « relative à », ERE donc, fusionne tout. Cette ERE rassemble un petit peuple de profs, animateurs, des compétences en nature, environnement, pédagogie. Je l’ai tangentée. Elle était ardente. J’espère qu’elle l’est toujours. Elle se réunit, elle est internationale elle aussi, elle propose. Elle est en phase avec les bons mots des Conférences. Elle influe au mieux de ses forces sur l’enseignement officiel. Elle veut l’écocitoyenneté, réenchanter le monde. Pas seulement incitatrice d’écogestes mais aussi critique sociale et politique. A quoi sert l’ERE ? Au vu des seuls résultats à rien. Le verbe ne se fait pas chair. Il n’est pas possible que ses réflexions ne servent à rien. Ce doivent être, là encore, des semences sinon ce serait à désespérer.

L’autre sphère est l’Education nationale. Aujourd’hui, elle valorise l’éducation au « développement durable ». L’expression est née médiatiquement d’un rapport d’une Commission de l’ONU. La sage femme en fut Mme Brundtland, première Ministre de Norvège à l’époque (1988). Un bout de phrase du document a acquis la renommée d’une chanson de Michaël Jackson : il faut un type de développement qui vise « à assurer le bien-être des générations actuelles sans compromettre celui des générations futures ». Brundtland incite à la prudence dans l’exploitation de la planète, recommande une attitude responsable. Mon opinion : le développement durable n’est pas une fin en soi ; intrinsèquement, le développement n’est et ne peut être durable dans un monde fini. Comme pédagogie, pourquoi pas ? Enseigner une transition vers un monde où les ressources étant moindres, il faudra être différent. En passant, savez-vous qu’une résolution de l’ONU fait de la décennie 2005-2015 celle de l’éducation au développent durable ? Non, évidemment. C’était inévitable : ceux qui ont le pouvoir ont mis le grappin sur l’image. EDD, éducation au développement durable, égale EPVD : éducation à la peinture verte durable. Puisse la vertu, l’ERE, contrebalancer le vice, l’EDD !

Le sage poldave souffle : demande peu quand il y a peu à distribuer. N’est-il pas des circonstances où sans quelques petits « plus », il manquera beaucoup ? En voici deux. Le premier : incorporer dans l’éducation à la nature, à l’environnement, les réflexions, pensées, philosophies d’aujourd’hui, de France et d’ailleurs, sur ces thèmes. Elles approfondiront, enrichiront connaissances et sentiments. Le deuxième, l’imaginaire : ensemble d’images mentales organisées dans notre esprit. Parce que l’imaginaire est proprement éco-logique, une pédagogie qui aide à son expression et à sa valorisation a toute sa place en éducation à l’environnement (39).

Hors éducation nationale, est-ce le désert ? Des coins de France proposent des initiations, découvertes de la nature sous des formes diverses. Des associatifs, souvent bénévoles, offrent visites et expos. Associations et collectivités locales, avec des partages variables des pouvoirs, créent centres, maisons de la nature, écomusées, etc. Des territoires bénéficient, comme par définition, de semblables équipements : parcs nationaux ou naturels régionaux, par exemple. Des organismes qui n’ont rien de scolaires, se dotent de services ad hoc. Cas de structures para publiques comme l’Office national des forêts (ONF) responsable d’un milieu naturel emblématique. Profiter de ces offres n’est pas du temps perdu. En plus, c’est agréable. Je ronchonne encore, toujours pour la bonne cause : contribuer à mieux. Imaginez que la chasse ou l’agriculture intensive soit politiquement forte en tel endroit où fonctionne un Centre, pensez-vous vraiment que les élus permettront que la première ou la seconde y soit mise en cause ? Pourtant, la protection de la nature l’exige absolument. Autre point. La gestion de ces Centres ne roule pas sur l’or. Il y faut de la finance, des subventions. Celui qui finance, parle plus fort, décide. Le pro nature est rarement dans cette position. Il se bat sans peur et sans reproche pour éviter que, sans changer d’enseigne, on ne substitue soudain le tourisme commercial à la nature. Et ces équipements en sanctuaires d’émotion, de sensibilisation qui détruisent : stationnement bitumés, démesurés et mieux, ou plutôt pire, des maisons de marais en plein marais, des sols artificialisés. Repassons au forestier qui fait visiter, avec passion et technicité, tel bois. La « problématique », comme on dit en chic, est celle-ci. Rentabiliser : de ce côté, la forêt n’est qu’une usine à bois. De l’autre, s’évertuer à montrer que la nature est chouchoutée. Entre ces objectifs à afficher, souvent contradictoires, l’animateur fait de l’équilibre sur un fil.

Dans un passé pas si vieux, des associations de nature ont voulu pallier l’absence de nature dans l’Education nationale. Elles ont poussé à la création de certains des centres ci-dessus. (CPIE) Ceux-ci existent, un relais a donc été pris. Mais combien il reste à faire, et aussi à défaire. Nous avons appréhendé le poids des contextes locaux. Revenons-y. Insistons sur l’essentiel : la pédagogie, l’enseignement. Notre analyse est celle-ci. D’accord, l’accent est bien mis sur les faits, les descriptions : le corbeau freux a un bec blanc, point. A la rigueur, concéder que l’alouette régresse. A partir de là, motus et bouche cousue sur les raisons de la régression quand des pratiques humaines sont en cause. Chacun conclura ce qu’il veut mais en son for intérieur. Aller plus loin, exprimer une opinion correctement nourrie d’évidences serait de la militance, de l’engagement. La militance ne saurait s’enseigner – sauf au service de l’économie de marché. Voilà du beau jésuitisme, au sens péjoratif, car il en est de positifs. Comment oublier qu’un fait passe de l’état de fait à l’état d’opinion selon les rapports de force ? Une authentique éducation à la nature présentera l’eau, ses cycles, ses êtres vivants mais aussi la pollution qui tue, les activités qui en sont responsables. Elle présentera TOUS les faits sinon elle ne sera pas. Collectivités publiques, structures officielles ne peuvent se le permettre, ce serait scier la branche socio-économique sur laquelle elles sont assises. Irriter les forces qui les dominent.
L’éducation à la nature est toujours un projet.

Chez soi, pantoufles aux pieds, un verre en main, quels outils pour apprendre la nature ? Livres, films ? Assurément ! Les « produits » discutés au sous chapitre « émotion » sont souvent émotion plus connaissance. Peut-on accroître la dose en connaissances ? Le motivé court à l’info qui endort l’indifférent. Existe-t-il une clientèle intermédiaire, une demande sans offre ? Qui sait ? Vous qui gérez l’édition et la mise en scène, proposez des mangas sur les écosystèmes, des BD sur l’Evolution, des polars sur des végétaux. Des revues ont cet état d’esprit depuis un bail. « La Hulotte » par ses seuls abonnements, sans rien, sans trucs ni réclames, a une foule d’amants. Un peu, si peu de cynisme. La télé, telle qu’elle est ou n’est pas, reste plus efficace près des jeunes que les établissements scolaires. Un paradoxe maintenant. Parmi les impulsions les plus fortes d’éducation à l’écologie : les conflits nés de dégradations de la nature. Ne me faites pas dire ce que je ne pense pas : les chantiers néfastes n’en deviennent pas pour autant vertueux !

Ca ressemble à de la provocation, ça n’en est pas. Environnement, nature, les autorités sont ignorantes, incompétentes. Elles le sont davantage que la moyenne de la population française. Pour les élus de tous niveaux, oui de tous niveaux, le phénomène est net (40). Des discours ont leur part de vert : du vent, réponse hâtive à une opinion dont ils apprécient mal le poids électoral. Tout se passe comme si se hisser à la responsabilité politique exigeait la mise en quarantaine de l’écologie. Le responsable d‘administration exhale d’abord de la compétence qui s’en tient rigoureusement, pas un poil de plus, au technique. Mais sans motivations là où il en faut. Il n’est, ne peut-être dans le contexte où il intervient, que son uniforme, imperméable au sentiment de la nature. Tous, élus et chefs, se pensent gens de qualité ; à ce titre, ils savent tout sans avoir jamais rien appris (41). Quelles formations, sensibilisations, mises à niveau, proposer à cette population spéciale ? Des démarches qui ne soient pas la simple distribution de lampes électriques à des aveugles. Il se trouve sûrement en France où les talents sont multiples, des spécialistes qui ont des réponses.


Allergies à la nature
Plonger les bébés dans les bénitiers n’engendre pas automatiquement de bons chrétiens aimant leur prochain. S’il suffisait de s’immerger en nature pour en ressortir chevalier servant, la crise qui est celle de la place de l’homme dans la nature, disparaîtrait comme par enchantement. Hélas ! Des forces obscures ou exhibées attisent des sentiments ravageurs. Des forces qui nous font « blasphémer la Terre » (42). En voici un pot-pourri.

La majorité d’entre nous est sans hargne ni amour mais indifférente. Il faut disculper le SDF, le chômeur en fin de droits, le malade qui geint ou le conjoint abandonné. Qui leur reprochera d’ignorer l’extinction du Tigre d’Asie ? Le reste que le destin n’importune pas trop « regarde ailleurs ». Même le nez dessus, il se moque de la rivière polluée qui meurt, du marais que l’on comble. Il y a celles et ceux qui ont la capacité de sortir d’eux-mêmes. De s’enflammer pour des intérêts généraux qui appellent à l’aide. Ils ne peuvent le faire pour tous. Chacun sa sensibilité, sa priorité. Le pire serait que l’indifférent rejoigne, par indifférence, les rangs de l’anti nature.

Première charge : la nature est mauvaise
Tremblements de terre, éruptions de volcans, ouragans. Pour un peu, nous lui mettrions sur le dos ce qui est de notre fait : les bouleversements climatiques. Un beau cas d’école : le tremblement de terre de Lisbonne en 1756 (43). Voltaire est outré par la souffrance provoquée. Il est prêt à faire passer Dieu ou la nature devant un Tribunal international. Ô malheureux mortels ! Ô terre déplorable ! Quel médiocre penseur que ce philosophe allemand qui lui donne des ulcères ; selon ce dernier, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Que signifie ce mal dans un monde créé par un Dieu infiniment bon ? Rousseau objecte. Ce n’est pas la nature qui a entassé à Lisbonne vingt mille maisons de six à sept étages. Si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également et plus légèrement logés, le dégât eut été moindre, peut-être nul. Haïti ou tsunamis du Sud Est asiatique, dévoreurs de touristes occidentaux, Voltaire et Rousseau s’affrontent toujours.
La nature ne serait pas seulement mauvaise dans le grandiose. Virus et bactéries, plantes vénéneuses et animaux venimeux, parasites de cultures et d’aliments, pourrissent la vie ordinaire. Pour le promeneur du dimanche, la nature n’est que moustiques et tiques, aspics et taons. Mauvaise pour le corps, elle le serait aussi pour l’âme. Que de l’immoralité : sexualité sans retenue, férocité. Des tas d’espèces se roulent dans la fange de la dépravation la plus complète (44). Ca se bougonne encore pour relativiser ou excuser sa propre inconduite. Au 19e siècle, on a créé un Darwin de sang et de carnage avec un décor de luttes pour la vie d’animaux en évolution. Les bêtes étaient bestiales ainsi, qu’alors, les Noirs d’Amérique étaient des brutes. (On pensait) qu’une attitude belliqueuse envers la nature était légitime voire même recommandable, tant que l’agression se faisait au nom de l’humanité…. La terre devait être un jardin d’Eden, jardin vu comme un paysage bien civilisé entouré d’un mur pour le protéger de la jungle darwinienne (45). On lisait Darwin de travers ; ce pli demeure tendance. La nature est brutale pour l’homme. Elle est aussi superbe et merveilleuse. Source de jouissances. Elle est surtout vitale, primordiale. Si mal et bien, il y a en cette histoire, les rôles s’interchangent. La méchanceté de la nature est un alibi.

Risquons-nous à du psy, psychologie ou psychanalyse. Ne tranchons pas trop net là où des maîtres s’étripent.

Désir de détruire
Freud, à un moment de sa vie, retient comme pulsions fondamentales, éros et thanatos, vie, amour et mort. Elles s’affrontent et se complètent. Thanatos veut ramener le vivant à l’inerte. Il dresse l’homme contre l’homme, l’homme contre les formes de vie. Il pousse à accroître l’effet de serre, à tuer l’animal. Freud se serait inspiré d’Empédocle. Ce penseur d’avant Socrate est l’auteur d’un scénario type « Star wars », à face sombre et face claire. Haine et amour font et défont constamment l’univers, s’éliminant farouchement et alternativement l’un l’autre. Sommes-nous à l’ère de la Haine de la nature ? Pénétrations motorisées dans les biotopes fragiles et chasse loisir en seraient des symptômes. Hâtons l’ère de l’Amour ! Hâtons, comme l’aurait espéré Freud, l’avènement d’un homme au surmoi enfin civilisé !
Ci-dessus : jouissance à dévaster. De la jouissance aussi à beaucoup consommer. Dommage : beaucoup consommer dévaste. Dommage que ce soit le geste ostentatoire par lequel on placarde son niveau de vie, son pouvoir, son être qui n’est qu’avoir. Les riches et les puissants sont les premiers ravageurs qu’aucune loi somptuaire ne sait contenir, et les autres veulent en être.
La violence est en nous et s’en prend à tout dont la nature. Elle s’exerce par haine, peur, jouissance, comme ça. La nature dérobe ses attraits aux yeux de l’homme car elle sait que la violence de celui-ci veut la défigurer, pense Julie (46). « La nature aime à se cacher ». La formule est d’Héraclite d’Ephèse dit l’Obscur, penseur d’avant Socrate, connu par ailleurs pour son « On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve ». Pierre Hadot, philosophe de notre temps, enquête sur Héraclite et son « secret de la nature ». Il repère deux attitudes fondamentales en l’homme :
- l’une volontariste. Les secrets sont dérobés par ruse et aussi par force. Tout à fait légitime, réplique celui qui agit ainsi : Dieu nous a concédé le droit de dominer la nature.
- l’autre contemplative, plus respectueuse, craint la découverte de secrets dangereux pour l’homme.
Les conséquences d’interventions peuvent être graves, imprévisibles. Hadot tire ce bilan : Pour connaître la nature, deux démarches pour une attitude désintéressée. A côté de la vérité scientifique, il faut aussi admettre une vérité esthétique qui procure une authentique connaissance de la nature [..] Et si opposées soient-elles, elles ne s’excluent d’ailleurs pas mutuellement d’une manière totale (47). Il met en exergue en début d’ouvrage cette phrase de Nietzsche (« Le gai savoir »). On devrait mieux respecter la pudeur avec laquelle la Nature se cache derrière des énigmes et des incertitudes chatoyantes. Nous violons la nature sans lui faire de beaux bambins mais des monstres.
Dans les basses et stériles natures, c’est à détruire que l’on se sent Dieu, écrit Michelet (48).

Peur de la nature
L’homme occidental aurait peur de la nature, bien plus que le non occidental. Peur de l’animal hors nous et en nous, de l’organique, de ce qui échappe au contrôle, du spontané, des petites bêtes qui grouillent et sont fatalement dangereuses, peur de la vase, de la boue, de la mare, du visqueux. (49) Peur du loup, peur de la peur. Peur a priori : J’étais dans une famille un soir d’été, le gamin dans la pièce à côté a appelé : « Maman, il y a une bête ». Sans en demander davantage, la mère a crié : « Tue la ! » (50) Peur de notre inconscient. Alors, nous ripostons. Nous asséchons les brumes maléfiques des marais. Nous encadrons car hors cadre il n’est que chaos. Nous nous protégeons du sauvage qui n’est que sauvagerie en le désensauvageant. Nous ne protégeons qu’en trafiquant la nature. Pour quelques auteurs, la peur est LA cause de destruction. (51) Merci que d’attirer l’attention sur ce blocage réel et puissant. Nous préférons retenir une pluralité de causes et non une seule. Plus : réhabilitons la peur, certains aspects de la peur. Dans le monde animal, elle sert la vie ; elle est outil de survie et de progrès. Dès que les animaux n’ont plus besoin d’avoir peur les uns des autres, ils tombent dans l’hébétude et prennent cet air accablé qu’on leur voit dans les jardins zoologiques (52). Nous sommes des animaux. Chez l’homme, elle est parfois absurde, exagérée. Elle est souvent compréhensible : citadin isolé, la nuit, en pleine forêt. Elle ne conduit pas nécessairement l’apeuré à faucher toutes ronces ou gazer tout insecte qui sautille. Des peurs particulières (araignées, serpents) se guérissent. Craignons plutôt le jouissif anti nature et sans crainte. Avoir peur, se sentir vulnérable rend modeste, aide à s’immerger. Dans une certaine perspective, la peur est même nécessaire. Hans Jonas expose les conséquences terribles pour les générations futures de la puissance technologique actuelle. Pouvoirs et sociétés sont impuissants à détourner le malheur. Jonas en appelle au sentiment, lui seul est efficace. Quel sentiment ? La peur qui pousse à réagir (53).

Prométhée comme modèle
Prométhée, titan, puni par Zeus parce qu’ayant dérobé le feu aux dieux pour le donner aux hommes. Quelques uns de ces mortels veulent toujours suivre les traces du dieu. Ils engagent à cet effet des travaux titanesques. Pour le bonheur de l’humanité, ils ont cette volonté farouche de faire rendre à cette terre tout ce qu’elle recèle de richesses. (54) Ils garderont toute leur vie, un sentiment d’honneur d’avoir participé à tel chantier gigantesque, une fierté de pouvoir dire : j’y étais. Dans le passé y compris le proche, ils ont souvent amélioré des conditions matérielles de vie sans que l’on sache trop, alors, ce qu’il en coûtait au futur. Aujourd’hui, la biosphère est devenue trop fragile. Il nous faut tenir en laisse, sinon en cage, les aspirants prométhées. Des artistes, plus légèrement certes, mais quand même, dans un esprit semblable, entendent mettre la terre sous leur joug. Ils peignent des montagnes dans le Tibesti, ils déversent des tonnes et des tonnes de pierres dans le Nevada pour l’animer. C’est du « Land Art» (55). Comme respect de la nature, il y a mieux.

Quittons le psy pour d’autres allergies.

Une société Attila
Notre système économique est celui de la logique marchande impitoyable, du développement sans frein, de priorités accordées à la compétitivité. A titre individuel, pas de choix. Nous ne pouvons nous dresser seul contre ce système. Celui-ci procure l’emploi, la ressource qui nourrit. Les marginaux eux-mêmes en vivent. Pour exister, chacun doit, logiquement, inéluctablement, sacrifier la nature. Elle est le carburant. Qui aime la nature devient schizophrène. D’un côté, l’aimer, de l’autre, la piller. Un mouvement pense avoir le remède : « l’écologie sociale ». L’expression a été mise à beaucoup de sauces. L’orientation que semblent priser des écologistes français est celle de Murray Bookchin, mort en 2006. Son « écologie sociale » est née aux USA dans la 2e moitié du siècle dernier. Il est vu aussi comme le père d’une « nouvelle gauche » en son pays et un anar. Sa position :…il y a un lien historique entre la façon dont les gens se traitent en tant qu’individus sociaux et la façon dont ils traitent le reste de la nature [..] nos problèmes écologiques sont foncièrement des problèmes sociaux nécessitant un changement social fondamental (56). Il ajoute - apprécions ! - Je ne crois pas que les êtres humains soient les rois de la nature et que les animaux et les autres formes de vie soient leurs subordonnés. Son œuvre et sa vie sont respectables. Le problème n’est pas le principe mais le calendrier. La protection de la nature est urgente, l’ « avant qu’il ne soit trop tard » proche. Changer la société, supprimer l’exploitation de l’homme par l’homme (de la femme par l’homme) n’est pas pour demain ; notre désir individuel de ne considérer tout autre que soi que comme une carpette, est fort, universel. Alors, combattre sur les deux tableaux. Mettre le social en exclusivité, en différant la nature, est ne rien faire pour la nature. Finalement, rien non plus pour le social.

La technique
Facteur aggravant : la technique, la technologie. Comment s’en passer ? Depuis peu de siècles, un virage a été pris. Techniques et technologies menacent l’homme, nous conditionnent anti nature. Petite situation banale : l’entretien de rivières. Pour qui a le souci écologique, ce travail s’exécute à la dentelle tant le milieu naturel est fragile. Exit la dentelle. Nous ne connaissons plus que pelleteuses et engins qui déstructurent. Jacques Ellul a analysé l’horreur du « système technicien » (57). Pour lui, ce dernier est totalitaire. Il se substitue à la nature. Nous en redemandons. Tout, absolument tout est devenu technique. Qu’un problème technique se pose et nous cherchons une solution technique. Celle-ci, vite, devient problème. Ce système se fiche du bien et du mal, seul existe son auto-accroissement. Qu’est ce qui nous empêche de défaire ce que nous avons créé ? Le fait que l’homme n’est plus qu’un rouage de la machine. Tout voir, penser, juger en possédé de la technologie n’est pas charitable pour le vivant, humain ou non. Ted Kaczynski, alias « Unabomber » a mis Ellul en copier coller dans son « Manifeste » (58). Le personnage rebute : c’est un assassin, condamné à la prison à la perpétuité. Mais ce « Manifeste », par sa mise en forme en paragraphes courts, rend Ellul extrêmement percutant. Celui-ci désespère de l’avenir, Unabomber espère : le conditionnement de l’homme a des limites, un jour la révolution viendra. Pourvu qu’elle soit douce !

La propriété
N’y touchez pas : elle est sacrée. Les libéraux disent que la nature sera sauvée par la propriété : le propriétaire soigne mieux sa maison que le locataire. Je l’ai entendu : pour protéger les baleines, les vendre individuellement après les avoir baptisées. Ainsi, Jeanne la baleine sera heureuse avec Jean l’humain qui la possède. Celui-ci veillera sur elle par satellites interposés. Et bien non ! C’est la propriété qui tue. Déjà Rousseau, au nom de l’homme regrettait que nul n’ait jeté dans un trou, le premier qui voulut enclore de l’espace, disant « c’est à moi ». (59) Le Chef indien Seattle s’est étonné de ce que l’homme blanc achetât ce qui ne s’achète pas. (60) L’un des pères de l’écologie, Aldo Léopold, au terme d’une vie d’actions, de réflexions, déplorait l’attitude des propriétaires d’espaces. Si le propriétaire privé avait le moindre sens écologique, il serait fier d’être le gardien d’une part raisonnable de ces territoires qui ajoutent beauté et diversité à sa ferme et à sa commune. (61) Tout s’approprie de façon tangible ou commerciale (actions en bourse). La propriété est dure, les prescriptions censées en limiter les abus molles. (62) Face à la nature, la propriété est comme un instrument féroce de consommations, de dégradations. Elle l’est comme par essence. On hait la nature dès qu’elle détraque les bénéfices. Glissez vous dans une réunion communale dont le sujet est la protection d’un milieu écologique. Particuliers et collectivités crient à qui mieux mieux pour s’y opposer. Ils s’égosillent pour des intérêts immédiats, c’est peut-être humain. Ils hurlent aussi pour des droits à polluer dans l’avenir : accueillir des cultures intensives ou des usines chimiques. Des droits de propriété sont moralement coupables. Des droits d’exploitation aussi. Les réduire est d’intérêt public.

Ce sous chapitre sent le maso. Il le faut pour cerner le mal, l’obstacle, les affronter ou les contourner. Ceux qui n’aiment pas la nature ont tort. (63)

Bouclons ce chapitre en réitérant deux positions :
- ne pas contrarier mais favoriser l’émotion pour ressentir la nature
- l’éducation / sensibilisation à la nature, au sein ou hors de l’Education nationale, n’est toujours qu’un projet...


A suivre : 2 – Faire savoir que nature meure. (bientôt disponible sur ce site)


NOTES
1 - R. Hainard « Le miracle d’être » Sang de la Terre, 1997, p 123.

2 - Thoreau. « Walden ou la vie dans les bois » Gallimard 1992, page 90.
Je gagnai les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n’affronter que les actes essentiels de la vie et voir si je ne pourrais apprendre ce qu’elle avait à enseigner, non pas quand je viendrais à mourir, découvrir que je n’avais pas vécu.
Autres citations, pour le plaisir :
J’eus une fois un pinson perché sur l’épaule durant un moment tandis que je bêchais dans un jardin de village et tirai de l’affaire plus d’honneur que de n’importe quelle épaulette. (Id, p 275)
De « Balades d’hiver, couleurs d’automne » Ed. Mille et une nuits, 2007 :
Lorsque je veux me recréer je cherche le bois le plus sombre, le marais le plus touffu, le plus interminable et aux yeux du citadin, le plus affreux. Je pénètre dans un marais comme en un lieu sacré…
De son Journal « Journal 1837-1861 » Ed. Pierre Terrail 2005 :
- J’aime la nature en partie parce qu’elle n’est pas l’homme mais une retraite pour lui échapper.
- Si le bourdonnement du moucheron n’est pas la musique des sphères, si la musique des sphères n’est pas le bourdonnement du moucheron, ni l’un ni l’autre n’existent pour moi.

3 - « Entretiens » Confucius. Gallimard - 1987, Ch. VI, §20

4 – J.J. Rousseau « La Nouvelle Héloïse » Le livre de Poche p. 587.

5 - Th. Monod « L’hippopotame et le philosophe ». Ed. Babel - Actes Sud. 1993 (dans préface).

6 – CAMUS. « Les noces » suivis de « L’été ». Gallimard (Folio) p 26
Même § : Et jamais je n’ai senti si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde.

7 – R. HAINARD. « L’animal libre et sauvage » : titre d’un article paru dans la revue « Courrier de la Nature » (1986).
Son souci. Mon idéal serait lorsque je vois l’animal, d’oublier ce que je sais sur lui pour le voir chaque fois d’un œil neuf.
Autres citations :
- La réalité est un miracle essentiellement. [..] C’est le mystère même ce miracle d’être [..] Voici la fleur, éblouissante réussite de la vie. Elle nous étonne, nous réconforte parce qu’elle crie le miracle dans sa fraîcheur vivante. (« Le miracle d’être » Sang de la Terre, 1986, p. 106)
- L’apparition d’une bête, c’est un instant de tension extrême, concentrée, lucide, parfaitement calme pour ne rien perdre de la fuyante richesse de quelques secondes (Id p. 64)
Intercalons des sensations d’ailleurs. Joseph KESSEL « Le lion » Gallimard 1958.
Je me sentais appelé par les bêtes vers un bonheur qui précédait le temps de l’homme (p. 15) Les réflexes de la prudence, de la conservation étaient suspendus au bénéfice d’un instinct aussi obscur que puissant et qui me poussait vers l’autre univers (p 16). Ainsi s’ouvrait à une connaissance, tel un sous-bois subitement infiltré de soleil, la profonde et limpide épaisseur de la vie animale. (p 32)
8 – Jean Rostand. « Carnet d’un biologiste » paru en 1971 en poche. Voir « citations » de Rostand sur Internet.
Beauté innocente de la vie. Plaisir à considérer ces chefs-d’oeuvre anonymes qui ne s’adressent à personne, ne prétendent à rien, n’attendent aucune louange.

9 – Angelus Silesius. Philosophe, médecin, prêtre allemand au 17e siècle. « Le Pèlerin chérubinique » Citation récupérée du Hors Série de la revue « Le Point » : « Les grands mystiques » 2012, p. 69.
Hommes, apprenez donc des fleurettes des prés comment vous pouvez plaire à Dieu et rester beau.
Texte suivi de :
La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit, elle ne se soucie pas d’elle-même, ne se demande pas si on la voit.

10 – Claude Lévi-Strauss. « Anthropologie structurale 2 » Plon 1973, p. 106 (Reprise d’un exposé sur Rousseau, en 1962).
Loin de s’offrir à l’homme comme un refuge nostalgique, l’identification à toutes les formes de vie, en commençant par les plus humbles, propose donc à l’humanité d’aujourd’hui par la voix de Rousseau, le principe de toute sagesse et de toute action collectives ;

11 – Hans JONAS « Le phénomène de la vie. Vers une biologie philosophique » Ed. De Boeck Université 2001, p. 33. Cf. appendice 2 : note sur l’anthropomorphisme, p 45 et suiv.
Il se pourrait bien que l’anathème jeté sur toute espèce d’anthropomorphisme ou même de zoomorphisme par rapport à la nature [..] s’avère être, dans cette forme extrême un préjugé.

12 - André Gide. « Les nourritures terrestres » Gallimard – Folio - p 101.
Etre me devenait énormément voluptueux. J’eusse voulu goûter toutes les formes de vie ; celles des poissons et des plantes.

13 – S. Tesson « Dans les forêts de Sibérie » Gallimard 2011 - p. 200
Cet auteur exprime des opinions fort intéressantes, je veux dire proches des miennes. Celle-ci notamment.
Mon amour de la nature n’est pas celui de l’environnement, comme les écologistes : la défense d’un décor nécessaire à notre prospérité. Non, j’aime la nature pour ce qu’elle est, le moucheron pour sa valeur intrinsèque. (Interview. « L’Express », 16 Juin 2012.

14 – Dans Victor Hugo « Les Contemplations ». Livre III « les luttes et les rêves »
Ne refermez pas l’ouvrage. Goûtez encore ces rimes :
Oui je suis le rêveur ; je suis le camarade
Des petites fleurs d’or du mur qui se dégrade.
(L’Aurore, XXVII)
Moi je préfère, ô fontaines,
Moi je préfère, ô ruisseaux,
Au Dieu des grands capitaines
Le Dieu des petits oiseaux !
(L’Ame en fleur » XVIII)

15 – Extrait de « La Grèce antique. Les plus beaux textes d’Homère à Origène » sous direction de J. de Romilly, etc. Ed. Bayard. 2003, page 162.

16 – Philippe Soupault. Poète qui a flirté avec le surréalisme. Je ne sais d’où provient cet extrait de poème. Je l’ai lu dans un numéro d’une revue de pêche : « T.O.S. », Novembre 1997.

17 – Ph. Descola. « Par delà nature et culture » Gallimard 2005 p. 183
Citation plus complète.
C’est l’imputation par les humains à des non humains d’une intériorité identique à la leur. Cette disposition humanise les plantes et surtout les animaux puisque l’âme dont ils sont dotés leur permet [..] d’établir avec ces derniers et entre eux des relations de communication.

18 – J. Monod. « Le hasard et la nécessité » Seuil Points 1970, p. 49

19 – R. W. Emerson. « Nature » Allia, 2009, page 19.

20 – H.F. Amiel. La maxime serait dans son « Journal intime »

21 – BUFFON. « Oeuvres » Gallimard La Pléiade, 2007, p. 991.

22 - Victor HUGO. « Les contemplations », poème « Les luttes et les rêves » XXVIII
J’aime l’araignée et j’aime l’ortie
Parce qu’on les hait
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait.
…………………………………….
Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La mauvaise bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !


23 – Aristote. « Parties des animaux » GF Flammarion, 1995, p. 58
A vrai dire, certains de ces êtres ne sont pas agréables à notre perception,mais en ce qui concerne la connaissance théorique, la nature qui les a construit réserve à ceux qui peuvent en saisir les causes, aux philosophes de race, des jouissances inexprimables.

Pour Konrad Lorenz, puissant observateur : Le don de l’observation est pratiquement identique à celui de la perception et donc inséparable d’une sensibilité intense à la beauté de l’être vivant. (« L’année de l’oie cendrée », Ed. Stock 1991, page 14). Lorenz : un des pères de l’éthologie, science du comportement animal et humain. Prix Nobel 1973 de physiologie. Des ouvrages passionnants, grand public. La mise en évidence du phénomène de « l’empreinte » qui lui a procuré de la notoriété. L’empreinte : un oison nouveau-né adopte comme « mère » le premier des êtres vivants proches si ce n’est le premier objet artificiel proche.

24 – Marc-Aurèle. « Pensées pour moi-même » (Traduction P. Hadot). Livre 3, 2
… et l’écume qui file au groin du sanglier : ces choses et beaucoup d’autres encore, si on les considérait seulement en elles-mêmes, seraient loin d’être belles à voir. Pourtant, parce que ces aspects secondaires accompagnent des processus naturels, ils ajoutent un nouvel ornement à la beauté de ces processus et ils nous réjouissent le cœur.

25 – E. Abbey : « Désert solitaire ». Petite bibliothèque Payot. 1995, p. 362
Vanité, vanité, rien que de la vanité : l’envie de nommer les choses est presque aussi mauvaise que l’envie de les posséder.

26 – Métaphore extraite d’un upanishad. Cf. H.S. « Le Point » 2012 : « Sagesses de l’Inde », page 19.

27 – Deux références :
- Si tu veux comprendre la nature, observe toi. Si tu veux te comprendre, observe la nature. Slogan du « Groupe pédagogique Silviva Zurich ». Cité dans Temolle, « Emile ou la pédagogie de la nature au 21e siècle » (www.bulgc18.com)
- Il ne suffit pas de montrer aux élèves à l’école que nous sommes reliés à tout le reste : il faut apprendre à le ressentir. Snyder : « La pratique sauvage » Ed. du Rocher, 1999, page 91.

28 – Une préférence : le festival de photo animalière et de nature de Montier-en-Der, en Champagne-Ardenne. Chaque année en Novembre. A proximité, sur le lac du Der, les évolutions grandioses de milliers de grues cendrées.

29 – Revue « Nat-Images » Eté 2011.

30 – Le cas HULOT. D’un côté. Les films de Nicolas Hulot même s’ils exaltent des contrées d’ailleurs, ont beaucoup contribué à sensibiliser un vaste public. Ou pour le dire autrement, d’un plus large public que n’importe quelle autre initiative à même objectif. Et ce qui n’enlève rien à l’affaire, la motivation de Hulot semble indiscutable.
D’un autre côté. La Fondation qui le finance est constituée pour une part notable d’entreprises puissantes et mécréantes au point de vue écologique. Le risque : à coucher avec des chiens, ne risque t-on pas de se lever avec des puces ?

31 – G. Gusdorf. « Le romantisme – II- L’homme et la nature ». Ed. Payot, 1993, page 418.
« Tout le monde est d’accord pour admettre que la contemplation de la nature nous incite à la pensée, et que sa plénitude nous oblige à mettre en œuvre toutes sortes de méthodes pour parvenir à la maîtriser dans une certaine mesure seulement. »
Gusdorf commente ainsi (même page) :
La vision de la nature nous impose non seulement des idées de fait mais des intuitions de valeur.

32 - Fabre. « Souvenirs entomologiques » Laffont, coll. Bouquins. 2 t. 1989
Une réaction de Fabre extraite des « Souvenirs » :
Vous éventrez la bête et moi je l’étudie vivante ; vous en faites un objet d’horreur et de pitié et moi je la fais aimer ; vous travaillez dans un atelier de torture et de dépècement, je l’observe sous le ciel bleu au chant des cigales […] vous scrutez la mort, je scrute la vie.
Jean-Henri Fabre : « Homère des insectes » pour Victor Hugo, « Virgile des insectes » pour Edmond Rostand.

33 – Bergson « L’évolution créatrice » PUF Quadrige 2009.
Bergson se convainc d’abord de l’analogie des structures de l’œil d’un mollusque (le « peigne », proche parent de la coquille saint Jacques) d’avec ceux d’un vertébré (homme ou poisson). Il fait l’hypothèse que l’évolution des espèces se fait par hasard, par accident, par variations successives.
Mais alors : Comment supposer en effet que les mêmes petites variations en nombre incalculable, se soient produites dans le même ordre sur deux lignes d’évolutions indépendantes si elles étaient purement accidentelles. (Page 65).
Il suppose maintenant que les variations sont brusques.
Mais alors : Comment surtout supposer que par une série de simples « accidents », ces variations brusques se soient produites les mêmes, dans le même ordre impliquant chaque fois un ordre parfait d’éléments de plus en plus nombreux et complexes, le long de deux lignes d’évolution indépendantes. (pages 66/67). Pour que ça marche, en effet, il faut que tout colle dans l’évolution : la vision mais aussi muscles, squelette, système nerveux, le sang. Alors quoi ? « L’élan vital. »

34 – Jean Rostand, « Le droit d’être naturaliste ». Stock 1963.
Il faudra qu’on finisse par comprendre qu’un minimum de savoir naturaliste n’est pas un luxe culturel, un ornement facultatif de l’esprit mais une pièce maîtresse de l’entendement.

35 – Déclaration du Chef Seattle. Quelques citations :
Nous le savons : la terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. Nous le savons : toutes choses sont liées comme par le sang qui unit une même famille. Toutes choses sont liées.
Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre. L’homme n’a pas tissé la toile de la vie. Il n’est qu’un fil de tissu. Tout ce qu’il fait à la toile, il le fait à lui-même.

……………………………
Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait de grande solitude d’esprit. Car tout ce qui arrive aux bêtes ne tarde pas à arriver à l’homme.
…………………………
Lorsque les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux-mêmes.

36 – Article « Le respect du vivant » 2008 par V. Philippot sur www.grainecentre.org
Les éducateurs à la nature ont une mission fantastique : faire en sorte que l’Homme sache s’étonner et s’émerveiller devant la grâce arachnéenne, et faire des carnassières à huit pattes les nobles dames d’une nature ensauvagée.
Exemple de l’araignée. Classes CP/CE1.

37 – Louis ESPINASSOUS. « Pour une éducation buissonnière » Ed Hesse 2010.

38 – Des fiches d’infos sur chacune de ces manifs sur un site de l’Education nationale au Canada : www.ec.gc.co/education/

39 – D. Cottereau : « L’imaginaire anthropologique et l’initiation à l’environnement » 2005, Revue « Chemins de Traverses », disponible sur Internet.
« L’imaginaire, cet ensemble d’images mentales organisées en notre esprit en un système d’interprétation, établit des liens et du sens entre le moi et le non moi, entre une société et l’univers. Le mythe, la religion, la philosophie, la science, l’art qui se développent au sein d’une culture sont les moyens de traduction d’un réel qui toujours, lui, échappe. (page 1) « Parce que l’imaginaire est proprement éco-logique, une pédagogie qui aide à sa formation, à son expression et à sa valorisation possède toute sa place en éducation à l’environnement. Travailler le lien au monde, développer un regard sensible et impliqué, se sentir appartenir aux matières, aux formes et aux mouvements qui peuplent l’univers [..] tels pourraient être quelques-uns des objectifs d’une pédagogie de l’imaginaire. » (page 5)

40 – Rien de plus confortable que de faire dire par d’autres que soi des vérités désagréables. Vadrot « L’horreur écologique » Delachaux - Niestlé, 2007.
Comment les élus de tout poil et de tous bords se moquent de l’environnement et de la protection de la nature ; où l’on voit qu’ils disent à peu près n’importe quoi à n’importe qui sur ces questions, soit par démagogie, soit par ignorance – le lecteur étant invité à choisir lui-même l’hypothèse la plus grave. (p 22) Un élu doute de tout sauf de son pouvoir et de sa légitimité. Surtout face à des protecteurs de la nature et à des écologistes qui ne prennent pas en compte les méandres des démagogies municipales triomphantes. (p 23)

41 - Molière « Les précieuses ridicules » Scène 9.

42 – Nietzsche. « Ainsi parlait Zarathoustra ». Prologue, 3.
Blasphémer la terre et attacher plus de prix aux entrailles de l’impénétrable qu’au sens de la terre, voilà ce qui maintenant est ce qu’il y a de plus effroyable.
Pour une fois, soyons honnêtes. Ce qui plait ici est la seule expression « Blasphémer la terre » et non tout ce que Nietzsche y met.

43 – Voltaire : poème « Désastre de Lisbonne ».
Rousseau : « Lettre sur la Providence » (1754). 50.000 morts à Lisbonne. 10.000 morts au Maroc. Secousses ressenties en Finlande. Kant fut fasciné par l’évènement.

44 – D. Worster, « Les pionniers de l’écologie » Sang de la Terre, 2009, p. 295.

45 – Idem p. 211

46 – J.J. Rousseau « La nouvelle Héloïse ». Livre de poche. 2002, p. 542

47 – P. Hadot : « Le voile d’Isis. Essai sur l’histoire de l’idée de nature ». Gallimard - Folio Essais - 2004. p. 405/406.

48 – Michelet. « Histoire de la Révolution française », La Pléiade. Impression 1976. Tome 2, page 845.

49 – Extrait d’un article de Alain Hervé paru dans « Le Magazine littéraire » Avril 1985.
La vie est invivable pour l’homme. Trop humide, trop désordonnée, trop végétale, trop animale, trop odorante, trop complexe. Horreur, elle le tient au collet avec ses doigts gluants de sève ou d’on ne sait quoi. Il ne peut vivre sans cœur, sans muscles, sans intestin, sans cerveau, sans poumons. Elle l’oblige sans cesse à respirer, à manger, à copuler, à se reproduire, à déféquer. Il la hait.

50 – Bernard Clavel. Article dans « Science et Nature » Juillet 1986.

51 – F. Terrasson : « La peur de la nature » Sang de la Terre. 1999 (réédité récemment).

52 – Cioran. Citation prélevée dans texte 98 de « Philosophie et Spiritualité » (sur Internet) : « L’existence et la peur ».

53 – H. JONAS « Le Principe Responsabilité » Ed. du Cerf 1992. « L’heuristique de la peur », p 49 et suivantes.

54 – Bernard Clavel. « Maudits sauvages » Editions Albin Michel 1989, page 216.
Dans ce roman, l’auteur raconte les impacts humains de la réalisation de très grands barrages hydoélectiques, quelque part dans des territoires glacés du Québec. Il montre la fin d’une ère de relations harmonieuses avec la nature, le fleuve, les vastes espaces de chasse – une chasse soucieuse des existences animales, la vie rythmée par les migrations d’oiseaux et de caribous. Et aussi, le désir d’indiens de bénéficier, en compensation de leur cessions de droits, de davantage de confort ; l’oisiveté et l’assistanat qui en résultent pour certains d’entre eux. Et enfin, l’énergie folle et indomptable, malgré des climats sans pitié, de vies de chantier pénibles, des intervenant aménageurs, de l’ingénieur au manœuvre.

55 – « Land Art ».
En France, l’on raffole de l’anglais, l’expression est collée à des activités très traditionnelles qui n’ont pas attendu d’être américanisées pour exister et qui sont,elles, respectueuses de la nature. Usage de feuilles mortes, d’eau, de glace, œuvre en général éphémères. Certaines cependant durent et rejoignent des musées locaux. D’autres sont photographiées et les épreuves exposées au public. Lors de sorties scolaires, les enfants sont incités modeler de la terre, disposer joliment de l’herbe.

56 – « Quelle écologie radicale. Ecologie sociale et écologie profonde » Débat. Atelier de création libertaire. 1994, p 42.

57 - J. Ellul « Le système technicien » Ed. Le Cherche Midi - 2004.

58 – Manifeste d’Unabomber. Titre : « La société industrielle et son avenir par FC »
Sur : http://lanredec.free.fr/polis/
Edité aussi par Ed. du Rocher 1996 et Ed. L’Encyclopédie des Nuisances. 1998

59 – J.J ROUSSEAU. « Discours sur l’origine et le fondement de l’inégalité parmi les hommes » Partie 2.
Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : " Ceci est à moi ", et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreur n’eût point épargnés au genre humain celui qui arrachant les pieux ou comblant le fossé eût crié à ses semblables : " Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne. "

60 – Déclaration du Chef Seattle 1854.
Le gouvernement américain veut acheter les terres des Indiens.
Cependant, nous allons considérer votre offre car nous savons que si nous ne vendons pas, l’homme blanc va venir avec ses fusils et va prendre notre terre.
Mais peut-on acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre. Etrange idée pour nous !
Si nous ne sommes pas propriétaire de la fraîcheur de l’air, ni du miroitement de l‘eau, comment pouvez-vous nous l’acheter ?


61 - Aldo Léopold « Almanach d’un comté des sables » Aubier 1995, p. 268
Et aussi :
Il existe en Amérique (Ndr : en France c’est pire) une nette tendance à déléguer aux soins de l’Etat tous les travaux nécessaires que les propriétaires privés négligent d’accomplir. (p.269)

62 – François OST : « La nature hors la loi » La Découverte 2003, p. 48 et mieux tout le chapitre 2
C’est donc sur l’ensemble de la nature que s’abat le filet de l’appropriation : aux choses corporelles et concrètes,on appliquera la propriété privée ; aux éléments abstraits comme une nouvelle variété végétale, on adaptera les mécanismes de la propriété intellectuelles ; quand aux choses non maîtrisables et non appropriables en bloc, comme l’air et l’eau, par exemple, on en fera l’objet de la souveraineté publique […], tout en tolérant l’appropriation privative de leurs éléments constitutifs.

63 – R. Hainard. « Expansion et culture » Ed. Le courrier du Livre. 1972, page 84. Premièrement, l’amour de la nature n’est pas un goût, il est la manifestation d’une nécessité profonde. Ceux qui ne l’aiment pas ont tort, ils en ont besoin autant que les autres.


Tags : Roger Ribotto, écologie profonde, plaidoyer pour la nature, pesticides, répertoires des pesticideurs, éco-guerriers, philosophie écologique, pro-chasse, anti-chasse.